Mobilisation des agriculteurs à Villeneuve-lès-Béziers : "Avec le Mercosur, on ne peut plus être rentables"
Depuis 5 heures du matin ce vendredi 13 décembre, de nombreux agriculteurs se mobilisent au niveau du dépôt d’Intermarché. L’origine de cette action est la signature des accords UE-Mercosur, vivement contestés.
Alors que, le 19 novembre dernier, des centaines de paysans venus de l’Hérault, de l’Aude et des Pyrénées-Orientales avaient déjà bloqué le Perthus, à la frontière espagnole, la mobilisation ne faiblit pas. Ce matin, la situation reste tendue à Villeneuve-lès-Béziers, où une présence policière renforcée est déployée pour encadrer les actions des agriculteurs.
Des contrôles ciblés sur les camions
Les agriculteurs filtrent les camions pour inspecter leur cargaison et vérifier la proportion de marchandises étrangères entrant sur le territoire. Benjamin Bajada, vice-président de la Coordination Rurale de l’Hérault, explique les motivations derrière ce mouvement : “On a découvert des agneaux d’Espagne, de la dinde venant de Belgique, abattue en Pologne et transformée en Roumanie. Ce matin, on a trouvé un camion avec des cartons de muscat de Grèce, alors qu’on a Frontignan, le plus gros producteur de muscat. C’est pour ça que ça a dégénéré avec les forces de l’ordre.”
Des revendications claires
Les agriculteurs dénoncent la concurrence déloyale et la pression économique accrue causée par les importations étrangères, qu’ils jugent incompatibles avec leurs propres coûts de production. Selon Benjamin Bajada, les impacts de cette situation sont multiples : “On n’est pas concurrentiels. Le vin espagnol monte à 35 € l’hecto, tandis que nos viticulteurs le vendent à 55 €, alors qu’il valait 90-100 € auparavant. Avec des frais de 4 000 € pour la taille, la vendange et tous les produits phyto et des rendements diminués par la sécheresse, on n’est plus rentables.”
Ce malaise s’étend également aux éleveurs, producteurs laitiers et céréaliers. Ils pointent du doigt la chute des prix des céréales, aggravée par les importations ukrainiennes : “On a perdu 52 % de notre prix de vente à cause de ça. Tout ça, mis bout à bout, c’est un ras-le-bol général.”
Une colère contre les décisions politiques
La signature récente des accords du Mercosur est une des causes principales de la colère des agriculteurs. “C’est honteux. On a un président qui n’écoute pas ses agriculteurs et une ministre qui ne connaît rien à l’agriculture. Comment négocier dans ces conditions ?”, s’indigne Benjamin Bajada. En plus de l’impact des politiques commerciales, les agriculteurs font face aux défis de la sécheresse et de la hausse des coûts de production. Ces difficultés, cumulées, rendent leur activité de plus en plus difficile à pérenniser.
Une mobilisation qui pourrait durer
La Coordination Rurale a laissé entendre que cette action pourrait se prolonger toute la journée, tant que leurs revendications ne seront pas entendues. En attendant, les automobilistes sont invités à éviter la zone en raison des perturbations.
