Montpellier : des Bustrams testés dans la métropole, avant une mise en service en 2025
Ce lundi 9 mai a débuté une phase de tests, dans la métropole montpelliéraine, par des conducteurs de la TaM, de bustrams électriques conçus par 7 à 8 constructeurs. L'objectif est de récolter des données sur leurs performances techniques et leur consommation.
Les Bustram présentés par Michaël Delafosse et Julie Frêche © Virginie Moreau
Une nouvelle vision des transports
Michaël Delafosse, président de la Métropole, et Julie Frêche, vice-présidente des mobilités à la Métropole, accompagnés d’Emilie Cabello, élue à l’accessibilité, avaient invité la presse à un petit voyage zéro émission de CO2 ce lundi 9 mai peu avant midi. Laurent Nison, président de la TaM, et Laurent Sénigout, directeur général de la TaM, étaient du voyage.
L’objectif de l’exécutif métropolitain rappelé par Michaël Delafosse est de “proposer un maximum d’alternatives à la voiture, pour que les Montpelliérains et les habitants de la métropole acquièrent le réflexe de se déplacer autrement qu’en voiture lorsque c’est évitable”, même pour aller travailler. “Montpellier est en train de vivre une bascule. Les habitants comprennent qu’utiliser son vélo ou les transports en commun est facile, moins coûteux que la voiture, et que c’est possible”, estime le premier magistrat.
En 2025, quand les 5 lignes de Bustram seront en service, 90 % des habitants de Montpellier et 70 % des habitants de la métropole habiteront et travailleront à proximité d’un transport en commun. Environ 60 bustram circuleront sur les 57 kilomètres de voies.
Le projet de Bustram coûtera 255 millions d’euros HT, entre les études, la création de voiries et l’achat du matériel roulant des 5 futures lignes. L’Etat a attribué une subvention de 20 millions d’euros à ce projet, au titre de l’appel à projets n° 4 sur les transports collectifs en site propre.
A quoi ressembleront les Bustrams ?
Le design des Bustram sera réalisé par un seul et même artiste autour d’une thématique. La plupart des Bustram feront 12 mètres de long et 3 de haut, et contiendront entre 60 et 80 voyageurs, selon qu’ils soient uniquement assis ou qu’il y ait aussi des voyageurs debout. Des Bustrams articulés de 18 mètres de long pour 3 mètres de haut permettront de faire voyager jusqu’à 120 personnes dans un même véhicule, dans les zones denses.
En quoi consiste la phase de tests qui a débuté ?
De mai à juillet 2022, tous les quinze jours, les conducteurs de la TaM testeront un bustram différent prêté le temps de l’expérimentation par 7 à 8 constructeurs. Ces derniers sont sur les rangs pour le futur appel d’offres métropolitain visant à équiper les 5 futures lignes de Bustram : Mercedes avec son E.citaro, Solaris avec son Urbino, Ebusco avec son modèle 3.0-3, Irizar avec son modèle appelé Le Tram, Iveco avec son GX 437 Linium, Volvo avec son modèle 7900E, et MAN Lion’sCity avec son City 12E. “Un huitième constructeur est sur les rangs”, a précisé Laurent Nison, président de la TaM.
Cette expérimentation en circulation réelle de chaque type de bus permettra de collecter des données techniques sur la consommation moyenne sur chaque ligne de bustram, la consommation à vide, la consommation à charge (5 à 6 tonnes, soit l’équivalent des voyageurs), la consommation en montée, la consommation des auxiliaires (clim, chauffage, ouverture et fermeture des portes, systèmes embarqués…), les performances des diverses technologies de batteries, les possibilités de supervision de chaque logiciel.
A la phase d’expérimentation succédera l’appel d’offres au deuxième trimestre 2023. Le choix du constructeur sera arrêté fin 2023. La mise en service interviendra en 2025.
Des espaces publics modifiés
La place de l’Europe sera transformée en pôle d’échanges intermodal pour accueillir les lignes de tramway, de bus et de bustram. Les quais des bustrams seront créés face aux stations de tramway, pour que les passagers puissent facilement effectuer les correspondances. La place sera entièrement mise à plat, les trottoirs surélevés disparaissant pour que les personnes à mobilité réduite puissent circuler. La circulation sera maintenue à double sens, et un cheminement piéton sécurisé sera mis en place. Le petit parking de 42 places sera supprimé, les automobilistes étant invités à se reporter sur le parking Europa, utilisé à 60 % actuellement, selon la Métropole.
“De la végétation basse sera plantée une fois que le sol aura été désimperméabilisé, pour améliorer la qualité de vie et mettre fin à l’actuel îlot de chaleur”, a expliqué Julie Frêche. Des box pour les vélos et une vingtaine d’arceaux à vélos compléteront l’ensemble.
Des travaux seront également réalisés dans de nombreux points de la ville et de la métropole pour faire place au réseau de Bustram, notamment à la Pompignane (création d’une voie exclusivement dédiée aux Bustrams), au niveau du carrefour Pequet/Pompignane, du boulevard Philippe-Lamour, du rond-point Evariste-Gallois…
Pourquoi des Bustrams ?
Les Bustrams, qui fonctionnent à l’énergie électrique, cumulent plusieurs avantages, selon Michaël Delafosse. Tout d’abord, ils sont beaucoup plus rapides et faciles à mettre en place que le tramway. Par ailleurs, ils répondent à un enjeu de santé publique et améliorent la qualité de l’air en n’émettant pas de dioxyde de carbone. On sait que 40 000 personnes décèdent chaque année, en France, des effets de la pollution. Celle-ci est particulièrement importante dans Montpellier intramuros et le long de l’autoroute A9.
Selon le rapport du GIEC, “nous avons trois ans pour agir, entre 2022 et 2025”, rappelle le président de la Métropole, qui ajoute : “Nous prendrons notre part dans l’amélioration de la qualité de l’air, en créant la ligne 5 de tram, en prolongeant la ligne 1 de tram, en créant 5 lignes de Bustram à horizon 2025, et en instaurant progressivement la gratuité des transports. Ainsi, les Montpelliérains seront incités à moins utiliser leur voiture “. Côté pollution sonore, les Bustrams sont très peu bruyants. “Ils contribueront à apaiser la ville, à une meilleure qualité de vie”, selon Michaël Delafosse. Au total, avec le projet de 5 lignes de Bustram, 28 000 tonnes d’eq seront économisées sur trente ans d’exploitation.
Deuxième atout des Bustrams, l’aspect financier. En effet, dès leur mise en service en 2025, ils seront gratuits pour tous les habitants de la Métropole, tout comme les bus et les tramways (qui le seront fin 2023). Un avantage indéniable au regard du prix de l’essence, dont la flambée fait l’objet de toutes les inquiétudes. Pour la TaM, un kilomètre en bustram coûtera 15 centimes. C’est pour une raison financière que l’option électrique a été choisie, les bus à hydrogène circulant pour 95 centimes du kilomètre.
Troisième atout, leur rapidité et le gain sur les temps de trajet, puisque des voies en site propre leur seront dédiées à certains endroits, ou sinon ils partageront l’espace avec les vélos. Dans tous les cas, ils seront prioritaires aux feux tricolores : le feu passera immédiatement au vert à leur approche. De plus, leur cadencement sera régulier, entre 6 et 8 à 10 minutes selon les lignes.
En outre, l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite sera garantie par des plateaux. Un avertisseur sonore préviendra en station de l’arrivée et du départ prochain des Bustrams.
Un système de vidéosurveillance équipera chaque bustram et sera relié au poste de commandement, pour assurer la sécurité des voyageurs. Les 42 agents de police dédiés aux transports publics patrouilleront aussi dans les Bustrams.
Relier des villes et des zones d’emplois jusqu’à présent mal desservies
Dernier atout, le réseau Bustram métropolitain reliera certaines villes mal desservies par les transports en commun. Au total, 10 communes seront desservies : Cournonsec, Cournonterral, Lavérune, Pignan, Castelnau-le-Lez, Castries, Le Crès, Vendargues, Grabels et Montpellier.
Plus encore, de nombreuses zones d’emplois non desservies jusqu’alors bénéficieront du Bustram, comme La Pompignane, Eurêka (première zone d’emplois de la métropole), Le Millénaire, Euromédecine II… Des bus articulés de 18 mètres de long et d’une capacité de transport de 120 voyageurs seront affectés à ces zones particulièrement denses en matière d’emploi, pour faciliter les trajets domicile-travail.
Le tracé
Pour rappel, la ligne 1 ira de la place de l’Europe (Montpellier) à l’Espace Gare à Castries ; la ligne 2 ira du quartier Sabines à la gare Montpellier Sud de France. La ligne 3 partira du stade Pierre-de-Coubertin pour rejoindre l’arc de triomphe du Peyrou, à Montpellier. La Ligne 4 voyagera de Cournonsec au rond-point de Gennevaux (Montpellier). Enfin, la ligne 5 ira de l’arc de triomphe (Montpellier) à Euromédecine II à Grabels.