Marseillan : Les Caves Richemer, l’unique coopérative vinicole du bord de mer
Les Caves Richemer, installées depuis 1934 à Marseillan, réunissent 200 viticulteurs.
Elles sont réputées pour leurs vins blancs que l’on boit très souvent avec les huîtres du bassin de Thau se trouvant à proximité. Les blancs représentent 65 % de la production. On apprécie également leurs rosés de terrasse et leurs vins rouges en IGP Pays d’Oc ou IGP Côtes de Thau. Le vignoble couvre aujourd’hui une surface de 1 000 hectares avec des cépages typiques, notamment le Terret, le Marselan et le Piquepoul.
Des vins fins et frais
Les équipes des Caves Richemer s’efforcent d’élaborer des vins qui racontent leur histoire. Plaisir, gourmandise et élégance sont le fil conducteur de ces viticulteurs qui ont été à de nombreuses reprises récompensés à l’occasion de concours nationaux et internationaux.
Le cheval de mer
L’hippocampe est l’emblème des Caves Richemer. Mammifères très présent sur la lagune de Thau, il figure sur quasiment toutes les bouteilles. Le lien entre la terre et la mer s’affirme aussi avec l’offre gastronomique proposée sur le site de Marseillan-Plage.
Les Caves Richemer possèdent 4 caveaux :
- La Perle de Thau de Marseillan, un caveau de vente de plus de 340 m² au cœur de la toute nouvelle cave.
- La Cave de la Plage avec des dégustations et des ateliers ludiques. Elle est aussi labellisée « Accueil Vélo » et « Vignobles et Découvertes », et possède un bar à tapas.
- La Cave du Port, sur le quai de Marseillan-Ville, qui offre un espace de dégustation convivial.
- La Cave du Cœur de Ville d’Agde, qui mettra en scène, dès 2023, l’histoire de la cité agathoise et du vin.
Pierre-Yves Rouillé, directeur général des Caves Richemer depuis 2006, nous en dit plus sur La Perle de Thau, cet outil d’avenir…
En route vers la viticulture de demain avec La Perle de Thau ?
Pierre-Yves Rouillé : « Ce site a été créé pour avoir un site unique de production. Auparavant, nous étions sur Agde et Marseillan. L’idée était de tout recentrer sur un seul et même site. En construisant un bâtiment tout neuf, nous pouvons donc utiliser les dernières technologies, les plus à la pointe. »
Pourquoi un aménagement circulaire de la cave ?
P-Y R : « Le site a été pensé pour améliorer les flux. Que ce soit pour les raisins, les jus ou les vins, le but est de faciliter les flux, les réduire et de les protéger au maximum. Le vin étant très sensible à l’oxygène, c’est un site qui a été pensé pour une dynamique intérieure et une réduction maximale des mouvements du vin. »
Des cépages locaux ?
P-Y R : « Nous avons une grande diversité de cépages. Nous nous appuyons aujourd’hui, entre autres, sur les cépages locaux comme le Terret et le Marselan. Le Terret pour les cépages blanc et le Marselan pour le rosé et le rouge. Nous avons un gros succès sur le Marselan rosé, que ce soit en France ou à l’export. Ce sont deux cépages intéressants ; le terrain est historiquement implanté à Marseillan. Au tout début, il servait de base à la confection de blanc de type Noilly Prat. Le Marselan, qui date des années 60, a été mis au point par l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) entre Sète et Marseillan-plage. D’où son nom, Marselan (pour Marseillan). Nous nous appuyons fortement sur ces deux cépages, car nous avons une identité forte sur le secteur. Nous n’avons pas d’appellation précise, mais nous sommes en IGP côte de Thau et côte de Thau Cap d’Agde. C’est relativement local, mais nous n’avons pas d’AOP chez nous. »
Les Caves Richemer s’inscrivent dans une démarche environnementale ?
P-Y R : « Tout ce qui est HVE (Haute Valeur Environnementale) est en cours de développement chez nous. Le Covid ne nous ayant pas aidé, nous n’avions pas pu finir notre action, mais cela a été remis en route. Une alternante qui a commencé début septembre et travaillera avec nous pendant deux ans, aidera nos adhérents à mettre en place toutes les démarches environnementales chez eux. Elle va les suivre et les assister pendant deux années. Concernant le bio, nous avons quelques adhérents qui commencent à s’y mettre également. »
Depuis juin il est possible de découvrir le fonctionnement des caves…
P-Y R : « Quand ce site a été conçu, il l’a été à la fois sur le plan technique pour bénéficier des dernières innovations, mais aussi pour proposer des visites intégrées. Dès le départ, c’était une volonté. La construction ayant commencé en 2019, la première récolte devait avoir lieu en 2020. Nous avons eu la Covid au milieu, cela ne nous a pas aidés. Nous avons donc pris le parti d’abord d’assurer la partie production et ensuite de construire la partie visites. C’est ce qui a été fait. L’an dernier, nous avons fait nos premières vendanges sur site. Nous avons proposé nos premières visites fin juin cette année. Le site a été réceptionné au printemps. Nous avons pu enfin lancer la dernière partie, et faire découvrir au public notre site, nos outils, notre façon de travailler. Cela a bien démarré. Nous avons 4 créneaux par jour, les gens repartent avec le sourire, donc c’est très bien. »
Gel, fortes chaleurs… Quel est l’impact du changement climatique sur vos récoltes ?
P-Y R : « Cela a eu un impact foudroyant, malheureusement. Le gel et ensuite la sécheresse n’ont pas aidé. Tout d’abord en avril, nous avions estimé à 35 à 40 % les pertes de la récolte. Cela s’avère exact, voire même 50 %. Nous sommes en pleines vendanges, les calculs ne sont pas définitifs. Ensuite est venu s’ajouter la sécheresse, qui malheureusement, depuis quelques années, ne nous aide pas, puisque c’est la troisième année consécutive que nous sommes en sécheresse. Il faut savoir qu’à Marseillan, cette année encore, il a plu moins de 300 millimètres depuis janvier. Pour la vigne il en faudrait 600, du coup nous sommes dans une situation où les besoins en eau se font cruellement sentir. Avec le cumul de la sécheresse et du gel, particulièrement violent cette année, nous nous dirigeons vers une demi-récolte à peu près. »
Quel effet a eu la crise sanitaire sur votre entreprise ?
P-Y R : « La crise sanitaire a eu un impact, surtout au niveau des ventes directes, puisque c’était plus compliqué pour les magasins. Et plus précisément quand il y a eu les confinements et les limitations de circulation. Là, nous avons fortement ressenti l’impact de la crise :les chiffres du magasin ont fortement chuté. Concernant les ventes de produits, nous avons différents marchés et réseaux de distribution. De ce fait, les réseaux comme les grandes surfaces ont très bien fonctionné. Du côté du vin rosé, il y a une forte demande en ce moment et les ventes continuent à bien se comporter. Nous n’avons pas eu trop d’impact ni de manque-à-gagner de ce côté là. La partie vente export ou vente grande distribution a été correcte. Le vrai problème a été au niveau des magasins, où il y a eu une très forte baisse. »
Quelle est la répartition de votre clientèle ?
P-Y R : « En année normale, nous faisons 75 000 hectolitres. Notre réseau de distribution principal reste aujourd’hui la vente en vrac, mais aujourd’hui celui-ci est diminué. Nos ventes aux particuliers et nos ventes à l’export conditionnées montent de façon assez spectaculaire. On s’approche des 20 % des ventes, soit aux particuliers soit par nous-mêmes et donc 80 % des ventes par le négoce. »
Des projets pour Les Caves Richemer ?
P-Y R : « Celui-ci est déjà un très gros projet. Mais le projet global n’est pas entièrement terminé. Sur chaque site, nous avions un magasin de vente. Aujourd’hui, sur notre nouveau site, le magasin de vente est actif et nous avons gardé aussi l’ancien site de Marseillan-ville. Le magasin est un peu en difficulté en ce moment car il y a énormément de travaux, c’est dans une zone difficile d’accès. Bientôt, 400 appartements vont être construits à proximité, donc le magasin devrait reprendre une belle activité. Il nous reste également le magasin d’Agde, qui a été entièrement démoli. Notre demande et celle du conseil d’administration était de refaire une partie de la cave à l’identique, ce qui va être réalisé. Le fronton va réapparaître avec les mêmes inscriptions, la même forme, les mêmes dimensions et surtout nous resterons propriétaire du magasin de 300 m² qui va être construit. Il sera disponible pour la prochaine saison. Mais il ne faut pas oublier aussi que nous avons refait notre cave de Marseillan-plage, avec une salle en location pour les événements. Ce magasin progresse fortement. Dans 12 mois, nous aurons tous nos magasins, en pleine possession de leurs moyens. »
A l’occasion des vendanges, Sébastien Frey et Marie-Christine Fabre de Roussac ont effectué une visite des caves coopératives du canton d’Agde. Malheureusement, une baisse d’environ 50 % des volumes vendangés a été enregistrée par rapport à l’année dernière, en raison de la gelée noire des 7 et 8 avril derniers. Historiquement mobilisé aux côtés des viticulteurs, le Département de l’Hérault est engagé sur plusieurs plans. Il a :
- mobilisé une aide de 5 millions d’euros à distribuer en relation avec la Chambre d’Agriculture;
- créé un guide Œnotour de l’Hérault. Les communautés d’agglomération de Sète et Hérault Méditerranée ont été les premières à obtenir le label national V & D;
- soutenu financièrement les viticulteurs engagés dans une démarche écologique;
- soutenu les événements Vinocap et Les Estivales.