Métropole de Montpellier : avec la création de Montpellier Images Animées, les studios dessinent leur avenir
Illogic Studios, Karlab, Les Fées Spéciales, Menhir FX, Nobody Studio Supamonks... Si ces noms ne vous disent rien, ce sont des architectes des imaginaires, locaux, qui d’un coup de crayon, stylet et codes, donnent vie à des visions.
Membres fondateurs de Montpellier Images Animées (MIA), une nouvelle association regroupant des studios d’animation dans la métropole de Montpellier, ils échangent et collaborent sur les défis et les solutions dans les domaines de la production, la fabrication, la distribution, la diffusion et l’exploitation d’images animées. Sophie Marron, présidente de MIA et co-gérante des Fées Spéciales, s’est prêtée au jeu des questions/réponses.
Comment est né Montpellier Images Animées (MIA) ?
Sophie Marron : Les discussions ont débuté il y a environ huit mois, lors des premières réunions en réponse à l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) “Pôles territoriaux d’industries culturelles et créatives”. Connaissant déjà les uns les autres, nous avons estimé que cela valait la peine de se rencontrer, de discuter, et peut-être de collaborer sur des questions de mutualisation, de formation, d’enjeux et de difficultés. L’idée était d’échanger entre pairs sur nos réalités quotidiennes. C’est à peu près à cette période que nous avons créé l’association, avec une Assemblée Générale Constitutive fin juin 2023.
Quels sont les avantages de cette mise en réseau ?
Sophie Marron : Aujourd’hui, avec six studios – Illogic Studios, Karlab, Les Fées Spéciales, Menhir FX, Nobody Studio et Supamonks – et trois membres du bureau, nous possédons tous nos spécificités, nos qualités et nos connaissances. L’ambition est de voir ce que nous pourrions imaginer ensemble, sans forcément fabriquer ensemble. Parallèlement, l’agence de développement économique AD’OCC travaille sur des questions de mutualisation et de data center, des enjeux intéressants et complémentaires, mais qui peuvent s’appliquer sur des territoires plus vastes que ceux de Montpellier.
Nous avons une ambition locale qui a déjà porté ses fruits. Par exemple, en 2022, un important projet est arrivé jusqu’aux Fées Spéciales grâce à Menhir FX, qui a recommandé le studio en raison de leur expertise en 2D. C’est une relation très appréciable.
Quelles sont les valeurs que vous défendez ?
Sophie Marron : Nous partageons des valeurs telles qu’une échelle humaine pour nos studios, sans ambition de devenir des World Company. Nous sommes également alignés sur des questions de transparence des grilles salariales, de semaine de 4 jours, de place accordée aux salariés et de gouvernance éclairée. Nous souhaitons nous impliquer activement dans le territoire.
Qu’est-ce que vous pourriez obtenir plus rapidement en étant regroupé ?
Sophie Marron : Un dispositif existe auprès du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) pour des projets collectifs portés par des associations regroupant des professionnels. Nous envisageons un programme dans ce sens.
Plusieurs sujets sont à mettre sur la table. Par exemple, nous faisons face à des enjeux juridiques sur la manière de protéger les prestataires contre des demandes excessives de clients parfois difficiles à refuser. Il serait peut-être judicieux de mutualiser ces questions avec une expertise juridique pour nous accompagner. Nous discutions également des questions d’éco-production. J’aimerais que nous organisions un voyage à Valence pour découvrir ce que fait la Cartouch’Verte, en impliquant également la métropole de Montpellier.
Comment imaginez-vous la suite ?
Sophie Marron : J’espère que nous aurons l’opportunité d’accueillir d’autres studios, mais il est important qu’ils partagent nos valeurs et notre état d’esprit. Nous avons également l’ambition de mutualiser certains services informatiques et de réfléchir aux ressources humaines, par exemple en permettant aux intermittents de compléter leurs heures dans d’autres studios d’animation, en facilitant la circulation des CV avec un répertoire… Nous manquons cruellement de plateforme sur le sujet.
J’aimerais aussi que nous mettions en place des formations, car il est crucial de permettre à des personnes différentes d’accéder à ces métiers, même si elles ne peuvent pas fréquenter une école privée. Nous sommes mobilisés sur ces questions auprès de l’Université Paul Valéry en vue de construire une formation publique.
Quelle est votre ambition vis-à-vis du public ?
Sophie Marron : Une émanation du MIA, spécifique R&D, a déjà vu le jour, portée par NoBody Studio et les Fées Spéciales. Dans ce cadre, nous nous orientons vers des réflexions, des conférences et des rencontres avec le grand public, tandis que le MIA reste réservé aux professionnels et aux studios. Notre objectif est également de mobiliser ce réseau pour organiser des échanges avec le grand public.