Montpellier, Club des Entrepreneurs : l'IA et la santé, une alliance sans frontières ?

Alors que les professionnels s’interrogent sur son intégration, envisageant un virage vers une plus grande productivité, des questions subsistent, assombrissant le paysage de ce Fordisme 2.0. Si l’automatisation des chaînes de production est désormais bien ancrée dans les modèles de développement, c’est au niveau de la pensée et de la méthodologie que ChatGPT vise à révolutionner nos méthodes de travail.

Lors de la 3e édition du Club des Entrepreneurs, un événement organisé par la Banque Populaire du Sud et Medvallée, l’impact de l’IA a été examiné dans un secteur en constante évolution qui laisse peu de place à l’erreur : la santé.

Frédéric Planche, responsable de la filière Next Innov à la Banque Populaire du Sud, explique : “Le Club des Entrepreneurs a vu le jour grâce à la proximité entre la Banque Populaire et le secteur de la santé. La création du projet Medvallée nous a encouragé à créer ce club, qui organise des mini-conférences et des ateliers sur divers sujets, allant au-delà de la banque, tels que l’IA et l’entrepreneuriat. Nous estimons que notre mission consiste à accompagner les entreprises innovantes et les PME du secteur de la santé dans leur révolution.”

Bien que Frédéric Planche considère l’IA comme un outil riche en avantages, il insiste cependant sur l’importance de l’éducation et de la formation à l’utilisation responsable de l’IA générative pour garantir son adaptation : “L’IA générative intéresse de nombreuses entreprises, y compris les acteurs de la santé. Elle offre de nombreux avantages, comme la possibilité de poser des questions de manière plus naturelle, mais elle présente également des défis, notamment en matière d’éthique et de sécurité des données. C’est un outil prometteur qui nécessite réflexion et sensibilisation pour en tirer le meilleur parti.”

Aujourd’hui, la conversation autour de l’IA est incontournable, car le sujet suscite des débats. Comment utiliser ChatGPT en toute sécurité ? Comment l’utiliser sans menacer l’emploi ? Romain Crema, conférencier et formateur spécialisé dans LinkedIn et ChatGPT, a été invité à fournir des réponses à ces questions le mercredi 6 septembre 2023.

Romain Crema, qui se décrit comme “un explorateur de l’IA générative”, a plongé dans ce domaine depuis novembre 2022, à la suggestion de ses clients. “À l’époque, je collaborais avec Oracle AI, un spécialiste de l’IA, qui m’a expliqué qu’une révolution majeure était en cours, se souvient le conférencier. Depuis, j’utilise et développe l’IA générative dans mes formations. J’ai notamment élaboré des programmes d’apprentissage du prompt, c’est-à-dire l’art de poser des questions à ces IA génératives.”

Pour lui, la démocratisation de cet outil constitue une véritable révolution, avec un impact sur de nombreux domaines. Il souligne : “Bill Gates, lui-même, affirme que c’est la plus grande révolution depuis l’avènement de l’interface graphique. Aujourd’hui, c’est Microsoft, le principal acteur qui a investi plus de 29 milliards de dollars pour acquérir 49 % de la société OpenAI, dans le but d’intégrer l’intelligence artificielle dans tous les outils de la suite. D’autres comparent cette révolution à l’arrivée de l’électricité. Après l’automatisation des métiers manuels, nous sommes en train de vivre une révolution pour les travailleurs intellectuels. Nous avons désormais accès aux meilleurs experts en quelques secondes.”

Pourquoi, alors, certains professionnels hésitent-ils ? “C’est la première fois qu’un outil nous répond comme le ferait un être humain, en comprenant la structure des phrases, la grammaire et le contexte, explique l’intervenant. C’est ce qui suscite des fantasmes inspirés de la science-fiction, et cela peut certainement effrayer. ChatGPT a un QI supérieur à 168, ce qui est bluffant pour 99 % de la population. Cependant, il n’a pas de conscience à ce jour. Ce qui inquiète davantage les gens, c’est plutôt l’intelligence artificielle générale (AGI), car elle serait capable de développer ses propres méthodes d’apprentissage, équivalant au niveau cognitif d’un être humain.”

Selon Romain Crema, “l’IA générative doit être perçue comme un outil qui, correctement utilisé, peut améliorer la productivité et la compréhension, sans pour autant remplacer complètement le travail humain.”

Pascal Pujol, professeur de médecine oncologue au CHU de Montpellier et président de la Société française de médecine prédictive et personnalisée, voit un potentiel considérable dans l’évolution de la médecine connectée : “Elle peut révolutionner le suivi des maladies chroniques, les traitements à long terme, et même la médecine ambulatoire pour prévenir des hospitalisations coûteuses.  Il y a beaucoup à gagner en collectant et en exploitant les données, par exemple la lecture du génome permet d’estimer les probabilités de développement de certaines maladies. Cependant, il est nécessaire d’être pédagogue car la gestion de ces données suscite des craintes”.

Mais la principale ambassadrice de cette union, “présente” lors de la prise de parole, est indubitablement “Trinity”, co-animatrice virtuelle de Romain Crema, l’incarnation vidéo de ChatGPT. “Elle” explique : “L’intelligence artificielle, l’IA, a un potentiel incroyable pour révolutionner le domaine médical. Tout d’abord, elle peut améliorer les diagnostics médicaux en traitant rapidement d’énormes volumes de données, ce qui permet d’identifier des tendances et des schémas qui pourraient échapper à l’œil humain. Par exemple, les algorithmes d’IA peuvent analyser des images médicales pour détecter des signes de maladies plus tôt et avec plus de précisions afin d’assister les médecins. Ensuite, l’IA peut aussi aider à personnaliser les traitements. En analysant les données spécifiques d’un patient, l’IA peut identifier les traitements qui seront probablement les plus efficaces pour cette personne en particulier. Enfin, l’IA générative, comme celle que j’incarne, peut être utilisée pour créer de nouvelles structures moléculaires pour des médicaments, optimiser les structures existantes et générer des données pour entraîner et valider d’autres algorithmes d’IA. Cela peut accélérer considérablement la recherche et le développement de nouveaux médicaments”.