Montpellier : des citoyens se mobilisent contre l’incinérateur à déchets de Garosud
Voté en avril 2024, le projet de combustion solide de récupération (CSR) continue de faire débat alors que les consultations citoyennes ont commencé. Une pétition pour s’opposer à son installation a déjà recueilli plus de 330 signatures.
Il y a comme du soufre dans l’air. Un collectif, composé de riverains et d’associations de défense de l’environnement, a lancé le 2 décembre une pétition contre le projet d’implantation d’une chaudière de combustion solide de récupération (CSR), dans le quartier GaroSud de Montpellier.
“Nous demandons la suspension du projet d’implantation de cette chaudière CSR jusqu’à la mise en place d’une consultation publique approfondie et d’une étude d’impact indépendante, prenant en compte l’ensemble des risques environnementaux et sanitaires”, réclament les signataires, qui dénoncent un projet polluant qui risque d’avoir des conséquences néfastes pour la santé des riverains.
Cette pétition, qui a cumulé 331 signatures au 17 décembre, a été publiée quelques jours après la première réunion de consultation du 27 novembre concernant la politique zéro déchet de la ville. De nouvelles réunions sont prévues les 6 février et 27 mars 2025, notamment pour aborder “les réseaux de chaleur et le projet de territoire : bois, géothermie et CSR”, ainsi que l’impact environnemental de ces projets sur la qualité de l’air ou le bilan carbone.
45 000 tonnes de déchets incinérés
En avril 2024, la métropole de Montpellier a voté pour la création d’une chaudière de combustion solide de récupération (CSR) sur la site de l’usine Ametyst, dans le quartier GaroSud. L’objectif est d’incinérer 45 000 tonnes de déchets par an, dont du bois traité, des cartons, des tissus et du plastique. Une combustion qui pourra créer de l’énergie souveraine, pour alimenter les infrastructures locales et chauffer des logements par exemple.
Pour la municipalité, ce projet est la solution à la problématique des déchets montpelliérains qui sont exportés, faute de solution pour les traiter sur place. “Chaque année, 4 500 camions transportent nos déchets à travers toute la région Occitanie. Ils parcourent ainsi 800 000 km, 20 fois le tour de la terre, avant d’être éliminés. Ce scandale écologique, moral et financier doit s’arrêter”, avait déclaré le maire Michaël Delafosse il y a quelques mois.
“Cet incinérateur est toxique”
“Ce n’est pas en cramant des plastiques et des pneus sous les fenêtres des riverains que l’on va régler le problème des déchets”, répond, acerbe, Marie, porte-parole du collectif Montpellier Sans CSR à l’origine de la pétition. Elle qui habite dans un quartier voisin de Garosud s’inquiète de la pollution de l’air et de l’émanation de microparticules liées à la combustion, mais aussi de l’augmentation de cancers ou de maladies respiratoires qui pourraient être liés. “C’est catastrophique, cet incinérateur est toxique. Les enjeux sanitaires sont énormes, on veut une application du principe de précaution”, demande-t-elle.
Des questions que se pose aussi Patrick Boulé, président du comité de quartier Garosud qui a signé la pétition contre le CSR, en tant que riverain. “On nous avait vendu une usine Ametyst de méthanisation il y a 15 ans, en nous promettant qu’il n’y aurait pas de nuisance. Et pourtant, on a des mauvaises odeurs et une invasion de mouches. On s’est fait avoir une fois mais pas deux”, s’agace M. Boulé, qui ne comprend pas pourquoi la municipalité veut mettre une usine de la sorte en zone urbaine, près des habitations.
Un plan de lutte jusqu’à juillet 2025
Les opposants aux projets ont jusqu’en juillet 2025, date à laquelle la métropole de Montpellier devra voter le renouvellement de la délégation de service public pour la création de cet incinérateur. “Nous allons montrer à la mairie que nous sommes déterminés : nous voulons être sûrs que ce projet n’est pas mauvais pour la santé, nous voulons des preuves avec des analyses”, explique Marie qui se pose beaucoup de questions. Quels sont les filtres utilisés ? Quelles sont les mesures effectuées ? “Si nous n’avons pas de réponse, nous ferons un recours au tribunal administratif”, anticipe-t-elle.
La société civile peut compter sur les soutiens des élus écologistes de la mairie, comme François Vasquez, ancien vice-président chargé des déchets et du tri qui avait été démis de ses délégations suite à son opposition à la filière CSR. “L’impact environnemental et sanitaire de ce projet est une bombe à retardement”, continue d’alerter Coralie Mantion, conseillère municipale écologiste de l’opposition.