Métropole de Montpellier : les défenseurs de Sablassou appellent à la cohérence après l’avis du commissaire-enquêteur
Quatorze associations se sont rassemblées devant l'Hôtel de Métropole ce jeudi 3 octobre pour exprimer leur revendication et rappeler l'urgence d'une politique respectueuse de l'environnement après l'avis défavorable du commissaire-enquêteur concernant le projet d'urbanisation de Sablassou à Castelnau-le-Lez.
Un projet contesté
L’urbanisation de Sablassou, qui prévoit la création d’une réserve foncière sur 10 hectares de terres agricoles parmi les plus fertiles de la métropole, a été l’objet d’une enquête publique durant l’été. Cette dernière a révélé une opposition massive, avec 95,88 % d’avis défavorable sur les 997 contributions exprimées. Le commissaire-enquêteur a suivi cette tendance en émettant un avis critique, notant, entre autres, que le projet ne respectait pas les engagements en matière de climat et d’agriculture du Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi).
Outre le non-respect du PLUi, le commissaire-enquêteur a pointé l’absence de prise en compte du projet de transfert de la Clinique du Parc, un élément pourtant discuté dans de nombreux débats publics.
Une bataille pour les terres agricoles
Le cœur des revendications des associations se concentre sur la préservation des terres agricoles, jugées instrumentales dans la lutte contre l’artificialisation des sols. Le co-président d’InPact Occitanie souligne l’importance de sauvegarder ces espaces : “Nous ne voulons pas perdre la terre agricole parce que, aussi bien sur Meyrargues que sur Sablassou, ce sont des bonnes terres.”
Frédéric Ortiz, président de l’association Maraîchons à Sablassou et Castelnau Sud, partage cette préoccupation : “L’enjeu, c’est de préserver les terres agricoles. Notre association, créée il y a cinq ans, cultive 4 500 m² sur un territoire de 130 hectares. Cela montre que le maraîchage peut fonctionner et nourrir des gens, car parmi les 50 adhérents, dont une vingtaine viennent chaque semaine pour récupérer gratuitement les légumes.” Ces terres, du “grenier de la métropole”, représentent selon lui un potentiel agricole inestimable : “Nous avons prouvé que cette terre est bonne. Cette année, nous avons récolté 400 kg de tomates, 150 kg de fraises et nous allons récolter des carottes. Ça marche, cette terre n’est pas polluée, elle est bonne.”
Chez Frédéric Ortiz, la dimension économique du projet suscite aussi des interrogations : “Ils parlent de développement économique, mais qu’est-ce que ça veut dire encore des zones commerciales ? On a déjà huit supermarchés et 40 points de restauration à trois kilomètres de Sablassou. Ça ne sert à rien de rajouter encore des commerces. Tout ça, c’est du vent, pour encore construire”, dénonce-t-il avant d’évoquer plus précisément le déménagement de la Clinique du Parc et le projet de halte TER, qu’il juge “aberrants”.
“Ils veulent nous mettre un bloc de béton, alors qu’il y a déjà une clinique à quatre kilomètres, la Clinique du Millénaire. S’il faut vraiment déplacer la Clinique du Parc, faisons-le ailleurs, mais pas en détruisant des terres agricoles. En plus ils veulent nous mettre une halte TER alors qu’à Sablassou, on est à cinq kilomètres de la gare de Montpellier. Qu’est-ce qu’on gagne avec une halte TER supplémentaire, alors qu’on peut déjà rejoindre la gare en 15 minutes en tram ? Cela n’a pas de sens, c’est encore un prétexte pour bétonner.” Pour lui, il y a urgence : “Si on ne met pas un stop, ça ne s’arrêtera jamais”.
Un appel à la cohérence politique
Face à ces constats, les associations demandent un retrait immédiat de l’Orientation d’Aménagement et de Programmation (OAP) Sablassou du PLUi. Elles exigent également que les parcelles concernées par le projet soient reclassées en zone agricole, à l’exception des espaces déjà destinés à des infrastructures existantes, comme le parking P+Tram et l’entreprise de traitement de déchets électroniques.
Vincent Nourigat, coprésident d’InPact Occitanie, a partagé son incompréhension face à l’absence de dialogue avec les autorités locales : “Il n’y a aucun dialogue ni avec les associations, ni avec nous en tant que représentants de l’association agricole. C’est ça qu’on déplore.” Pour lui, cette situation reflète un manque d’écoute des élus face à une mobilisation citoyenne de plus en plus forte. Il pointe par ailleurs une incohérence dans la démarche : “C’est un peu du passage en force puisque cette OAP a été déposée avant les résultats de l’enquête. Ça prouve qu’ils n’avaient pas l’intention d’en tenir compte.”
Une mobilisation croissante
La mobilisation de jeudi midi a également permis aux associations de souligner l’ampleur de la mobilisation citoyenne contre ce projet : “Près de 96 % des personnes qui ont pris la parole sur ce sujet se sont dites défavorables au projet”, rappelle Vincent Nourigat. Il s’agit, selon lui, d’un record dans l’histoire des enquêtes publiques menées dans la métropole, malgré le fait que “celle-ci se soit tenue en plein été”, période souvent “peu propice à la participation citoyenne”.
Les défenseurs de Sablassou ont profité de la mobilisation pour rappeler plusieurs demandes concrètes, dont la création d’une commission pilotée par la Métropole pour étudier des alternatives à l’implantation de la Clinique du Parc, ainsi qu’une étude approfondie des risques environnementaux. Et ils ne comptent pas en rester là. En cas de refus des autorités de réviser le projet, ils envisagent “des actions symboliques”. “S’il continue à y avoir un passage en force, c’est sûr qu’on va réagir. On ne va pas se laisser faire comme ça”, prévient Vincent Nourigat, laissant entendre que la lutte est loin d’être terminée. Prochain rendez-vous : une nouvelle mobilisation devant le Conseil de Métropole le 8 octobre.