Justice — Montpellier

Meurtre sur l'île de Thau : deux hommes condamnés à 15 et 20 ans de prison, un autre acquitté

Après une semaine de procès aux Assises de Montpellier, le verdict est tombé le vendredi 31 janvier en toute fin de journée. Deux des trois hommes ont été condamnés à 20 et 15 ans de prison, le troisième a été acquitté.

Les derniers mots ont été donnés aux trois prévenus en début d’après-midi pour clore les débats aux Assises de Montpellier. “Je regrette profondément et j’espère qu’un jour la famille me pardonnera“, a conclut depuis le box des accusés Abdelkrim Challam, qui a reconnu avoir tué le jeune Ayoub Anajjar le 24 avril 2020 sur l’île de Thau.

À ses côtés, son petit frère Sophian Challam, suspecté d’être l’homme armé d’un Luger 9mm qui a tiré en second, a répété qui lui n’a “jamais eu d’arme à la main“. Le troisième prévenu, Nordine Souas, qui a comparu libre toute la semaine, a réitéré sa défense. L’homme a assuré à la barre qu’il n’a “tiré sur personne”, alors qu’il est poursuivi pour avoir tenté de tuer une autre personne juste avant la mort d’Ayoub Anajjjar. “Je regrette les violences, c’est allé un peu loin.

15 à 20 ans de prison et un acquittement

Un dernier mot avant que les juges et les jurés ne partent délibérer pendant plus de trois heures. Pendant ce temps, dans une ambiance électrique, le hall du tribunal ne désemplit pas, où tournent en rond la famille qui s’est porté partie civile et les proches des prévenus.

Le verdict tombe vers 18h30 dans une salle comble. Avant de prendre la parole, la présidente de la cour prévient : “Il ne sera toléré aucune manifestation” à la lecture des décisions. “Il y a un service d’ordre renforcé, s’il y a un commentaire, la personne sera expulsée.

Abdelkrim Challam, le tireur de 36 ans qui a reconnu les faits, a écopé de 20 ans de prison ferme, jugé coupable d’avoir donné la mort à Ayoub Anajjar. Son petit-frère, Sophian Challam, a lui été acquitté pour la détention d’arme. Les avocats des deux frères estiment que ce verdict est juste et n’ont pas prévu de faire appel.

Nordine Souas, présenté pendant tout le procès comme le “caïd du quartier”, a été reconnu coupable d’avoir tenté de donner la mort à un autre homme, Younès B, dans une deuxième fusillade. L’homme de 34 ans a été condamné à quinze ans de prison, avec deux tiers de période de sûreté.

Sans surprise nous formons immédiatement appel contre cette décision qui tombe comme un couperet alors que mon client comparaissait libre et qu’il s’est défendu depuis le premier jour de tout usage d’une arme. Nous affirmerons que la rumeur publique ne serait constituer une preuve”, commente Me Jean-Baptiste Mousset, avocat de Nordine Souas qui a comparu libre et qui a directement été emmené à la prison de Villeneuve-Lès-Maguelone à la fin de l’audience.

Une affaire sur fond de trafic de stupéfiants ?

Ayoub Anajjar, surnommé “Poisson” et connu des services de police, a été assassiné de cinq balles à bout touchant alors qu’il était au volant de sa voiture, dans la soirée du 24 avril 2020 sur l’île de Thau, quartier de Sète gangréné par les stupéfiants et la violence. L’attaque s’est déroulée lors du premier confinement et le premier jour de ramadan. Une journée particulièrement tendue dans la cité alors que deux bandes rivales s’étaient bagarrées un peu plus tôt dans la journée au Auchan, en lien avec le trafic de stupéfiants.

Une vidéo de la scène du crime, largement diffusée sur les réseaux sociaux, montre qu’un premier homme a tiré sur Ayoub Anjjar à bout portant, à travers la fenêtre ouverte du véhicule. Un second tireur, capuche sur la tête, est arrivé dans la foulée pour une deuxième salve de tirs. Avec l’acquittement de Sophian Challam, ce dernier n’est donc toujours pas identifié.

Cette décision de justice ne répond pas à toute les questions. C’est une étape pour le deuil de mes clients mais cela ne répare pas leur souffrance“, commente Me Mathieu Montfort, avocat des parties civiles.

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