Meurtre sur l'île de Thau : la justice tente de faire la lumière sur la journée de violence qui a mené à la mort d'Ayoub Anajjar
Lors de cette deuxième journée de procès, la directrice d'enquête a passé plus de trois heures à la barre pour tenter d'expliquer le déroulement des évènements qui ont mené à la mort d'Ayoub Anajjar, en avril 2020.
Mardi 28 janvier, à la cour d’assises de l’Hérault, la deuxième journée d’audience a tenté de faire la lumière sur ce qui s’est passé le 20 avril 2020 sur l’île de Thau, jour de la mort par balles d’Ayoub Anajjar. Trois accusés comparaissent : Abdelkrim Challam, qui s’est rapidement désigné comme le tireur et armé d’un Ruby 7.65, son petit frère Sophian Challam, suspecté d’être l’homme armé d’un Luger 9mm et qui nie. Et enfin Nordine Souas, présenté comme un caïd du quartier, un trafiquant craint des habitants, qui n’a jamais été condamné pour trafic et qui comparait libre, pour des tirs au Skorpion sur une autre personne, Younès B., un peu avant la mort d’Ayoub Anajjar.
“Un quartier gangréné par les stups et la violence“
Cette journée d’avril se déroule dans un contexte “très particulier, a insisté la directrice d’enquête, à la barre. Nous sommes à l’île de Thau, un quartier gangréné par les stups et la violence, et nous sommes lors du premier confinement, qui était très anxiogène pour tout le monde et le premier jour Ramadan“. C’est à travers ce prisme que doit être observée la journée de la mort d’Ayoub, surnommé “Poisson”.
Selon les éléments divulgués par l’enquêtrice, tout a commencé vers 18 h 30 avec une bagarre au magasin Auchan de Sète, entre des membres de deux groupes rivaux. Un témoin anonyme a expliqué aux policiers que deux bandes rivales s’affrontaient depuis plusieurs années dans le quartier de I’île de Thau, en lien avec le trafic de stupéfiants. Aucune des personnes concernées par le meurtre n’étaient présentes mais cet évènement “participe a un contexte de tension” dans la cité, précise l’enquêtrice.
“La violence est montée crescendo tout au long de la journée”
“Suite à cette altercation, poursuit la fonctionnaire de police en citant différents témoignages, une première bagarre a lieu entre Younès B. et l’accusé Nordine Souas. Younès B. est récupéré par un taxi et conduit à l’hopital de Sète“. Lorsqu’il revient à l’île de Thau, Nordine Souas lui tire dessus en rafale avec un pistolet Skorpion, sans le toucher. Onze douilles seront retrouvées. “Une chronologie se dessine, explique la policière. La violence est montée crescendo tout au long de la journée.”
Un peu plus tard, vers 21 h 30, “Poisson” se rend à l’île de Thau au volant sa BMW grise avec Kamal Alhakueu, assis côté passager. À la police, Kamal Alhakueu dira plus tard que des insultes ont fusées entre Ayoub Anajjar et Nordine Souas. À un moment, “Ayoub a passé la marche arrière pour se rapprocher de Nordine qui l’insultait, et c’est là qu’Abdekrim Challam arrive et tire”. Le passager prend alors la fuite et entend des détonations au bruit différent.
“Les subordonnés, se sont cru permis de faire pareil”
Selon Kamal, tout cela a eu lieu car Nordine Souas, présenté comme le leader, a “montré l’exemple”. “Pour ce témoin, la meute, les subordonnés, se sont cru permis de faire pareil”, explique la directrice de l’enquête. Lorsqu’il sera devant la police, Abdekrim Challam “avait l’attitude d’un père de famille dépassé par les évènements. Il dit avoir vu une arme dans les mains d’Ayoub Anajjar et a préféré tirer avant lui. Il semblait regretter son geste”. Aucune arme n’a été retrouvée en possession de la victime, “mais il y avait une centaine de personnes autour de la voiture et du corps à l’arrivée de la police”, précise la fonctionnaire.
La culpabilité de l’ainé des frères Challam ne fait pas de doute puisque l’homme à avoué, évoquant un harcèlement par la victime qui remonterait à plusieurs années. Sophian, lui, nie être le second tireur. Quant à Nordine Souas, il comparait notamment pour tentative de meurtre sur Younès B. Le verdict est attendu vendredi 31 janvier au plus tard.