Montpellier, avocats : Me Maxime Rosier et Me Iris Christol élus respectivement bâtonnier et vice-bâtonnier
Jeudi 23 juin, à 13h40, après un vote électronique qui a eu lieu toute la matinée, le bâtonnier Nicolas Bedel de Buzareingues a proclamé les résultats…
Me Maxime Rosier et Me Iris Christol, cobâtonniers du barreau de Montpellier 2023-2024 © Virginie Moreau
Sur 1 082 votes, le binôme constitué de Me Maxime Rosier et Me Iris Christol a remporté 564 voix, tandis que Me Charles Salies a obtenu 483 voix. Il y a eu 35 votes blancs. Me Maxime Rosier deviendra donc le prochain bâtonnier du barreau de Montpellier et Iris Christol le vice-bâtonnier, sachant que tous les deux envisagent un co-bâtonnat où les tâches seront équitablement partagées.
Ils succéderont au bâtonnier Nicolas Bedel de Buzareingues le 1er janvier 2023.
Réactions à chaud
Le duo a été acclamé par ses partisans à l’annonce des résultats. Me Maxime Rosier confie : “Ça a été une campagne fantastique durant laquelle nous avons rencontré tous les confrères du barreau, fait remonter tout leur ressenti notamment sur leur mode d’exercice, leurs aspirations… le tout dans un climat très bienveillant. Nous avons reçu un accueil et un soutien fantastiques”.
Il ajoute : “Nous portons l’idée de modernité et d’ouverture au sein de l’Ordre et dans la cité. Nous allons tout faire pour “refaire famille” avec les confrères, que chacun soit à sa place, que chacun puisse s’investir à l’Ordre et trouver les outils pour son exercice”.
Pour sa part, Me Iris Christol affirme : “Nous avons tous les deux conscience que le bâtonnat est une grande responsabilité. Nous avons fait la promesse à ce barreau de le moderniser et de l’unifier. Nous tâcherons de faire bouger les lignes pour le barreau comme pour chaque avocat”.
Visiblement émue, elle explique : “J’ai une pensée pour mon grand-père, qui fut élu bâtonnier de cet Ordre il y a 52 ans, et pour mon père. En effet, nous prendrons nos fonctions trente ans pile après la prise de fonction de mon père. La coïncidence est émouvante. Je mesure parfaitement ce qui nous attend. C’est avec enthousiasme que nous abordons ce mandat”.
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Le 16 juin dernier, la rédaction d’Hérault Tribune avait posé 3 questions au binôme. Voici leurs réponses.
Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?
Maxime Rosier : “Notre candidature est articulée autour de deux grands axes :
• ouvrir au maximum l’Ordre aux confrères pour rassembler la famille des avocats. Cela implique une transparence des travaux de l’Ordre, des commissions, des ordres du jour, et des rencontres les plus fréquentes possibles…
• accentuer l’ouverture du barreau à la cité, à la société civile. Cela a déjà été initié par le bâtonnier Nicolas Bedel de Buzareingues. Nous allons nous inscrire dans cette continuité et amplifier cette ouverture en représentant le barreau dans tous les domaines de la vie de notre territoire : économique, universitaire, institutionnel, politique…
Il y a un volet offensif, qui consiste à représenter le barreau dans les formations d’excellence, à l’université, dans les services de développement économique de la région, à la CCI, dans le tissu économique… Et un volet défensif qui consiste à défendre le périmètre du droit et défendre les confrères lorsqu’ils en ont besoin. Nos thématiques sont complétées par des sous-thématiques concernant les jeunes avocats, la transparence, le collaboratif…”
Iris Christol : “Ouvrir l’Ordre aux confrères et rassembler signifie que chacun trouve sa place et qu’au sein des commissions interviennent des avocats qui ont des compétences sans pour autant être élus membres du Conseil de l’Ordre. Notre barreau a des richesses extraordinaires en termes de compétences. Il est fondamental pour nous de fédérer les énergies et les compétences au service du collectif.
Nous voulons donner à voir le travail de l’Ordre pour que chacun se sente concerné. Nous ne voulons pas donner l’impression qu’au Conseil de l’Ordre sont décidées des choses qui nous échappent. Ça nous appartient à tous. Il faut donc ouvrir des commissions à toutes les personnes compétentes qui veulent y travailler, et rendre compte de ce que font ces commissions. L’aspect collaboratif permet que chacun puisse apporter sa pierre à l’édifice pour se mettre à la disposition du collectif. Nous voulons rassembler tous les avocats quel que soit leur mode d’exercice pour que chacun se sente chez lui.”
Quels sont les qualités et les atouts de votre double candidature ?
Maxime Rosier : “Notre binôme est paritaire homme/femme. Nous avons longuement discuté sur la place de chacun. Iris a choisi d’être vice-bâtonnier pour des raisons qui lui appartiennent. Je ne me suis pas autoproclamé bâtonnier. Nous avons émis l’idée d’un cobâtonnat plutôt que d’un bâtonnat et d’un vice-bâtonnat.
Par ailleurs, nous sommes représentatifs du barreau et de sa diversité d’aujourd’hui. J’appartiens au barreau de droit public, et je suis plus proche du barreau d’affaires. Pour sa part, Iris Christol appartient au barreau judiciaire et pénal. Elle a été membre du Conseil de l’Ordre. Elle est issue d’une famille d’avocats ; son père et son grand-père ont été bâtonniers. Nous représentons à la fois la modernité et la tradition, et nous avons une complémentarité de regards. La fonction de bâtonnier est une fonction multiple qui inclut la représentation du barreau ; autant être le plus représentatifs possible.
Ce sont des atouts majeurs. Nous avons aussi l’avantage d’apporter un regard nouveau. Nous avons consulté les confrères de Toulouse, Lyon, Marseille pour savoir ce qui se faisait dans des barreaux de taille similaire, afin d’apporter une méthode nouvelle, qui est celle de l’ouverture.”
Iris Christol : “Le barreau de Montpellier est composé de 1 300 avocats. Nous sommes nombreux. A deux, nous aurons deux fois plus de temps à consacrer à l’Ordre.
C’est d’autant plus nécessaire que dans les mois qui viennent, des réformes majeures impactant la fonction du bâtonnier se profilent. Nous avons anticipé tout cela, notamment la réforme des perquisitions du cabinet d’avocat, où le rôle du bâtonnier a été complètement modifié. Cela va de pair avec la modification du secret professionnel liée à la loi confiance du 22 décembre 2021. Une réforme de la déontologie entrera en application au mois de juillet, qui va faire en sorte que la déontologie et le disciplinaire des avocats soient calqués sur ceux qui s’appliquent aux médecins, avec une obligation de conciliation – qui jusque-là n’existait pas – à chaque fois qu’il y aura des contestations, des litiges, notamment avec les justiciables. Cela va prendre beaucoup de temps à mettre en place. Il faudra régler ces problèmes, sinon l’avocat aura affaire directement au conseil de discipline. Avec Maxime, nous avons décidé de nous répartir la tâche pour les arbitrages simples. Si l’arbitrage est compliqué et s’il y a besoin d’un double regard, nous travaillerons dessus à deux, le bâtonnier et le vice-bâtonnier, pour apaiser les conflits, trouver des solutions et éviter que cela ne tourne au juridictionnel. Notre objectif est d’être utiles à nos confrères.
Nous avons un double tempérament, nous avons l’habitude de travailler ensemble. C’est fondamental et indispensable pour affronter les défis majeurs qui se présentent.
Le monde a changé. Nous voulons représenter les avocats, les avocats conseils, les avocats avec ou sans robe. Ce n’est plus l’habit qui fait l’avocat. Etre avocat est un état – “le plus bel état du monde”, disait Voltaire. Etre avocat ne se limite pas au costume d’audience.”
Comment définiriez-vous l’avocat aujourd’hui ?
Iris Christol : “Partenaire essentiel de justice et praticien universel du droit, il accompagne, construit, défend, trouve les solutions les plus adaptées pour ceux qui ont recours à ses services. Le socle commun est la compétence, juridique ou juridictionnelle ; la confiance, garantie par le secret professionnel et la déontologie qui doit tous nous animer ; l’indépendance pour laquelle nous nous sommes battus au niveau national, fondamentale pour conseiller utilement ceux qui ont recours à nous. Il doit expliquer, faire œuvre de pédagogie. Tout cela fait avocat.”
Maxime Rosier : “L’avocat, aujourd’hui, est à la fois l’héritier de celui qui se lève pour défendre la personne que la foule veut lyncher, l’héritier de cette figure qui se lève contre l’injustice ; et un professionnel confronté à la profusion de textes, aux défis de la transition environnementale et numérique, à l’accroissement de la concurrence. C’est un acteur du droit qui doit être en permanence dans l’adaptation aux contraintes modernes.
L’avocat est parfois vu comme un gêneur. Le secret professionnel est en danger, certains veulent réduire le périmètre et le champ d’action de l’avocat dans le cadre d’une justice qui se clochardise un peu, par manque de moyens. L’avocat d’aujourd’hui doit lutter plus que jamais, avec le soutien de l’Ordre. Il doit défendre ses valeurs et s’adapter aux contraintes nouvelles.”