Collectivités — Région occitanie

Montée des eaux : la CRC pointe le manque d’anticipation des collectivités

Un rapport de la Chambre régionale des comptes alerte sur le retard des collectivités locales méditerranéennes dans la prise en compte de la montée des eaux et de l’érosion côtière. Une situation inquiétante face aux conséquences croissantes du changement climatique.

Selon un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC), les collectivités locales du littoral méditerranéen peinent à anticiper la montée des eaux et l’érosion du trait de côte, des risques qui s’aggravent sous l’effet du changement climatique. Avec ses 1 700 kilomètres de côtes et ses 3,3 millions d’habitants, cette façade maritime est la région la plus densément peuplée de France. Mais son attractivité se heurte à sa vulnérabilité : “La connaissance de la vulnérabilité physique reste un domaine très insuffisamment investi par les collectivités locales”, déplore la CRC.

L’élévation du niveau de la mer et l’augmentation des températures intensifient les risques de submersion marine et d’érosion. En 2024, le Cerema estimait que la valeur des biens menacés sur l’arc méditerranéen pourrait atteindre 11,4 milliards d’euros en 2100. Pourtant, les stratégies locales peinent à s’adapter.

Des plans d’aménagement inadaptés

En Occitanie, 53 communes ont intégré les risques littoraux dans leurs documents d’urbanisme, mais cette dynamique reste bien moins avancée en Corse et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Par exemple, “seules trois communes en Camargue et Fréjus intègrent les risques littoraux” dans leurs documents. De nombreux plans de prévention des risques d’inondation (PPRI) sont obsolètes ou non actualisés, parfois modifiés pour répondre à des pressions locales au détriment des impératifs de sécurité.

Cette gestion insuffisante est aggravée par l’attrait économique des zones côtières. Le marché immobilier reste florissant, y compris dans les secteurs les plus exposés. “Les prix au mètre carré sont d’autant plus élevés qu’ils se rapprochent de la mer”, souligne le rapport. Ce décalage entre risques et décisions favorise une urbanisation mal maîtrisée, ce qui accentue les vulnérabilités.

Un manque de coordination

Le rapport pointe également un déficit de coordination entre les acteurs publics. Les collectivités “réagissent en ordre dispersé”, souvent en priorisant les intérêts économiques à court terme plutôt qu’une réflexion à long terme. Les outils offerts par la loi Climat et Résilience, comme les cartes d’exposition au recul du trait de côte, sont encore peu utilisés. À ce jour, seules 42 communes se sont engagées dans cette démarche.

Pour la CRC, une meilleure organisation est nécessaire, impliquant non seulement les collectivités locales, mais aussi l’État. La gestion des risques littoraux doit s’étendre au-delà des zones côtières et inclure l’arrière-pays dans une vision d’ensemble.

Repenser le financement et la prévention

Les coûts d’indemnisation des catastrophes naturelles explosent, tout comme ceux des solutions à long terme. La CRC appelle à réorienter les financements vers des actions préventives et des solutions de relogement. Elle recommande aussi une meilleure utilisation des ressources disponibles, telles que la taxe Gemapi et les redevances domaniales, pour financer la défense et la recomposition du littoral.

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