Lunel, Pierre Soujol : une ville paisible en pleine "Métamorph'Ose"
Rencontre avec Pierre Soujol, maire de Lunel et président de la Communauté de communes du Pays de Lunel, qui évoque les origines et l’avancement du projet Lunel OSE, mais aussi les divers projets en cours dans sa ville.
Photo : Pierre Soujol, maire de Lunel © Virginie Moreau
En quoi consiste le projet OSE ?
Pierre Soujol : « Revenons d’abord à la définition que nous donnons au mot OSE : entreprendre avec audace un projet périlleux. L’acronyme OSE consiste aussi à s’ouvrir sur l’extérieur, sortir Lunel de son isolement, développer les liens avec les grandes collectivités voisines. Je me suis rapproché de la Région, du Département de l’Hérault et de l’État. Je suis un maire sans étiquette, et j’ai affaire à des gens intelligents qui ont le sens de l’intérêt général. Nos relations sont apaisées et permettent de faire venir l’argent à Lunel.
En début de mandat, nous avions conscience de la difficulté du projet politique que nous voulions porter. Malgré la complexité certaine que cela impliquait, les financements ont fait la différence, grâce aux dispositifs d’État qui ont convergé vers Lunel. Sans eux, le projet aurait mis trente ans à se faire au lieu de dix ans. Nous sommes donc sur Lunel 2030. À ce terme, nous ,’aurons pas réglé tous les problèmes, mais nous aurons bien avancé, créé une spirale vertueuse et rendu le projet quasiment irréversible, même si un changement de maire venait à se produire. Le but était de lancer ce projet. Nous savons qu’il sera difficile d’obtenir tous les résultats en un seul mandat. Refaire des rues, créer une nouvelle structure, c’est assez facile quand on a le budget, alors que transformer de façon ambitieuse, donc métamorphoser une ville comme Lunel, ce n’est pas rien. »
Et comment avez-vous procédé en début de mandat ?
Pierre Soujol : « En début de mandat, nous sommes partis d’une page blanche. Il y avait une différence de fond entre l’ancienne équipe et nous. Le projet proposé par l’ancienne équipe était très intéressant, mais pas maintenant, dans un deuxième temps. L’ancienne équipe proposait de refaire la couronne du centre-ville – l’église, le parc Hugo, l’esplanade des arènes – mais pas le cœur de ville historique. Nous avons donc repris et fléché cette enveloppe budgétaire vers le centre-ville, où se concentrent les difficultés (logement, circulation…), pour opérer un rééquilibrage sociologique. Dans la ville paupérisée qu’est Lunel, où les habitants ont de faibles revenus, il faut gentrifier le centre-ville, redynamiser les commerces.
Ainsi, nous avons aidé il y a peu de temps l’artisan chocolatier Bello et Angeli à ouvrir sur la place des Caladons en rez-de-chaussée, avec une vitrine sur l’église et une autre sur la place des Caladons, et nous avons lancé des appels à candidatures pour le Café Riche et le Caladon. Une commission départage les projets pour varier les commerces et apporter de la qualité et de la diversité. L’idée est de proposer des loyers très modérés pour générer de l’attractivité. Les porteurs de projets et investisseurs nous regardent avec intérêt, car nous proposons des espaces d’une surface correcte, à des loyers très bas…
Désormais Lunel est une ville pressée ?
Pierre Soujol : « Nous savons depuis longtemps que Lunel a un fort potentiel, malheureusement inexploité. D’abord, son positionnement géographique en fait une ville du quart d’heure. En TER, elle est à douze minutes de Montpellier, à quinze minutes de Nîmes : elle est à un quart d’heure de la mer, dans les dix minutes on arrive dans la nature, avec un espace remarquable classé Natura 2000. Si l’on se balade en vélo ou à pied, on peut admirer des taureaux, des chevaux, des flamants roses… Depuis la pandémie de Covid-19, le monde change. Les gens veulent se rapprocher de la nature. C’est la possibilité qu’offre une ville moyenne comme Lunel, qui ne souffre pas des embouteillages, qui offre une belle qualité de vie. A Lunel, se rapprocher de la nature ou d’une grande ville est facile.
Il y a eu une convergence entre mon projet politique et les tendances liées à la pandémie. Le choix de proposer ce type de politique de dynamisation d’une ville moyenne comme Lunel est tombé au bon moment… Car le temps est notre bien le plus précieux, et à Lunel, on n’a plus un quart d’heure à perdre ! »
Quels sont les dispositifs d’État dont Lunel bénéficie ?
Pierre Soujol : « Si l’on ajoute l’Anru, Action Cœur de Ville, l’ANCT, l’ANAH… Lunel a la capacité de mobiliser 53 millions d’euros pour le cœur de ville, et 15 millions d’euros viennent d’arriver tout récemment du Ségur de la Santé pour l’hôpital. L’hôpital va en effet libérer les lieux, qui nous appartiennent, délocaliser le pôle gérontologique et le centre ophtalmologique au pôle santé, véritable avantage pour les Lunellois, avec son service des urgences, une clinique et un hôpital dans le cadre d’un partenariat public-privé.
Ces 68 millions d’euros sont un effet d’aubaine. Il a fallu aller les chercher, convaincre l’Etat pour obtenir les dispositif étatiques. Nous devons démontrer notre sérieux en établissant régulièrement des points d’étape avec le sous-préfet notamment. »
Vous avez donc entrepris de « métamorph’Oser » Lunel. De quelle façon ?
Pierre Soujol : « Nous avons créé un service de renouvellement urbain, recruté une directrice du renouvellement urbain, un manager de centre-ville, des agents d’accueil. Quatre personnes travaillent essentiellement là-dessus, plus le service urbanisme, les services techniques… Tous les services de la ville sont dans le projet.
Nous avons ouvert un lieu où tout se joue : la Maison Qui’Ose, d’abord prévue en centre-ville, mais finalement positionnée derrière la porte Notre-Dame pour montrer notre intention politique qualitative. Nous avons recruté un urbaniste-conseil qui prépare des esquisses pour Lunel 2030 ou 2040 et va proposer un projet d’ensemble qualitatif, contemporain, pour harmoniser la ville quartier par quartier et mettre en valeur le patrimoine. L’urbaniste-conseil prépare l’avenir de Lunel et travaille sur le volet participatif avec la Maison Qui’Ose.
Nous avons voulu que la population participe au choix du futur centre-ville. À la Maison Qui’Ose, les citoyens font part de leurs observations, indiquent ce qu’ils souhaiteraient, et l’urbaniste-conseil prend en compte un maximum d’avis constructifs. Des ateliers participatifs de déambulation se sont déroulés en ville pour que les habitants donnent leur expérience du centre-ville, ce qu’ils aiment, ce qu’il faudrait améliorer. L’agence TER nous accompagne sur ce volet.
La communication que nous avons mise en place a fonctionné : de nombreux investisseurs sont intéressés par Lunel ; certains investissent à hauteur de 600 000 euros, 800 000 euros, 1 million d’euros et même plus. Les gens ont compris que si nous maintenons ce cap, l’avenir de Lunel est assuré grâce à nos actions et au positionnement privilégié de Lunel entre les deux métropoles de Montpellier et Nîmes et à proximité de la mer. »
En matière de sécurité, vous avez pris des mesures radicales !
Pierre Soujol : « Nous avons mené des actions fortes sur la propreté et la sécurité dès le début du mandat en lançant le service Allô M. le maire (04 67 87 83 83), qui permet de signaler des dépôts sauvages d’encombrants, des incivilités… et l’application Lunel en poche, qui rassemble des actus, des informations, des agendas, propose des sondages à la population, et qui comporte un bouton direct vers Allô M. le maire. Quand on est dans la rue et que l’on tombe sur un dépôt sauvage, on se géolocalise, on fait une photo et on l’envoie en direct ; si un lampadaire public est en panne, on le signale. Le service est très réactif.
Nous avons mené des opérations qui ont surpris au départ pour que la honte change de camp, car il n’est pas normal que les Lunellois aient honte de leur ville, alors que seuls quelques individus sont auteurs d’incivilités. La prévention et la communication ne fonctionnaient pas, voilà pourquoi nous nous sommes résolus à trouver ce moyen pour réduire les dépôts sauvages. Et ça fonctionne ! Assurer la propreté d’une ville coûte très cher. Nous devions trouver un moyen. Nous avons aussi mis des haut-parleurs. Quand on voit quelqu’un jeter son masque par terre, on lui intime par haut-parleur de le ramasser. Cela peut surprendre. Ça a beaucoup fait parler, et l’effet dissuasif est là. Au final, nous ne nous en servons pas tant que ça… Mais les haut-parleurs pourront servir pour nous adresser à la population. Fondamentalement je n’étais pas favorable à ce type de méthode, mais tous les autres moyens avaient été épuisés… »
Quels sont les projets en cours à Lunel ?
Pierre Soujol : « Il y aura une nouvelle gendarmerie financée à hauteur de 36 à 40 M€ par l’État. Depuis un bon moment, les gendarmes avaient besoin d’un équipement moderne. Ils travaillaient dans des conditions inadaptées à leur charge et au territoire qu’ils couvrent. Ouvrir une nouvelle gendarmerie était indispensable.
L’Ehpad Korian, actuellement situé en centre-ville, va être déplacé sur la route de Sommières, face au collège Ambrussum et au lycée Victor-Hugo. Au-delà de la maison de retraite, des résidences seniors seront construites tout autour pour les personnes relativement autonomes. L’ensemble sera desservi par des moyens de transport. L’objectif est que les gens puissent continuer à vivre chez eux le plus longtemps possible, dans un appartement tout confort. Les seniors préfèrent souvent, l’âge venant, délaisser leur grande maison pour un appartement sans jardin à entretenir. L’étape suivante étant la maison de retraite, quand la perte d’autonomie sera installée. En face, une maison de santé s’est déjà développée, il y a des commerces à proximité. C’est à l’entrée de ville. L’argent arrive depuis quelques années sur Lunel. C’est une bonne chose et c’est sécurisant. »
Et pour l’écologie, que faites-vous ?
Pierre Soujol : « En 2022, en cœur de ville, la végétalisation sera importante pour sortir des îlots de chaleur et rafraîchir. Quand ce sera possible, nous installerons des points d’eau. Nous allons investir 2 millions d’euros dans la végétalisation des 13 cours d’écoles primaires et maternelles pour rapprocher les enfants de la nature. Il ne s’agira pas de planter 3 arbres et d’installer 4 jardinières. Notre projet est ambitieux. Le bitume laissera la place à des parcours sensoriels, à une vraie végétalisation. Cela commencera durant l’été 2022 avec 4 écoles, et tous les étés 4 écoles seront végétalisées jusqu’en 2025. C’est un vrai coût pour la ville…
Autre gros investissement qui nous coûte aussi cher que les arènes, soit 12 millions d’euros : la modernisation de la station d’épuration. Nous avons voulu qu’elle ait des normes supérieures à ce que la loi nous impose en termes de rejets, car l’eau assainie est rejetée dans le canal et l’étang de l’Or, classé Natura 2000. Donc nous allons au-delà des normes, avec, à la sortie, deux derniers traitements supplémentaires aux UV de l’eau. Les travaux sont en cours. Le chantier est assez remarquable car les travaux ont lieu alors que la station d’épuration fonctionne. La rénovation de la station d’épuration s’achèvera en novembre 2022.
Les Lunellois ne se rendront pas compte de cet investissement, qui était rendu nécessaire car nous arrivions à la limite acceptable de la population, étant donné que la station initiale avait été conçue pour 25 000 équivalents habitants. La nouvelle station sera dimensionnée pour 41 500 équivalents habitants, ce qui lui assure un fonctionnement pendant au moins trente ans.
Un traitement supérieur des boues va être appliqué pour lutter contre les nuisances olfactives. En effet, au fil du temps, les gens ont construit des maisons de plus en plus près de la station d’épuration, or des odeurs apparaissaient à l’ouverture du hangar de la station pour récupérer les boues séchées et les épandre dans les champs, une ou deux fois par an. Ces travaux apporteront donc du confort aux riverains et au personnel de la station d’épuration. Les maires hésitent à s’embarquer dans ce type d’investissement, mais nous avons jugé que c’était nécessaire. »
Êtes-vous satisfait du Pôle d’Échange Multimodal (PEM) ?
Pierre Soujol : « Le PEM joue pleinement son rôle, c’est un vrai point de centralité, les véhicules de toute sorte s’y garent : bus, taxis, covoiturage, voitures, vélos… Au total, le PEM accueille 1,5 million de voyageurs par an. »
En matière de pistes cyclables, où en est Lunel ?
Pierre Soujol : « L’avenue Victor-Hugo sera refaite en 2024 en incluant une piste cyclable qui partira de la gare. La place de la Résistance, la rue Sadi-Carnot seront refaites en 2024 aussi. Le Département et la CC Pays de Lunel ont créé des voies vertes, dont une entre Marsillargues et Lunel, qui s’arrête à quelques mètres de la gare à vol d’oiseau. La Ville a débuté la construction de la piste cyclable manquante du bout de la voie verte (pour ceux qui arrivent de Marsillargues) au PEM. Les travaux ont débuté pour faire le maillage intra-muros manquant, avec une rue refaite entièrement, l’enfouissement des réseaux, la construction de la voie cyclable, l’éclairage public. Deux autres rues auront des voies cyclables ou chaussées partagées (une voie centrale de circulation avec deux voies cyclables) avec un marquage au sol pour garder le trottoir et le stationnement.
En mars-avril, les travaux se porteront sur le chemin du Jeu de Mail, pour y ajouter du cyclable. Idem pour l’avenue de Mauguio Gaston-Baissette, qui va permettre de relier Saint-Just, le lycée Feuillade, le collège Mistral, le lien entre Lunel-Viel et Lunel. Et en interne à chaque fois que des voiries le permettent nous les faisons en cyclable. Mais dans un premier temps nous assurons les continuités, nous complétons par des jonctions. Afin de réfléchir plus globalement, nous avons lancé une étude sur le schéma cyclable à l’échelle de la ville. »
Sur le plan culturel, Lunel a osé, également…
Pierre Soujol : « L’aspect culturel a été développé. En 2021, nous avons installé des sculptures de Cracking Art dans les rues représentant des animaux très colorés de grande dimension, 3,50 à 4,50 m de haut. Les Lunellois ont beaucoup apprécié cette initiative. L’objectif était de mettre en place une exposition urbaine accessible à tous pour que l’art aille vers les citoyens. L’idée de cette exposition extérieure était de rassembler des habitants mais aussi des gens des alentours, de faire venir une population de la classe moyenne ou moyenne supérieure. Il s’agissait d’une politique d’attractivité et d’image très claire, qui a fonctionné.
L’exposition estivale de l’été 2022 a été conçue dans le même esprit, sur plusieurs mois : une exposition de sculptures monumentales animalières (et autres) de Richard Orlinski à des emplacements stratégiques du centre-ville, comme pour le Cracking Art l’été dernier. Le vernissage aura lieu fin mai. Une exposition du même artiste se tiendra à l’Espace Louis-Feuillade. Il proposera également un spectacle à la salle Georges-Brassens le 29 mai ! »
Et aux arènes San Juan ?
Pierre Soujol : « La délégation de service pour la programmation des spectacles équins, taurins et vivants aux arènes San Juan a été votée le 25 février 2022. Stéphane Roussille, actionnaire de Maestria Production, assurera leur gestion pendant quatre ans avec Hervé Jeanne, Pascal Mailhan et Benoît Falip, jusqu’en décembre 2025. Les nouveaux gestionnaires programmeront 8 courses du trophée des As, 5 courses du trophée de l’Avenir et 4 courses de Ligue, une corrida espagnole et une corrida portugaise. Le Lunel Ose Festival sera composé de 4 soirées de concerts, le festival de jazz sera également réédité. Les arènes accueilleront le festival électro Family Piknik, un spectacle d’humour et 2 concerts avec des artistes nationaux et internationaux. Par ailleurs, 9 taureaux-piscine seront organisés dans la saison, de même que 4 taureaux-terroir.
D’ici la fin du mandat, j’aimerais que les arènes accueillent l’enfant du pays, Julien Doré, pour un concert. Ce serait grandiose ! Quand il est venu en concert à Lunel en 2012, sa carrière débutait, les anciennes arènes, qui comportaient alors 3 500 places, étaient pleines à craquer. Les nouvelles arènes contiennent 4 500 à 5 000 places selon la configuration.
Au fil des années, des artistes comme Martin Solveig, Jenifer, Amel Bent, Fréro Delavega, Patrick Bruel et Jean-Louis Aubert se sont produits à Lunel. Nous allons essayer de rester dans cet esprit, de continuer à toucher toutes les catégories. »
Au niveau des animations, que prévoyez-vous ?
Pierre Soujol : « La première année de mon mandat j’avais lancé les Vendredis de l’artisanat, les Rendez-vous dans le Parc Hugo… Mais la Covid complique tout. Nous allons voir comment organiser les événements cette année. Notre volonté politique est de revivifier le tour de l’église avec des expositions, des marchés… Il n’y a pas que l’esplanade à Lunel. Nous voulons faire entrer la population à l’intérieur, faire battre de nouveau le cœur de ville avec des animations et grâce aux commerces. Une brocante se tient tous les samedis matin sur les allées Baroncelli, en marge du marché aux puces.
Après les travaux du centre-ville, en 2024, on pourra revoir l’organisation des marchés. L’église sera mise en valeur, sa façade refaite, éclairée et végétalisée. Il y aura des terrasses. La circulation, piétonnisée, sera ouverte aux livreurs, aux habitants, aux services de secours. Je veux pacifier le centre-ville pour permettre une dynamique commerciale plus forte et faire entrer une dimension esthétique, pour rendre l’expérience des consommateurs plus agréable. »
Les investissements que vous avez évoqués induisent-ils des hausses d’impôt foncier ?
Pierre Soujol : « Absolument pas. Nous réalisons ces investissements tout en ayant baissé la fiscalité depuis 2020. La taxe sur le foncier bâti a baissé de 1,68 point depuis 2020. Nous la diminuons un peu tous les ans pour des raisons d’équilibre budgétaire (on doit organiser les recettes par rapport aux dépenses). À la fin du mandat, on aura dépassé les 2 points de baisse. Ça entre aussi dans notre politique d’attractivité. Quand ils souhaitent s’installer dans un village ou dans une ville, les gens regardent combien ils vont devoir payer de taxe sur le foncier bâti. À une certaine époque, Lunel était sur des taux élevés. Ce n’est plus le cas, mais ça ne se remarque pas forcément, car l’inflation masque cette baisse. La Ville s’en rend compte au niveau du manque-à-gagner de 400 000 euros par an induit par la diminution de 1,68 point. »
Quelle extension démographique prévoyez-vous pour Lunel, grâce à cette attractivité ?
Pierre Soujol : « L’expansion de Lunel sera limitée par les zones classées rouges face au risque d’inondation par le Vidourle. Si l’on reste sur de l’immobilier raisonné, tel que je le conçois, je pense que nous arriverons à 35 000 habitants sur vingt ans (contre 26 000 habitants aujourd’hui). Je ne souhaite pas qu’on y bâtisse des tours. Cela dénaturerait vraiment la ville et impacterait la qualité de vie. »
L’immobilier suit-il l’expansion démographique ?
Pierre Soujol : « Lunel dispose d’un potentiel sur la qualité du logement. Avec 450 000 euros, à Montpellier, on peut acquérir un appartement de 70 ou 80 m², alors qu’à Lunel, pour ce prix, on peut s’offrir une villa avec terrain, jardin et piscine. De nombreux programmes privés de logements collectifs sont en cours à Lunel : La Manufacture, un grand projet qualitatif de 220 logements au-dessus de la gare par Helenis ; ou encore La Villa blanche par M&A Promotion sur l’avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, en entrée de ville, qui sera livré en septembre 2022. Il y a aussi une opération immobilière sur le chemin des Merles et la rue de la Magnanerie. »
Qu’en est-il du tissu économique lunellois ?
Pierre Soujol : « Je rappelle que le développement économique n’est pas une compétence de la ville, mais de la Communauté de communes du Pays de Lunel, que je préside. Environ 3 000 entreprises de toute taille sont implantées à Lunel.
Notre point de faiblesse est que nous disposons de foncier disponible, mais qu’il est difficile de l’ouvrir du fait de contraintes environnementales et de la volonté gouvernementale de Zéro artificialisation nette des sols, qui implique d’éviter de consommer du foncier, ou de réduire au maximum l’utilisation de foncier et compenser. En parlant de compenser : au Dardaillon, une nouvelle ZA devrait voir le jour dans moins d’un an. Pour utiliser 5 hectares où vit l’outarde, espèce protégée, il y a un coefficient de six : on doit trouver 30 hectares compatibles avec la vie de l’outarde, gelés pendant trente ans. Il faut acheter les terrains de compensation, les entretenir pour que l’outarde puisse y vivre et se reproduire. Ce n’était pas simple mais nous y sommes parvenus. Notre économie est dépendante des contraintes archéologiques, environnementales, hydrauliques (inondations), c’est très compliqué. Lunel a un environnement exceptionnel à préserver.
C’est terrible parce que Lunel compte 19 % chômeurs, souvent peu qualifiés. Des implantations d’entreprises pourraient créer de l’emploi. Nous voudrions créer de l’activité économique. Notre rond-point autoroutier ne comporte aucune activité économique, c’est très rare. Des projets pourraient y voir le jour ! Nous le disons le plus possible autour de nous pour que cela change. Je crois que notre combat commence à être entendu. Il n’est pas impossible que des projets y voient le jour. Je ne voudrais jamais d’une zone d’activité qui mette la nature en danger et dénature notre patrimoine naturel.
Une zone d’activité va sortir de terre pendant mon mandat à la présidence de la communauté de communes du Pays de Lunel, on aimerait qu’une seconde soit créée pendant le mandat autour du rond-point autoroutier. L’emploi est un sujet très important que nous n’ignorons pas. »
Comment va votre population ?
Pierre Soujol : « Je pense que les Lunellois ont été atteints, traumatisés, par l’image dégradée, véhiculée et exagérée par rapport à la réalité qui a été faite de leur ville en 2014. Lunel était stigmatisée alors que le problème était national et international… C’était loin d’être ce que les médias en ont fait. Notre projet politique a pour but que les habitants soient fiers de leur ville, grâce à une amélioration de la qualité et du cadre de vie. Nous avons souhaité redynamiser le centre-ville, faire une mise en relief de l’activité culturelle avec le Cracking Art, monté le Lunel Ose Festival, nous allons accueillir le Family Piknik cet été… pour que l’on parle de Lunel de façon qualitative. Aujourd’hui la donne a changé, Lunel s’est structurée, a trouvé une nouvelle dynamique. Les Lunellois retrouvent de la fierté. Lunel est actuellement une ville sûre. »