Marielle Maury : “L’élégance passe par la noblesse des matières et leur éthique”
La créatrice de robes de mariées Marielle Maury cultive le bon goût et l’élégance dans son atelier. Souhaitant s’écarter au maximum de l’image d’une mode qui pollue et exploite la main d'œuvre étrangère, Marielle Maury met un point d’honneur à présenter des pièces entièrement écoresponsables. Ainsi, en janvier 2020, son atelier fût le premier certifié Bio GOTS, garantissant le respect de l’environnement et des conditions sociales des travailleurs sur l’ensemble de la chaîne de production.
La passion du fil et de son histoire
Marielle Maury est une passionnée du vêtement et de la belle fabrique, pourtant, faire des robes de mariées ne s’est pas inscrit comme une évidence. “Avant de me lancer dans la création, j’ai travaillé dans un parc naturel durant huit ans, se souvient la créatrice. Cependant, j’ai toujours créé et entretenu cette passion du vêtement, du fil et du textile, c’est une culture familiale. Petit à petit, à la manière d’un apprenti sorcier, j’ai commencé à modifier des patrons et à faire mes propres habits. Et puis du jour au lendemain, j’ai réalisé que j’avais besoin que la création ait une place centrale dans ma vie. Pourtant, je n’avais pas envie de travailler dans la mode, parce que je ne comprenais pas les notions de rapidité et de changement. Je me suis alors orientée vers la couture de costumes de scène, j’aimais l’idée qu’ils soient incarnés et leur résonance culturelle. Après une formation de deux ans à Paris où j’ai appris le savoir-faire, les volumes et le dessin, je me suis finalement lancée dans les robes de mariées, pour le plaisir d’aller dans le détail, de travailler des matières nobles et de faire de belles pièces. Je me suis installée à mon compte en juillet 2013.”
Lors de l’apprentissage de la couture de costumes de scène, Marielle Maury a également pratiqué les costumes historiques, dont elle s’inspire beaucoup. “La mode est un éternel recommencement, et retourner dans le passé pour l’ancrer dans le présent, c’est d’une grande puissance, s’émerveille la créatrice. C’est pourquoi j’ai des robes Empire, des années 1920 ou inspirées des années 1980.”
À l’écoute du corps et des besoins de la mariée
L’atelier de Marielle Maury est majoritairement spécialisé dans le sur mesure, la créatrice s’adapte aux corps et aux envies. “Lorsqu’une future mariée vient dans ma boutique, j’aurais presque besoin de la voir dévêtue pour la conseiller, dévoile la créatrice. Pour y parvenir, je lui fais essayer beaucoup de robes afin de deviner sa silhouette. Ce qui est capital c’est également de voir dans quel type de robe elle se sent bien. Certaines femmes préfèrent avoir du maintien, des matières fluides, du soutien au niveau de la poitrine, et d’autres non. Il y a une affaire de proportions visuelles mais surtout un aspect psychologique, pour cette journée importante, la mariée doit se sentir parfaitement à l’aise. Lorsqu’une cliente arrive, je lui pose des questions pour savoir ce qu’elle veut, à quelle période elle se mariera et où. Après, je sélectionne des robes qu’elle essaye pour avoir son ressenti. Ensuite, j’effectue la prise de mesures et j’organise le premier essayage : la mariée revêt une toile sur laquelle je prends les marques et mets les épingles. Une fois mes traces dessinées, je reporte mon modèle sur le patron et enfin, je peux couper dans le tissu et assembler.”
L’atelier présente également un site Internet avec du prêt à porter, des pièces choisies avec soin. “J’ai pour volonté de faire grandir le site Internet, mais il s’agit d’un long travail en amont, dit Marielle Maury. Je dois communiquer avec la mariée et lui poser beaucoup de questions. Je ne peux pas tout vendre sur le site, il n’est pas judicieux d’y trouver des corsets par exemple : toutes les poitrines et les dos sont différents. Alors, les pièces que je propose sur la boutique en ligne ont été testées à de multiples reprises, je sais qu’elles peuvent fonctionner en prêt à porter.”
Des matières choisies avec grand soin
Marielle Maury sélectionne essentiellement des matières naturelles et biodégradables, comme de la soie, de la soie brodée, du lin et du coton. “La seule exception que je fais est sur la dentelle, car je n’ai pas le choix : il y a toujours un fil de nylon ou de polyamide, explique-t-elle. C’est une des raisons pour lesquelles je ne fais pas de robes très volumineuses, parce que je n’utilise pas de tulle. C’est un choix écologique et de santé, lorsque l’on coud, on respire les particules du tissus et je préfère qu’il s’agisse de soie plutôt que de polyester. Je suis certifiée GOTS, c’est-à-dire que mes textiles sont biologiques et que les employés exercent dans des conditions de travail dignes. Dans cette logique, je dois chercher des fournisseurs certifiés et il y en a peu en France, je les trouve en Italie, en Belgique et en Allemagne. Il s’agit d’un label qui demande beaucoup de travail et d’efforts car il exige une traçabilité complète : pour que je sois certifiée, mon fournisseur, toutes les personnes qui l’approvisionnent et l’exploitation agricole doivent l’être. Par exemple, le fil des vers à soie d’Asie est également labellisé. Comme le référentiel est le même dans le monde entier, il faut aussi auditer les usines a l’étranger au niveau social. Je favorise tout de même les matières européennes car chaque pays est spécialisé.”
Toujours dans une démarche éco responsable, la créatrice réutilise ses tissus et propose des ajustements aux mariées afin qu’elles puissent reporter leur tenue. “J’ai de plus en plus souvent à l’esprit la volonté de pouvoir reporter le vêtement, c’est un élément que je prends en compte dès le départ, raconte Marielle Maury. Ainsi, je peux apporter des modifications aux créations une fois le mariage achevé, j’ajuste la longueur, je les répare ou je les coupe pour faire deux pièces. Cela est possible car il reste peu de gens qui voient les robes de mariées dans leur version sacralisée. J’essaye également d’assortir et d’associer les différents modèles de mes collections entre eux et avec les basiques que l’on retrouve dans sa garde robe. Avec un pan de tissus, je fais plusieurs tenues et les chutes me servent à réaliser des chouchous, des accessoires ou des petites pièces. J’utilise certains tissus que j’avais avant d’obtenir la certification donc ils ne sont ni bios, ni naturels, mais je ne veux pas les jeter.”