Expositions — Montpellier

Montpellier : Christian Maccotta dévoile les nouveautés et la sélection officielle des Boutographies 2023

Le festival de la jeune photographie européenne Les Boutographies investira le Pavillon Populaire et divers endroits de Montpellier du 6 au 28 mai 2023, à l'occasion de sa 23e édition. Rencontre avec son directeur artistique, Christian Maccotta.

Photo © Léa Chartier.

L’édition 2023 des Boutographies, organisée par l’association Grain d’Image, s’annonce comme “Une très belle édition par les contributions de très belle qualité, et foisonnante dans la variété des propositions”, selon Christian Maccotta. Cette année encore, l’essentiel du festival se tiendra au Pavillon Populaire, où seront présentés les clichés des 8 photographes de la sélection officielle et ceux des 15 photographes en projection, une carte blanche et une sortie de résidence. Mais d’autres lieux seront investis, créant un parcours dans la ville.

Les axes de la sélection officielle

Le directeur artistique détaille les grands axes de la programmation de la sélection officielle, autrement dit, les séries photographiques qui seront exposées sur les murs du Pavillon Populaire : “On y verra deux projets signés par Aurélien Goubau et Ekaterina Balaban portant sur les narratifs soviétiques puis poutiniens, dans deux situations où l’écart entre ce qui est dit et la réalité est manifeste. Le Belge Aurélien Goubeau est allé à Mourmansk où depuis des décennies, pour contrer la nuit polaire, on promet aux habitants qu’on va leur installer un soleil artificiel ou des objets volants qui refléteraient le soleil, mais rien n’a jamais fonctionné. La Russe Ekaterina Balaban documente l’effondrement des mines de sel et les effondrements en cascade qui se sont produits dans l’Oural, dans sa ville d’origine. Deux séries sur la propagande d’Etat qui font écho indirectement à l’actualité en Ukraine“.

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“The sea is rough” © Ekaterina Balaban

Parmi la sélection officielle, Christian Maccotta relève plusieurs travaux portant sur l’enfance, l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte, un thème qui est souvent traité au sein du festival, d’édition en édition. Il le sera cette fois-ci par l’Allemande Tamara Eckhardt, la Belge Pauline Vanden Neste, le Français Flavio Montrone et la Montpelliéraine d’origine malienne Fatoumata Diabaté. “Pauline Vanden Neste a suivi des jeunes dans l’espace urbain, à La Louvière, ancien site sidérurgique. Flavio Montrone documente la vie de son frère, jeune adulte en grande difficulté psychologique, qui vit en partie en hôpital psychiatrique et en partie en appartement. Il a instauré une relation avec son frère par la photographie. Tamara Eckhardt se penche sur les conditions faites à l’enfance dans des quartiers compliqués en Irlande. Fatoumata Diabate propose un projet sur l’excision, rite qu’elle a subi et dont elle témoigne avec une série puissante, esthétique, expérimentale” détaille le directeur artistique.

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“Nimissa” © Fatoumata Diabate

Autre sujet, la condition des femmes, traité de façon documentaire par Andréa Gjestvang (Norvège) sur des îles Féroé désertées par les jeunes femmes. Elles quittent les îles en réaction au système social fondé sur le patriarcat des pêcheurs. “Ce monde clos ne leur convient plus ; elles vont étudier au Danemark ou en Suède et ne reviennent pas, ce qui remet en cause les rituels qui ont construit cette société. Sa série Atlantic Cowboys est un très beau travail.”

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“Unleash your herds potential” © Daniel Szalai

Christian Maccotta évoque un autre travail, “plastiquement très réussi et qui a beaucoup de sens” : celui de Daniel Szalai, jeune Hongrois “très prometteur”, sur l’optimisation de l’élevage par des systèmes numériques, l’IA, au travers du suivi de l’alimentation notamment. “Son scanner 3D donne un rendu de l’espace et des animaux très particulier, une forme photographique novatrice et en cohérence avec son sujet”, commente Christian Maccotta. Autre incontournable, les projections des séries de 15 photographes figurant dans la sélection officielle.

Une carte blanche et une résidence

L’équipe des Boutographies a également donné carte blanche à la photographe italienne Camilla de Maffei, dont l’exposition occupera 5 salles à elle seule, à l’étage du Pavillon Populaire. Le directeur artistique explique : “Il y a dix ans, elle avait obtenu 4 prix sur les 5 remis lors des Boutographies. Ça a été un tournant important de sa carrière. Elle a beaucoup avancé depuis, et mené un grand projet assorti d’un livre sur le delta du Danube. Elle a passé quatre années sur place pour ce projet anthropologique destiné à documenter comment on vit dans un endroit pareil. Ce fut aussi une recherche d’elle-même. Les deux aspects se côtoient dans son travail.”

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“In between” © Elsa Beaumont

Toujours au Pavillon Populaire, les visiteurs pourront découvrir la sortie de résidence de la photographe Elsa Beaumont, soutenue par l’APF France Handicap Occitanie. Diplômée de l’école nationale de la photographie d’Arles, passée par les Boutographies, Elsa Beaumont a travaillé sur le rapport à l’espace de personnes en situation de handicap moteur.

Des ateliers d’écriture

En lien avec la série de Camilla de Maffei sur le delta du Danube et avec celle d’Andréa Gjestvang sur des îles Féroé, Christian Maccotta explique : “l’équipe des Boutographies a monté des ateliers d’écriture avec des étudiants de l’Université de Montpellier et des personnes en formation pour devenir animateurs d’ateliers d’écriture. Les textes seront affichés au Pavillon Populaire”.

Une programmation “Parallèle” et un “hors les murs”

Au-delà, une section Parallèle est créée cette année. Des expositions photographiques se dérouleront dans quatre lieux. Sur le sujet des algues vertes qui envahissent les côtes bretonnes, Alice Pallot présentera ses Algues maudites à Pierresvives. A l’Orangerie du Jardin des plantes, les visiteurs pourront découvrir l’hommage à son père de l’Espagnole Julieta Averbuj. A la Maison de Heidelberg, l’Allemande Jenny Bewer partira sur les traces des circonstances qui ont conduit au décès de son père du Covid en mai 2021. Enfin, la galerie H de l’université Paul-Valéry exposera Les Contrebandiers, de la Française Marine Lanier, “une fable documentaire montrant des figures en immersion dans une nature éternelle”.

Enfin, le hors les murs fera la part belle à des initiatives locales présentées notamment au Bar à photo, au 411… “Ces expositions ne sont pas issues des dossiers reçus par le jury des Boutographies, mais complètent sa programmation par un circuit en ville”, conclut Christian Maccotta.

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