Montpellier : demandeurs d'asile et travailleurs sociaux en souffrance, la CGT alerte
Conditions de vie indignes pour les demandeurs d’asile, salariés à bout : le CAES, géré par l’association 2chosesLune, est accusé de maltraitance institutionnelle. La CGT exige une réponse immédiate de l’association et de l’État.
“Les demandeurs d’asile sont victimes de maltraitance institutionnelle flagrante et les salariés, dont les conditions de travail sont déplorables, ont peur de prendre la parole. C’est pour ça que nous les représentons.” Le ton est donné, devant le Centre d’accueil et d’examen des situations (CAES) de Montpellier, où Sophie Vidal, déléguée syndicale CGT Action sociale 34, prend la parole à la place des travailleurs sociaux du site, qui ne veulent pas s’exprimer, de peur des représailles. Ici, c’est l’association 2chosesLune, spécialisée dans l’hébergement d’urgence, qui gère le CAES, un village mobile qui accueille, depuis 2018, des demandeurs d’asile.
“Ils ont la sensation d’être traités comme des animaux”
En ce moment, environ 80 personnes sont prises en charge sur ce site qui, ironiquement, se trouve face au Service des solidarités du quartier Millénaire. Des hommes, des femmes isolées et des familles avec enfants qui viennent du Soudan, de République démocratique du Congo, d’Afghanistan, du Bengladesh, de Géorgie ou encore de Côte d’Ivoire et qui demandent la protection de l’État français. “Ils dorment dans des chambres de moins de 5m2 alors que le cahier des charges prévoit un minimum de 7,5m2 par personne, constate Sophie Vidal. Les deux bungalows qui servent de cuisine pour tout le monde ne sont équipés que de plaques électriques et d’un micro-ondes. Et pour faire la vaisselle, ils sont dehors, malgré le froid, de jour comme de nuit. Ils ont la sensation d’être traités comme des animaux”.
La syndicaliste ajoute : “Ils n’ont pas de quoi faire trois repas par jour. La Banque alimentaire vient tous les lundis livrer pour la semaine et le Secours populaire vient en complément le jeudi pour les nouveaux arrivants mais malgré tout, ca ne couvre pas le besoins de tout le monde.” Côté hygiène, “les kits ne prennent pas en compte les femmes, il n’y a pas de protections périodiques”. Des conditions inhumaines selon les salariés de 2chosesLune qui, à bout, ont fini par pousser la porte de la CGT Action Sociale34, vendredi 13 décembre, pour demander de l’aide.
2chosesLune et l’État doivent “prendre leurs responsabilités”
Ces travailleurs sociaux dénoncent également leur conditions de travail. Ils avaient leurs bureaux, espaces de stockage, laverie et salle de pause dans un bâtiment dans lequel l’électricité n’est pas aux normes et se coupe régulièrement, causant l’absence de chauffage. “La Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités de l’Hérault laisse faire depuis des années, mais maintenant qu’ils dénoncent leurs conditions de travail, on leur dit qu’il faut partir rapidement et on les met dans deux bungalows censés accueillir des familles en demande d’asile, s’offusque Sophie Vidal. Ils sont six dans deux modulables !”
Cette situation impacte donc directement la qualité du travail des salariés de l’association qui reçoivent des personnes en grande difficulté et dont la prise en charge ne peut plus se faire dans de bonnes conditions. Lors des “récits de vie”, par exemple, ces entretiens où les demandeurs d’asile racontent tout ce qu’ils ont vécu dans leur pays qui les a amené à le fuir, la confidentialité est essentielle. Elle est impossible à plusieurs dans un bungalow. “Il arrive que les travailleurs sociaux et les demandeurs d’asile aillent dehors pour pouvoir parler de manière confidentielle, pour plein de choses qui concernent la vie de tous les jours”, précise la syndicaliste. La CGT demande donc que “les gestionnaires de l’association 2chosesLune et l’État prennent leurs responsabilités”.