MIPIM : Montpellier, Lunel et Frontignan vendent leur "Triangle d’or" devant les investisseurs nationaux
Mieux répartir la croissance démographique et le développement économique entre Lunel et Frontignan, le long de l’axe ferroviaire TER, en favorisant l’émergence de ‘quartiers gares’. C’est le message porté au Mipim (marché international des professionnels de l’immobilier) à Cannes, les 16 et 17 mars, par les élus de Montpellier, Frontignan et Lunel.
Photo : Stéphane Dalle (à gauche), 1er adjoint au maire de Lunel, délégué à l’attractivité et promotion du territoire, Michaël Delafosse, maire de Montpellier et Michel Arrouy, maire de Frontignan, le 17 mars au Mipim, sur le stand de Montpellier Méditerranée Métropole.
Les axes forts soulevés par les élus sont la mobilité décarbonée, la ville du quart d’heure et la création d’une offre immobilière plus accessible, en s’appuyant sur des villes moyennes en plein regain de forme. Un défi démographique « colossal », selon le maire de Montpellier Michaël Delafosse, des mobilités à décarboner d’urgence et un prix de l’immobilier qui flambe dans la métropole : ce contexte de surchauffe impose des mesures exceptionnelles. Le 17 mars, au Mipim à Cannes, une union sacrée a vu le jour pour inventer une nouvelle approche de l’urbanisme, autour du concept de la « ville du quart d’heure » et le long de l’axe ferroviaire. Élus de Lunel, Montpellier et Frontignan ensemble, voilà une photo de groupe inédite dans un salon international.
Côte à côté, Michel Arrouy, maire de Frontignan, Michaël Delafosse et, pour Lunel, Stéphane Dalle, 1er adjoint au maire de Lunel, délégué à l’attractivité et promotion du territoire et Véronique Michel, déléguée à la stratégie urbaine, au climat et à la transition écologique, représentant le maire Pierre Soujol, ont ‘vendu’ un seul et même territoire, devant les promoteurs et investisseurs nationaux. La première pierre d’une collaboration qui s’inscrit dans le long terme, pour trois nouveaux maires, élus en 2020, incarnant une nouvelle génération. « On a envie de penser hors les murs, de partager une ambition, de se confronter à d’autres dynamiques de territoire, et de dépasser certains archaïsmes », résument Michel Arrouy et Michaël Delafosse. Ce dernier entend mettre un terme « à la splendide ignorance, ou au voisinage courtois », qui avait cours jusqu’à présent.
RER littoral
« Il est de notre responsabilité de mieux répartir la croissance démographique, le long de la ligne de TER », insiste Michaël Delafosse, géographe de formation. Les liaisons sont rapides : entre 12 et 20 min entre Montpellier Saint-Roch et Lunel, et environ 10 min entre Montpellier Saint-Roch et Frontignan. Entre Lunel et Montpellier, le contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier, entré en service fin 2017, est un doublet de ligne salvateur. Il libère en effet des sillons sur l’axe historique, pour la création d’un « RER littoral », selon la volonté de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, autorité organisatrice.
Des sillons ferroviaires vont aussi se libérer pour les TER entre Montpellier et Béziers, avec la mise en service, à l’horizon 2032, d’une ligne nouvelle entre les deux villes, dédiée au fret et à la grande vitesse. Pour donner le réflexe TER, l’édile montpelliérain souhaite s’appuyer sur une convention-cadre signée avec la SNCF, et prévoyant une signalétique améliorée, plus de sécurité, des possibilités de stationnement vélo dans les gares, une billettique commune, etc.
Frontignan : de l’activité économique à la place d’une friche industrielle
À Frontignan, Michel Arrouy entend déplacer la gare TER sur un nouveau foncier de 11 hectares, aujourd’hui à l’état de friche industrielle – ex-site d’Exxon-Mobil. Le site ciblera plutôt « des activités économiques à vocation écologique », selon l’édile. On est là sur un projet à long terme, à l’instar de l’écoquartier des Pielles, aménagée sur une ancienne soufrerie. La dépollution doit en effet durer cinq ans, à la charge de l’industriel, qui va injecter environ 60 M€. Un procédé innovant, utilisant des tentures immenses, pour éviter la pollution olfactive et les nuisances sonores, sera utilisé. Le projet fait partie des lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt Reconquête des friches en Occitanie. Le déplacement de la gare TER est en cours de négociation avec la SNCF, l’État et la Région.
« La gare actuelle ne remplit pas son rôle. Si on veut inciter les gens à utiliser le train et connecter Frontignan et la métropole, il faut une gare moderne, accessible, avec des stationnements gratuits », insiste l’élu. Les bords du canal devraient accueillir un pôle culturel et un cinéma, « la culture étant un fort vecteur de développement économique ». La Zac des Hierles prévoit un potentiel, à terme, de 500 logements, « en évitant de faire une ville dortoir ».
Lunel : grand succès pour l’opération La Manufacture de Helenis
À Lunel, la commercialisation du programme immobilier La Manufacture du promoteur Helenis (Groupe GGL, Montpellier), qui sortira de terre sur une friche de la SNCF, à deux pas de la gare, connaît un succès foudroyant. « Les villes moyennes connaissent un regain d’intérêt. De nouveaux enjeux urbains émergent autour des pôles d’échanges multimodaux. Introduire la densité en cœur de ville et raisonner la cohérence urbaine à l’échelle du bassin de vie deviennent plus que jamais d’actualité », souligne Véronique Michel. « Il faut réduire la pression sur les prix de l’immobilier dans la métropole de Montpellier. Et pour y parvenir, nos voisins peuvent être des réceptacles, car ils offrent des prix bien moins élevés », admet Michaël Delafosse. Plusieurs opérateurs portent d’ailleurs des projets à Lunel : M&A, Cogedim, FDI Immobilier, Amétis, Kaufman&Broad.
Montpellier : deux quartiers gares
Deux quartiers sont créés autour des deux gares de Montpellier, Saint-Roch et Sud de France. Autour de Saint-Roch vont notamment sortir de terre 30 000 m2 de bureaux, alors que l’offre fait défaut en hypercentre.
Un groupe scolaire, des logements et la nouvelle direction régionale SNCF sont aussi programmés. Sud de France sera desservi par l’extension de la ligne 1 du tramway « à partir de novembre 2024 », déclare Michaël Delafosse. Autour d’elle, le quartier Cambacérès, « entièrement tourné vers l’innovation », accueillera, entre autres, la Halle de l’Innovation, le tiers-lieu de la Halle Nova, des pôles majeurs de formation, comme les campus Ynov (école du numérique) et Montpellier Business School, et des bâtiments tertiaires. Enchaînant les rendez-vous institutionnels sur le Mipim avec des investisseurs nationaux, dans un petit salon aménagé sur le stand de la métropole, Michaël Delafosse déclare « flécher certains projets que la métropole ne peut pas accueillir vers Lunel et Frontignan ».
Lors de ces rendez-vous confidentiels, d’autres contacts ont directement concerné la métropole. Par exemple, la reprise de la parcelle de Groupama sur le site Chaptal, ou l’avancée d’Ode à la Mer, « personne ne voulant classer les zones commerciales actuelles de Lattes et Pérols aux Bâtiments de France », ironise l’édile. Parmi les enjeux d’urbanisme majeurs, il identifie « la transformation des grands hypermarchés et de leurs parkings, et l’enjeu de la logistique urbain et du dernier kilomètre ».
Ce triangle d’Or Lunel-Montpellier-Frontignan illustre aussi le rayon d’action de la nouvelle agence de développement économique. « Nous vivons des bouleversements majeurs, avec le Covid et la situation géopolitique. Il y a un enjeu fort de relocalisation d’industries de pointe. Des opportunités se jouent en ce moment, sachant qu’en matière d’énergies renouvelables, les entreprises présentes dans la métropole réalisent environ un milliard de CA en cumulé. Le rôle de l’agence de développement économique est de structurer les écosystèmes, en priorisant par exemple l’économie de la mer pour Frontignan.
Repères
L’Hérault accueille environ 14 000 habitants supplémentaires chaque année, d’après l’Insee. Montpellier compte 300 000 habitants, Lunel 26 000 et Frontignan 22 500.