Matignon : Changement de cap, Elisabeth Borne cède sa place
Emmanuel Macron a accepté, lundi 8 janvier 2024, la démission d'Elisabeth Borne, qui dirigeait le gouvernement depuis sa réélection en mai 2022. Certes, mais il faut bien comprendre que c’est le Président qui démissionne sa Première ministre.
Cette décision marque un tournant significatif avant les élections européennes. Elisabeth Borne a intégré l’exécutif en 2017, et elle quitte ses fonctions avec un bilan « remarquable » pour les uns, « très mauvais » pour les autres. Son mandat de 20 mois à la tête de Matignon la classe comme la cinquième Première ministre la plus furtive de la Ve République.
Elisabeth Borne a supervisé l’adoption de 41 projets de loi. Ces textes législatifs comme les retraites, l’immigration, le pouvoir d’achat, l’énergie nucléaire, et la réponse aux émeutes ont marqué son passage à Matignon. Mais l’utilisation fréquente de l’article 49.3 de la Constitution a été une caractéristique de son mandat, déclenchée 23 fois pour faire adopter des textes sans vote à l’Assemblée nationale.
« De tout cœur, merci »
Elisabeth Borne a également fait face à 31 motions de censure, mais aucune motion n’a réussi à renverser son gouvernement. Le départ d’Elisabeth Borne de Matignon ouvre une nouvelle page. Sur X Emmanuel Macron s’exprime ainsi : « Madame la Première ministre, chère Elisabeth Borne, votre travail au service de notre Nation a été chaque jour exemplaire. Vous avez mis en œuvre notre projet avec le courage, l’engagement et la détermination des femmes d’État. De tout cœur, merci. »
Trois candidats se distinguent, réponse normalement prévue dans la matinée
La spéculation va bon train quant au successeur d’Elisabeth Borne. Trois candidats émergent pour ce poste très exposé à quelques encablures des élections européennes : sur toutes les bouches, Gabriel Attal, actuel ministre de l’Éducation, est en haut du podium. Julien Denormandie et Sébastien Lecornu sont ensuite envisagés. Le suspense devrait tomber dans la matinée.
L’avis d’un prof de Judo
Patrick Vignal, député de l’Hérault, commente sur France info : « Je ne sais pas quel choix fera le Président de la République. Je connais Gabriel Attal depuis douze ans […] Ce que je sais c’est qu’il a de nombreuses qualités : il maîtrise l’esquive et l’autorité. C’est le professeur de judo qui vous le dit : il a une main de fer dans un gant de velours ! »
À n’en pas douter, Elisabeth Borne, ancienne préfète de la région Poitou-Charentes et de la Vienne, passée directrice de cabinet de la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, en 2014, mais auparavant directrice de la stratégie de la SNCF en 2002, trouvera sans difficulté sa nouvelle voie.