Lunel : le futur visage du centre-ville après sa "Métamorph'Ose" enfin dévoilé

Visuel : perspective de la future place des Martyrs de la Résistance à Lunel.

Après un long travail de consultation des riverains et des commerçants, de diagnostics, de dialogues et d’études, le projet de “Métamorph’Ose” du cœur ancien de Lunel entrera en phase opérationnelle en novembre 2022, a annoncé le maire Pierre Soujol à ses administrés. Selon lui, “Nombre de politiques ont pensé que la situation de notre centre-ville était irrécupérable. Mais dans ce dossier il faut faire preuve de détermination et non de fatalisme, car nos enfants doivent être fiers de leur ville”.

Si l’on tient compte des réactions lors de leurs prises de parole, les Lunellois ont été dans leur majorité conquis par les actions qui vont être menées jusqu’à la fin du mandat, grâce aux 53 millions d’euros accordés à Lunel par l’Etat au titre du dispositif Action Cœur de Ville. Cette somme injectée en dix ans servira en partie à la Ville à requalifier entièrement le centre-ville et à ouvrir de nouveaux lieux pour le commerce, les rendant attractifs pour les investisseurs.

Pour leur part, les propriétaires seront incités et accompagnés pour procéder au ravalement de leurs façades (100 façades seront refaites d’ici cinq ans) ou mis en demeure de rénover des logements parfois indignes (170 logements seront réhabilités d’ici 2027) “dans des délais serrés, sous peine d’expropriation”, explique Véronique Michel, adjointe déléguée à la Stratégie urbaine, au Climat et à la Transition écologique. 38 millions d’euros seront consacrés à ce volet habitat. “Nous visons une meilleure qualité de l’habitat. Les maisons ultra-divisées du centre-ville engendrent des nuisances. Notre ville n’était pas faite pour absorber toute cette population, tous ces véhicules…” explique l’adjointe.

La refonte du centre-ville a été imaginée par l’agence TER (paysagiste-urbaniste), en collaboration étroite avec Dynamo Conseil et l’assistant maître d’ouvrage François Renard ; l’agence ON, spécialisée dans les éclairages ; La Grande Bobine, institut territorial des transformations publiques ; et Ingérop, agence d’ingénierie des réseaux.

Partant du constat que Lunel a subi au fil des années la désertification progressive de son centre-ville par les commerces au profit de la périphérie et l’envahissement par les voitures, sources de nuisances sonores et de pollution, il est apparu crucial de reprendre en mains le centre-ville, qui s’est appauvri de façon considérable. La piétonnisation du centre-ville est donc un impératif pour “apaiser” les lieux. Déjeuner en terrasse, promener ses enfants en poussette, flâner dans le centre-ville sans entendre les moteurs des véhicules et sans voir des dizaines de voitures en stationnement sera ainsi bien plus agréable. Bien entendu, les véhicules de secours et les résidents disposeront de “bips” pour continuer à accéder au centre.

Par ailleurs, “les équipements publics sont déconnectés les uns des autres à Lunel, au point que l’on peut se demander où est le centre-ville”, détaille François Renard. Il est donc apparu fondamental de créer du lien en reconnectant les lieux les uns aux autres, en ouvrant des perspectives et en travaillant l’éclairage pour attirer le public vers le centre-ville. L’agence ON va valoriser le patrimoine et les lieux fédérateurs en repensant les éclairages de nuit, avec des ambiances colorées, qui pourront éventuellement être amenées à évoluer en fonction des saisons. Un projet de “marelle lumineuse devant les écoles” rendrait plus conviviales les sorties de classes en hiver. Les luminaires agressifs seront supprimés et la pollution visuelle et lumineuse des commerces sera discutée. Pierre Soujol se réjouit de la future instauration d’une “Lunel de nuit”, agréable à vivre été comme hiver.

Autre constat, “Lunel est une ville trop minérale, il faut la végétaliser”, explique l’assistant maître d’ouvrage. L’objectif est entre autres de s’adapter aux nouveaux risques climatiques liés en évitant les îlots de chaleur, de désimperméabiliser les sols pour réduire le risque d’inondation. A part le parc central Jean-Hugo et les Petits Pins à 30 minutes à pied du centre ville, la population a peu accès à la verdure. Un nouveau parc, le parc de la Laune, sera créé au nord-est de Lunel ; il servira de lieu de promenade et d’oxygénation aux Lunellois, et aura également une seconde fonction de rétention d’eau pour éviter les inondations.

Dans le centre-ville, la végétalisation consistera en la plantation d’une strate arborée herbacée, de plantes grimpantes, d’arbustes et d’arbres adaptés au climat méditerranéen.

Par ailleurs, les piétons (familles, personnes à mobilité réduite…) ne peuvent pas circuler de façon sécurisée sur certains axes, dépourvus de trottoirs, comme la rue de la Libération. L’objectif du projet est de sécuriser ces voies publiques, d’enlever les niveaux inaccessibles aux PMR et de poser un même revêtement de sol dans tout le centre ancien, pour harmoniser l’ensemble. Il est aussi prévu d’éviter les points de rupture des voies réservées aux vélos.

Le chantier débutera par la rue de la Libération, à partir du mois de novembre 2022 et jusqu’en juin 2023. Cette rue autrefois très commerçante sera rendue aux piétons pour “apaiser” son atmosphère et sécuriser les cheminements, qui sont actuellement difficiles. Les piétons sont en effet contraints de se coller dans les renfoncements des habitations ou des anciens commerces pour laisser le passage aux voitures. Elle fera aussi l’objet d’une végétalisation. La Ville y encourage l’ouverture de commerces pour mettre fin aux nombreux “rideaux fermés” qui la jalonnent.

La Ville va faire procéder avant la fin de l’année 2022 à la démolition d’un bâtiment en mauvais état, situé à l’angle de la rue de la Libération et de la rue du Puits de la Pointe. Une placette à l’interface de la place des Martyrs de la Résistance fera office de trait d’union avec le centre-ville. Un second accès au centre historique sera ainsi créé.

La requalification de la rue de la Libération fait office de test à bien des égards, notamment au niveau des effets de la piétonnisation mais aussi au sujet de la gestion pérenne des poubelles, adaptée aux évolutions de la réglementation. C’est pourquoi la Ville travaille en collaboration avec la Communauté de communes du Pays de Lunel sur le secteur Libération.

En 2023, la façade de l’église va être rénovée, et des annexes vont être supprimées pour libérer la vue et mettre les Halles en valeur. Pour apaiser cet espace et travailler sur son côté convivial, le stationnement sera autorisé uniquement aux commerçants, et à certains horaires, le temps des livraisons, derrière les Halles. Un travail sur les cellules commerciales proches va être effectué.

De février à novembre 2024, le cours Gabriel-Péri et la place des Martyrs de la Résistance seront entièrement revus. Les sols seront refaits sans discontinuité, les obstacles aux personnes à mobilité réduite seront enlevés, des terrasses harmonisées seront installées pour les commerces, des végétaux bas et des arbres seront plantés, et du mobilier lumineux sera mis en place pour “vivre Lunel autrement”. Les alentours de l’église devraient accueillir un marché de manière régulière.

Pour éviter la circulation de transit et le stationnement sauvage, les voitures seront bannies, excepté pour les résidents et les secours, munis d’un bip. “Le centre-ville sera plus attractif, une fois débarrassé des voitures”, assure Pierre Soujol.

La place des Caladons (ou Jean-Jaurès) est aujourd’hui en grande partie occupée par la statue du capitaine Ménard et sa clôture de protection. Cette statue sera déplacée pour libérer de l’espace et octroyer plus de place aux terrasses et aux promeneurs, qui bénéficieront de l’ombre bienfaisante de micocouliers et d’une sensation de verdure apportée par de nouveaux parterres de plantes et de fleurs. La place sera plus facilement accessible aux personnes à mobilité réduite.

La Ville affiche sa volonté de dynamiser les Caladons. L’installation récente du chocolatier Bello & Angeli vise à animer un peu plus encore l’offre commerçante, qui devrait être encore renforcée à l’avenir.

De mai à décembre 2024, l’avenue Victor Hugo, où est située la mairie, sera végétalisée, des places de stationnement seront supprimées et une piste cyclable sera créée pour assurer la liaison avec la voie verte. L’avenue Victor-Hugo deviendra un trait d’union entre le nouveau parc de la Laune, situé au nord-est et le parc Jean-Hugo. Elle passera à un sens unique de circulation.

L’ancienne Galerie Lunelloise est actuellement à l’étude pour être requalifiée. Des terrasses seront mises en place, ainsi que du mobilier urbain.

L’avenue retrouvera ainsi son prestige passé.

De février à octobre 2025, la rue Sadi-Carnot, qui fut autrefois une rue très commerçante, et qui est aujourd’hui désertée, fera l’objet d’une “intervention massive” pour devenir une voie piétonne accueillante, végétalisée, avec un accès aux voitures uniquement réservé aux ayants-droit. La Ville y est propriétaire de bâtiments. Actuellement, la rue Pascal est très petite. Le projet consiste à “créer une connexion et rouvrir l’ancien temple vers Sadi-Carnot”. “Des études de programmation permettront de déterminer les futures activités qui s’y dérouleront” explique François Renard. Ainsi, un accès mènera au centre-ville depuis le nord, avec un accès PMR sans obstacle.

Interrogé par un habitant sur les besoins accentués de sécurité dans la rue Sadi-Carnot et la rue de la Libération quand “un Lunel de jour et un Lunel de nuit” seront créés, le maire Pierre Soujol estime que “la piétonnisation va réduire une partie des problèmes liés aux passages fréquents”. De plus, il a annoncé que la Ville allait “doubler les caméras de surveillance dans ce mandat et construire un centre de supervision urbaine pour accroître la réactivité des agents”. “Créer un CSU avec des professionnels derrière les écrans renforcera la sécurité ; la sécurité est l’un des objectifs majeurs de ce mandat”, a-t-il ajouté.

“La Ville a les moyens d’entretenir les végétaux qui seront plantés pour les besoins de la Métamorph’Ose du centre-ville”, indique le maire, qui se réjouit toutefois d’une “manne imprévue” en ce domaine. “500 millions d’euros vont être débloqués par l’Etat pour aider les communes qui veulent végétaliser leurs espaces publics. Avec les parlementaires, nous déposerons un projet pour faire financer notre végétalisation”. Une aubaine pour la municipalité, si elle était retenue.

Le maire Pierre Soujol attend beaucoup du projet de déviation de la 113 porté par les parlementaires, qui devrait éviter les flux intenses de transit au cœur de Lunel. Selon lui, une fois cette déviation obtenue, les axes de circulation pourront être réenvisagés.

Par ailleurs, sous cinq ans, l’hôpital de Lunel sera déplacé au sud de la ville, sur le pôle santé – la Ville a obtenu 15 millions d’euros supplémentaires de l’Etat. “Il appartiendra alors à la municipalité, qui possède le bâtiment, de décider que faire de ce lieu et de créer un nouveau projet pour raccrocher la place de la Liberté, les arènes et le parc Jean-Hugo”, analyse François Renard pour Dynamo Conseil. L’assistant maître d’ouvrage estime qu’il faut anticiper le développement est-ouest de Lunel.

Le maire a conclu la réunion publique en affirmant : “Une ville est une œuvre toujours inachevée”. Et en effet, une fois ces aménagements ambitieux réalisés, il restera encore d’autres sujets sur lesquels plancher, comme la création d’un parking au Pont de Vesse pour délester le stationnement de non-résidents du quartier des Roses. Un projet important mais qui n’est pas réalisable sur ce mandat, faute de moyens suffisants, a indiqué Pierre Soujol.

————————-

Les propriétaires qui souhaitent accéder à des aides pour rénover leur habitat, les commerçants qui désirent s’installer à Lunel, les commerçants déjà installés et les Lunellois dans leur ensemble trouvent des réponses à leurs questions à la Maison qui Ose. Animée notamment par Nathalie Dimopoulos, sa directrice, et par le manager du commerce Patrick Troubadis, il s’agit d’un lieu de référence pour recueillir un maximum d’informations.