Métropole de Montpellier : Véronique Négret, “il est nécessaire de faire évoluer les paillotes vers un modèle plus respectueux de l'environnement”
Devenues un symbole du littoral méditerranéen, les paillotes sont également une source de préoccupation. Dans cette interview, la maire de Villeneuve-lès-Maguelone, Véronique Négret, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole déléguée au Littoral, à la Prévention des risques majeurs et à la GEMAPI, nous livre son point de vue sur la question et nous éclaire sur les mesures envisagées pour protéger la biodiversité.
Quelles sont les problématiques posées par la présence des paillotes sur le littoral héraultais ?
Véronique Négret : “Je suis préoccupée par deux problématiques majeures liées aux activités des paillotes de plage. D’une part, la question du partage de l’espace public se pose. Il n’est pas rare que les paillotes soient perçues par les usagers de la plage comme une appropriation privée d’un espace naturel qui devrait être accessible à tous. Cela peut conduire à des conflits d’usage. D’autre part, il y a l’impact environnemental de ces activités, qui ne sont pas sans incidence sur la biodiversité et la fragilité des milieux.”
Quelles sont les principales perturbations environnementales causées par les paillotes de plage ?
Véronique Négret : “Comme pour toute activité économique, il y a une production de déchets liée aux paillotes. Leur attractivité crée également un flux et une concentration de personnes au même endroit, entraînant des problèmes de stationnement et des excès. Leur implantation peut réellement fragiliser les dunes et augmenter les risques de submersion marine lors de tempêtes maritimes. On l’oublie souvent mais l’activité nocturne peut aussi avoir des conséquences négatives sur la biodiversité. Il est essentiel de prendre en compte ces préoccupations environnementales pour préserver la beauté et la diversité des milieux naturels qui font la richesse du littoral héraultais.”
Quels sont les efforts que vous attendez des acteurs du secteur ?
Véronique Négret : “Tout d’abord, les gérants de paillotes pourraient améliorer leur gestion des déchets et contribuer à réduire la production de détritus en évitant l’utilisation de vaisselle jetable et en proposant des alternatives durables. Ensuite, ils pourraient jouer un rôle important en prenant davantage en compte la problématique des mégots de cigarettes et en renonçant à offrir à leurs clients des services de confort tels que les douches et les transats, qui ont un impact négatif sur l’environnement. Enfin, ils pourraient être des moteurs de sensibilisation auprès de leur clientèle en encourageant les bonnes pratiques.”
Quelles sont les opérations de sensibilisation qu’ils pourraient mettre en place ?
Véronique Négret : “La sensibilisation à l’importance de la préservation de la biodiversité est un enjeu crucial, et chaque individu peut y contribuer. Les propriétaires de paillotes ont une part déterminante à jouer dans cette sensibilisation en collaboration avec les autorités et les structures dédiées à la préservation de la biodiversité, telles que le Conservatoire du littoral. Il serait envisageable d’afficher des panneaux d’information à l’intérieur des paillotes, informant les clients sur la biodiversité spécifique du site sur lequel ils se trouvent. Ainsi, les propriétaires de paillotes pourraient devenir des acteurs privilégiés pour encourager les bons comportements et donc la préservation de cet écosystème.”
Quelles sont les réglementations que vous aimeriez voir appliquer sur ces activités ?
Véronique Négret : “Plusieurs mesures peuvent être prises par les autorités locales pour encourager les paillotes de plage à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Tout d’abord, la limitation de la taille de ces structures peut permettre de réduire l’impact sur l’espace naturel et favoriser une intégration plus harmonieuse. De même, l’interdiction d’ouverture tardive peut contribuer à limiter la pollution sonore et à préserver la tranquillité de la plage. Baisser les décibels peut rééllement contribuer à favoriser une transition vers un tourisme. Les autorités peuvent également veiller à ce que les paillotes respectent le délai de 6 mois d’implantation sur la plage et que la structure soit totalement démontable pour laisser à la nature tout son espace le reste de l’année.
Si notre délégation avait la possibilité d’imposer une réglementation aux gestionnaires de paillotes, les consignes à appliquer seraient axées sur l’impact visuel et environnemental de la structure. Il serait important de veiller à ce que la paillote ne contribue pas au risque de submersion marine et d’érosion, tout en garantissant son intégration parfaite au paysage naturel. En d’autres termes, les gestionnaires de paillotes devraient être tenus de respecter des normes strictes en matière de conception et de construction, afin de minimiser leur impact sur l’environnement naturel.”
Les paillotes sont régulièrement menacées de disparition. Quelle est votre position à ce sujet ?
Véronique Négret : “Si l’on aborde cette question, il est important de prendre en compte différents points de vue. Sur le plan économique, il est essentiel d’accompagner les professionnels du secteur dans une transition vers un modèle plus vert plutôt que de procéder à une interdiction brutale qui mettrait en difficulté tout un secteur de l’économie touristique. Cette transition doit se faire de manière progressive et planifiée, afin de permettre une adhésion des acteurs concernés.
En ce qui concerne la protection des milieux naturels, il ne s’agit pas de sanctuariser systématiquement les espaces mais plutôt de trouver un équilibre entre les activités humaines et la préservation de l’environnement. Les paillotes peuvent être une activité économique compatible avec la protection des milieux naturels, à condition que les gestionnaires respectent des consignes précises pour minimiser leur impact environnemental.”