Montpellier, CCI : des dirigeants d'industries en opération séduction devant les étudiants de MBS
Mercredi 23 novembre, de nombreux dirigeants d'entreprises industrielles étaient présents à MBS pour évoquer devant les étudiants les opportunités de carrières dans leur filière, à l'occasion de la soirée Génération Industrie.
Les intervenants ont voulu communiquer aux étudiants de MBS l’envie de rejoindre leurs entreprises et de se lancer comme eux dans l’aventure de l’industrie. Un secteur qui se porte bien, comme l’ont rappelé André Deljarry, président de la CCI Hérault, et Patrick Ceccotti, président du groupe industrie de la CCI Hérault, en préambule (lire notre article “Montpellier, CCI Hérault-MBS : l’industrie, une voie d’avenir pour les jeunes”).
Une industrie plus propre
Stéphanie Andrieu (diplômée de MBS) a fondé Urbasolar en 2006. L’entreprise, spécialisée dans le photovoltaïque pour les centrales au sol et les ombrières, s’est développée très rapidement. Elle génère actuellement 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, en France et dans une vingtaine de pays à l’étranger. La dirigeante a souhaité faire passer un message aux étudiants de Montpellier Business School : “L’industrie n’est pas réservée aux hommes, elle n’est plus en déclin, et ce n’est pas uniquement un monde d’ingénieurs” a-t-elle assuré.
Elle a rappelé que la moyenne d’âge à Urbasolar est de 31 ans. “De nos jours, les recruteurs doivent attirer les talents. Les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de jobs porteurs de sens, c’est pourquoi l’industrie doit aller au bout de la décarbonation et de la gestion des économies d’énergie, pour être crédible”, selon elle.
Savoir s’adapter
Ce fut aussi le propos de Laurent Pichon (diplômé d’un MBA à MBS), directeur général des parfums Esteban (Lavérune), dans l’entreprise depuis vingt ans. “Consignes de fabrication, process, commandes clients, chez Esteban, tout est digitalisé, le papier a disparu. L’entreprise s’est adaptée aux consommateurs en proposant des produits performants et plus propres grâce à la réglementation REACH. On s’est engagé sur la RSE. Par exemple nos produits sont composés d’alcool bio”.
Il souligne l’importance de savoir s’adapter quand on œuvre dans l’industrie. “Esteban est une entreprise artisanale qui s’est industrialisée, elle s’est totalement transformée. De céramiste, Esteban est devenu parfumeur d’ambiance et compte aujourd’hui parmi les trois leaders en France. Nous avons créé un nouveau site industriel en 2018, instaurant de la modernité dans l’assemblage, avec une nouvelle entité expédition. 50 % de nos produits sont exportés”.
Des salariés considérés
Laurent Pichon estime : “Nous donnons du sens aux produits et du sens à l’entreprise, avec notamment des journées de partages pour les salariés”. De quoi donner, peut-être, envie aux étudiants de MBS de rejoindre Esteban. L’entreprise recrute de nombreux profils différents : R&D, fabrication, expédition, commercialisation, BtoC… et fait de plus en plus appel aux apprentis.
Pierre-Damien Rochette est le président de l’UIMM Languedoc-Roussillon et de Rochette Industrie (groupe parapétrolier implanté à Béziers). Cette entreprise labellisé Vitrine industrie du futur a elle aussi digitalisé ses process et n’utilise plus le papier. Pour développer la qualité de vie au travail, Rochette Industrie a lancé le label Happy at work, et a été labellisée deux fois notamment parce qu’elle implique ses collaborateurs dans la stratégie d’entreprise. Côté recrutement, on compte 30 % de ressources supports dans l’entreprise : des postes informatique, RH, gestion… “Nous recrutons dans des écoles comme MBS pour transformer des diplômés en ingénieurs et techniciens”, explique Pierre-Damien Rochette. L’entreprise lance sa décarbonation et veut se diversifier sur les énergies nouvelles, ce qui laisse entrevoir des opportunités d’embauches dans ce domaine également.
Pierre-Damien Rochette, président de l’UIMM Languedoc-Roussillon, a souligné l’effet boule de neige des embauches dans le secteur industriel : “quand on crée un emploi dans l’industrie, on en crée trois ou quatre dans les services”. Il souligne la nécessité que les industriels travaillent en réseau, notamment au sein d’ITS Fusion.
Créer le monde de demain
Marie-Julie Silvestre (ancienne diplômée de MBS), responsable des achats d’Engie Green Montpellier, entreprise spécialisée dans les parcs éoliens et photovoltaïques, explique qu’au sein de cette entreprise “les salariés vivent pour délivrer de l’énergie propre. Cette notion d’engagement nous mobilise. Engie Green est un laboratoire au quotidien qui permet de réfléchir au monde de demain, c’est enthousiasmant”. L’entreprise recrute un panel de métiers très large : ingénieurs, développement, prospection, construction, maintenance, exploitation, fonctions supports… “Nous avons embauché un alternant qui était en quête de sens, il a été séduit par notre engagement”, analyse-t-elle.
Cédric Botella, dirigeant et fondateur du réseau Instadrone (Béziers), désormais présent dans 28 pays, a témoigné de ton parcours inhabituel. Gendarme pendant vingt ans, il a eu un jour envie de s’accomplir autrement, en faisant de la photo et de la vidéo par drone. Son entreprise s’est tournée vers les industries pour leur proposer des services et solutions. Il suit notamment le développement de l’industrie hydrogène vert pour lui proposer des solutions associées. Huit ans après sa création, Instadrone a généré un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros en 2022. “Nous avons débuté à trois dans un garage, et désormais nous avons 35 salariés. J’envisage de nombreux recrutements” assure Cédric Botella, qui a rejoint le réseau ITS Fusion.
Il veut renouveler l’image de l’industrie : “l’industrie s’est dépoussiérée. Le drone est un outil, un porteur de capteurs. Notre métier est de faire de la plus-value à partir des données récoltées par drone”. Selon lui, l’industrie du drone “est une filière trop récente pour qu’il y ait une école. Donc nous recrutons en fonction du savoir-être. Nous cherchons des personnes curieuses, disponibles, pour les former nous-mêmes”. “Je n’ai qu’un message à faire passer aux jeunes : ‘Venez chez nous pour créer le monde de demain'”.
Des milliers d’emplois générés par Genvia à terme
Pierre Cappelle, directeur des opérations chez Genvia (actionnaires : CEA, Schlumberger, Région, Vinci…), souligne l’importance de Genvia pour maintenir et développer l’emploi local à Béziers. “La clé de notre réussite est la possibilité de relocaliser la production d’énergie locale pour une consommation locale. Il y a de vraies compétences dans l’Hérault. Le projet d’électrolyseur hydrogène Genvia représente à moyen terme plusieurs milliers d’emplois, et une centaine pour débuter. Il va faire de l’Hérault une vallée verte en Occitanie en produisant de l’hydrogène vert à bas coûts”.
“Le 30 septembre 2022 était lancé Eden, un écosystème énergie naturelle pour fédérer autour de ce projet : il favorisera le développement de cette nouvelle filière autour de l’innovation, du foncier, des infrastructures (pour accueillir les familles des salariés), du recrutement, de la montée en compétences, et de l’attractivité des métiers industriels et du territoire. Ce sont des projets très ambitieux pour changer le monde”, a-t-il affirmé.
Mathieu Dossat (vice-président industrie à la CCI Hérault, membre fondateur d’ITS Fusion, membre de la commission d’attractivité d’Eden), dirigeant de Delta Automatisme, confirme la nécessité pour les industries héraultaises de fonctionner en réseau car elles “sont en compétition avec d’autres régions et le monde entier”. Il a souligné leur “flexibilité et leur capacité à rebondir, à créer, innover”.
Medvallée va favoriser l’emploi
Bertin Nahum, ingénieur de formation, est cofondateur et dirigeant de Quantum Surgical, qui conçoit et commercialise des robots pour les traitements du cancer du foie. Une entreprise primée de nombreuses fois aux niveaux national et international. Il a salué l’initiative MedVallée, initiée par la Métropole de Montpellier, et qui vise à donner de la visibilité au territoire montpelliérain dans un domaine d’excellence de santé globale, et créer un écosystème favorable à l’installation d’entreprises gravitant dans le secteur de la santé, de l’alimentation durable…
Il se dit “fier de démontrer que les entreprises innovantes créent de l’emploi, et que les entreprises peuvent rayonner depuis leur territoire d’implantation, sans forcément être installées à Paris”.
“Des innovations, et de grandes opportunités sur notre territoire”
Xavier Desmarest, cofondateur, a présenté le groupe Grand Large Yachting (Gunboat – Outremer), qui fabrique des bateaux de croisière, et innove en utilisant de nouvelles associations résine-fibre pour concevoir des bateaux. Le skipper Roland Jourdain fait actuellement la Route du Rhum à bord d’un bateau en lin réalisé spécialement pour l’occasion. Xavier Desmarest explique : “C’est fédérateur pour les équipes, on a fait travailler un labo montpelliérain de chimie, Terre de Lin, et 300 producteurs de lin ont contribué à ce projet”. Il ajoute : “Le bateau connecté est notre prochain défi pour que l’état du bateau puisse être suivi ; cela ouvre des perspectives de nouveaux métiers, comme celui de data scientist”.
Eric Causse, directeur commercial de Greensea, décrit l’évolution de l’entreprise, de la production d’algues au bioraffinage pour séparer les composés afin de fournir des microalgues et algues pour l’agriculture, la pharmacie, la cosmétique et l’alimentation. “On a doublé notre chiffre d’affaires, on est en phase de recrutement, l’entreprise connaît une nette progression”. L’avenir s’annonce radieux pour Greensea : “La recherche dans le domaine des algues en est à ses prémices. Ces substances n’ont pas d’équivalent au niveau terrestre, ce qui représente de grandes opportunités. Il y a un vrai marché sur le territoire”, selon lui.
Dans l’assistance, outre les étudiants et les personnes intéressées venues écouter les interventions, on pouvait voir Marie-Thérèse Mercier, conseillère régionale de la Région Occitanie, qui représentait la présidente Carole Delga. Nul doute que les étudiants de MBS auront compris lors de cette soirée le gisement d’emplois que représentent les industries héraultaises.