Santé — Montpellier Méditerranée Métropole

Métropole de Montpellier : la pollution de l'air est responsable "d'environ 400 décès par an"

Selon une étude publiée mercredi 29 janvier par Santé publique France, l’exposition au long cours à la pollution atmosphérique entraîne un "fardeau considérable", sanitaire et économique, de plusieurs dizaines de milliers de maladies, chaque année dans l’Hexagone. Un phénomène que le médecin et chercheur au CHU de Montpelier Grégoire Mercier étudie à l'échelle locale depuis plusieurs années.

Le chercheur en santé publique au CHU de Montpellier Grégoire Mercier s’en réjouit : “C’est la première fois qu’il y a un rapport sur les effets au long terme de la pollution atmosphérique sur la santé et sur le nombre de maladies chroniques qui pourraient être évitées.”

En effet, pour la première fois, l’agence Santé publique France a évalué, sur la période 2016-2019, l’impact quantitatif de la pollution de l’air ambiant sur la survenue de huit maladies au lien avéré avec l’exposition aux particules fines et au dioxyde d’azote (cancer du poumon, bronchopneumopathie chronique obstructive, asthme, pneumopathie et autres infections aiguës des voies respiratoires inférieures (grippe exclue), mais aussi accident vasculaire cérébral, infarctus aigu du myocarde, hypertension artérielle et diabète de type 2 ont été explorés).

L’étude, publiée mercredi 29 janvier, démontre ainsi que l’exposition au long cours à la pollution atmosphérique entraîne un “fardeau considérable”, sanitaire et économique, de plusieurs dizaines de milliers de maladies, chaque année dans l’Hexagone.

40 000 décès par an en France

Le Dr. Mercier, grâce à ses recherches et au logiciel médical de sa start-up, Air-Map, avait déjà mesuré l’impact de la pollution de l’air sur la santé à l’échelle locale. Il estime qu’elle est responsable, rein que dans la métropole montpelliéraine, “d’environ 400 décès par an”. À l’échelle nationale, ce chiffre monte à 40 000 selon Santé publique France.

“Plusieurs dizaines de milliers de maladies évitables”

Il y aurait cependant “plusieurs dizaines de milliers de cas de maladies évitables en réduisant les niveaux des particules fines et de dioxyde d’azote dans l’air ambiant“, souligne l’agence sanitaire, qui a travaillé avec plusieurs partenaires (Ineris, ORS Île-de-France, Creai-ORS Occitanie, Citepa, un centre d’investigation Inserm/CHU de Bordeaux).

Réduire les concentrations aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé permettrait d’éviter 75 % des cas de maladies liées à l’exposition aux particules fines (PM2,5) et près de 50 % pour celles liées au dioxyde d’azote (NO 2), estime l’étude. Près de 30 000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants de 0 à 17 ans pourraient ainsi être évités avec le respect du seuil de particules fines défini par l’OMS.

Une tendance à la baisse de la pollution depuis les années 2000

 “Il faut quand même savoir – c’est un des rares domaines où il y a des bonnes nouvelles – que les niveaux d’exposition à la pollution atmosphérique sont à la baisse en Europe depuis les années 2000”, précise le Dr. Mercier. Et d’ajouter, en clin d’oeil à la politique de la Métropole de Montpellier actuelle : “La question que tout le monde se pose et à laquelle je n’ai pas la réponse, c’est : est-ce que ça baisse plus vite dans les collectivités qui sont actives en terme de ZFE, etc. ? C’est un peu ce que tout le monde dit, mais moi j’ai jamais vu de mesure de tout ça.”

Selon les données récoltées, la tendance générale de la baisse de la pollution de l’air sur le long terme est essentiellement due à la réduction des émissions à la source (circulation automobile, chauffage, émissions industrielles, etc.). “Mais est-ce que les décisions locales ont un impact supplémentaire ? Je pense que ça reste quand même à démontrer”, affirme Grégoire Mercier.

Un “poids économique majeur”

Il n’empêche, la pollution de l’aire empoisonne toujours la santé des habitants et fait payer un lourd tribut au système de santé, comme le révèle cette étude de Santé publique France. Dans l’Hexagone, l’impact de la pollution de l’air sur les huit maladies a été évalué, en partenariat avec Aix-Marseille School of Economics, à “12,9 milliards d’euros en lien avec les PM2,5, soit presque 200 € par an et par habitant, et 3,8 milliards d’euros pour le NO 2, soit 123 € par an et par habitant.”

Prendre en considération ce “poids économique majeur”, pour reprendre la formulation de l’agence, pourrait “permettre d’éclairer les décisions [politiques] sur des arguments sanitaires mais aussi économiques, y compris sur des questions de dépenses de santé publique. Ce qui n’est quand même pas un petit sujet en ce moment”, conclut Grégoire Mercier. Un sujet sacrément dans l’air du temps.

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