Montpellier : création du CTIO, un nouvel acteur clé pour battre le cancer
Projet montpelliérain avant-gardiste, inscrit dans le cadre de Med Vallée, le Centre de transfert de l’innovation en oncologie (CTIO) se profile comme un pilier fondamental dans la lutte contre le cancer. Sa mission : transformer les avancées scientifiques en innovations concrètes au service des patients.
Ville de médecine, Montpellier jouit d’une réputation établie dans le domaine de l’oncologie, avec des distinctions qui soulignent son excellence en matière de recherche. Moteur de cet écosystème, l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM) a obtenu pour la troisième fois consécutive le label SIRIC (SIte de Recherche intégrée sur le Cancer) en 2023, une reconnaissance prestigieuse. “Sur les huit labellisations nationales, Montpellier est l’un des trois sites hors région parisienne et le seul dans le sud de la France. Cette reconnaissance montre que le potentiel de recherche en cancérologie à Montpellier est vraiment reconnu”, soutient le professeur Marc Ychou, directeur général de l’ICM et du SIRIC Montpellier Cancer. D’après lui, le poids de la recherche intégrée se traduit par des collaborations fructueuses entre l’ICM, le CHU de Montpellier et les universités locales. “Sur le territoire, ce qu’il y a de frappant, c’est la dynamique collaborative qui s’est établie, explique-t-il. C’est cette énergie que le Centre de transfert de l’innovation en oncologie doit renforcer !”.
Un biocluster en oncologie
Implanté à proximité du campus ICM, dans la continuité des bâtiments existants de l’Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier, le CTIO sera doté de laboratoires à la pointe de la technologie, ainsi que d’espaces de collaboration et d’infrastructures favorables au développement de startups. “L’architecture du centre sera soigneusement conçue pour favoriser la synergie entre chercheurs et cliniciens, un élément essentiel pour stimuler l’innovation”, précise le directeur de l’ICM. Ainsi, le CTIO ne sera pas seulement une infrastructure, mais bien “un véritable écosystème conçu pour métamorphoser la recherche en innovations concrètes au service des patients”.
Concrètement, sur place, les collections biologiques et les plateformes de recherche travailleront en étroite collaboration avec les cliniciens, dans l’objectif de développer de nouveaux médicaments, biomarqueurs et cibles thérapeutiques. Le professeur Marc Ychou en est convaincu : “ce centre va permettre de transférer plus rapidement les découvertes scientifiques issues des prélèvements de patients”. Selon ses dires, cette collaboration directe avec les cliniciens permettra également d’utiliser les collections biologiques des patients pour mieux répondre à leurs besoins. “Chaque découverte doit répondre aux besoins concrets des patients, et cela ne peut se réaliser qu’en collaborant étroitement avec eux, affirme-t-il. Nous souhaitons garantir que chaque innovation bénéficie directement à ceux qui en ont le plus besoin, car c’est cela qui confère un sens profond à notre travail.”
Le futur de la santé
L’une des forces majeures du CTIO résidera donc dans son approche interdisciplinaire. Le centre rassemblera oncologues, biologistes et experts en informatique, “une synergie indispensable pour faire avancer la recherche” et “une diversité nécessaire pour aborder la complexité du cancer de manière plus efficace”.
Le CTIO mettra également à profit les nouvelles technologies pour améliorer les traitements et les diagnostics en oncologie. “Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère dans le domaine médical, où les avancées technologiques peuvent véritablement transformer le parcours de soin”, reconnaît Marc Ychou. Il insiste cependant sur le fait que l’IA ne remplacera jamais complètement l’expertise humaine : “L’intelligence artificielle va clairement faciliter et accélérer le travail des radiologues, pathologistes et autres spécialistes de l’imagerie, mais elle reste un outil”.
L’innovation n’a rien de nouveau pour l’ICM qui a vu, avec les années, des projets novateurs se construire entre ses murs et se pratiquer dans ses blocs. Parmi les innovations en cours, Marc Ychou cite les travaux du Dr Stéphane Nougaret, qui a obtenu la bourse prestigieuse “ERC Starting Grants” pour ses recherches sur l’IA appliquée à la radiologie. Son ambitieux programme de recherche intégrée en imagerie mené à l’ICM vise à digitaliser le cancer, notamment ses caractéristiques génétiques, immunologiques et histologiques à partir de l’image.
L’ICM est également pionnier dans le développement de la radiothérapie adaptative, une technologie unique en Europe, où la dose de rayonnement est ajustée en fonction de l’évolution de la tumeur pendant le traitement, grâce à l’utilisation d’outils d’imagerie comme l’IRM et le scanner combinés à l’IA. “Nous sommes les seuls en Europe à développer cette technologie !”, lance fièrement le professeur.
Un calendrier ambitieux
Le CTIO devrait multiplier ces réflexions et ces projets, consolidant la place de l’ICM et de Montpellier sur le podium des bioclusters du secteur de la santé. Le terrain ayant été acquis par la Métropole dans le cadre du projet Med Vallée, le projet reposera sur le soutien des collectivités locales, de la région et d’acteurs privés, ainsi “que des fonds propres de l’ICM”. “Nous finaliserons le budget après la sélection de l’architecte, prévue pour la fin octobre”, annonce Marc Ychou. Une fois cela fait, il faudra encore deux ans avant que le bâtiment sorte de terre.” La pose de la première pierre est envisagée d’ici à la fin de 2025, avec une ouverture anticipée pour le début de 2027.
Pensé comme le chaînon manquant d’un secteur compétitif en plein bouleversement, ce centre ne constitue “qu’une première étape” pour le directeur de l’ICM : “Notre ambition à plus long terme est de créer un biocluster qui attirera d’autres projets biotech, startups, voire des entreprises déjà installées qui souhaitent se rapprocher de notre écosystème. Notre projet est de faire de Montpellier un acteur clé dans la lutte contre le cancer”.