Montpellier : événement “Les quatre saisons”, concerto pour alimentation durable
La Métropole de Montpellier organise avec trois autres territoires “Les quatre saisons” jusqu’au 9 octobre dans le but de fédérer les collectivités et les habitants autour d’une alimentation plus saine, durable, locale, mais aussi gourmande et pour tous.
Isabelle Touzard au Domaine de Viviers, lundi 3 octobre 2022 © Mathieu Weisbuch
Anciennement appelé Mois de la transition, l’événement Les quatre saisons est initié par la Métropole. Il peut compter désormais sur le partenariat du Pays cœur d’Hérault, du Pays de l’Or et du Grand pic Saint-Loup. Une collaboration appelée à s’élargir. La 3e édition qui court jusqu’au 9 octobre est celle d’automne, dont le programme réunit une cinquantaine d’événements. L’enjeu est celui de l’agroécologie et de l’alimentation durable incarnant les deux extrémités du circuit qui va du champ à l’assiette.
Au champ
La Métropole veut accompagner et faciliter l’installation des nouveaux agriculteurs. Le département de l’Hérault fait figure de destination préférée pour les agriculteurs en recherche de terrain. Un souhait qu’ils enregistrent sur la plateforme Espace info installation. Mais c’est là que le bât blesse. Car la Métropole manque de foncier pour satisfaire ces demandes. “Sur les 10 000 hectares de terrains agricoles que compte la Métropole, 3 000 sont en friche” rappelle Isabelle Touzard, vice-présidente déléguée à la Transition écologique et solidaire, à la Biodiversité, à l’Energie, à l’Agroécologie et à l’Alimentation. L’élue avait choisi le Domaine de Viviers, 150 hectares à cheval sur les communes de Clapiers, Prades-le-Lez et Assas, pour présenter lundi 3 octobre le programme des Quatre saisons.
Terracoopa
Le Domaine de Viviers a été racheté par la Métropole en 2010. Il abrite désormais la coopérative agricole et paysagère Terracoopa. Huit exploitants y travaillent sur une dizaine d’hectares. Son co-gérant Jospeh Le Blanc affirme faire partie des “fermiers de la métropole”. Les exploitants partagent “les charges, le loyer, le matériel et contribuent au financement de la coopérative sous une forme mutualisée en reversant 11% de leur chiffre d’affaires” explique Joseph Le Blanc. Terracoopa accorde des terres à exploiter sous deux formes : avec un bail précaire pour un besoin à court terme et un bail rural pour un projet qui vise le long terme. Sur le Domaine de Viviers, Isabelle Touzard estime que Terracoopa peut agrandir sa surface exploitable de 15 à 20 hectares.
La corde sensible
D’où un Plan de gestion prévu l’année prochaine qui passera par un appel à manifestation d’intérêt public à destination des agriculteurs. Ces terres étant la propriété de la Métropole, l’élue à la transition écologique rappelle l’impératif de transparence. Le Plan de gestion ne doit pas créer de déséquilibre en subventionnant au-delà du raisonnable les candidats à Terracoopa à côté d’agriculteurs souhaitant s’installer chez un propriétaire privé. Ces derniers sont d’ailleurs aussi dans les petits papiers de la Métropole. Possédant des terres oisives ou en jachère, ils sont invités à mettre leur bien en location ou à la vente pour les agriculteurs. Mais ce problème touche plusieurs cordes sensibles. Ces terres, pour la plupart issues de grandes propriétés éclatées par des héritages successifs, sont le plus souvent destinées à une transaction plus lucrative. De plus, lorsque les propriétaires acceptent de louer leurs terres à des exploitants agricoles, “la Métropole est obligée de faire une animation foncière consistant à aller voir plusieurs propriétaires terriens dans le but de reconstituer un îlot suffisamment intéressant pour un projet agricole” précise Isabelle Touzard.
Vertueux
A Terracoopa, nul n’est obligé de cultiver en Bio. Néanmoins, l’entente et le bon sens empêchent les conflits. “On demande aux agriculteurs en conventionnel de ne pas traiter lorsqu’il y a du vent” s’amuse Joseph Le Blanc. Mais la tendance vers le bio ne fait pas de mystère. Elle est incarnée par la démarche agroécologique qui permet à un agriculteur d’aller progressivement vers le bio. Il n’est pas toujours possible d’en supporter le coût dès le départ. “Le bio est un label qui répond à une exigence de moyens, rappelle Isabelle Touzard, l’agroécologie est une démarche.”
Aux produits phytosanitaires, on substitue progressivement d’autres méthodes visant à rétablir les milieux, les chaînes alimentaires. Par exemple, une haie plantée au bord d’une culture attire des oiseaux qui mangent les chenilles qui s’y repaissent, évitant l’utilisation de traitements chimiques polluants. Les systèmes gagnent en résilience et sont moins dépendants des aléas du marché. “Pour preuve, note Isabelle Touzard, le prix de l’engrais explose aujourd’hui car il nécessite beaucoup d’énergie. Une flambée qui provoque une augmentation du prix des produits issus de l’agriculture conventionnelle, supérieure, en proportion, à celle des produits issus du bio. La crise révèle ce qui est bon”.
Démocratiser le “bien manger”
Mais, et particulièrement en période de crise, une des missions les plus difficiles qui attend la Métropole est celle qui consiste à toucher un plus large public. C’est donc avec Les quatre saisons qu’elle espère, à terme, y parvenir. Grâce à un réseau de partenaires qu’elle à tissé à travers différentes opérations autour de l’aide alimentaire notamment, la Métropole tente de décloisonner l’alimentation bio. Un travail sur lequel Isabelle Touzard a promis de s’exprimer prochainement.
Quelques rendez-vous du vaste programme des Quatre saisons, édition d’automne
Portes ouvertes du Marché gare (Marché d’intérêt national de Montpellier), pour son soixantième anniversaire.
Le mercredi 5 octobre de 10h à 18h à Montpellier
De nombreuses animations, comme la mosaïque, le street-art, la sculpture de fruits et légumes, le maquillage, un stand de la Terre à mon Assiette (services de restauration scolaire), animation culinaire et dégustation de produits locaux.
À 16h, Les grands auteurs de la littérature française et la gastronomie, pièce de théâtre avec la compagnie Avec Cœur et Panache.
A la halle des producteurs, 281, avenue du Marché Gare à Montpellier
Entrée libre
Plus d’informations sur : http://www.mercadis.net/evenements/
Une délégation cubaine à propos de l’agroécologie
Le mercredi 5 octobre à Montpellier de 18h30 à 20h30
Conférence publique sur l’agriculture urbaine à Cuba, animée par Luis Gómez, Agronome et Directeur de l’Institut des Sols de Cuba. La déléguée à l’agriculture provinciale d’Holguín, Yusmila Rodríguez Cruz, expliquera le modèle d’agroécologie urbaine, à l’échelle d’une ville de taille moyenne.
Au Salon du Belvédère, au Corum, Esplanade Charles-de-Gaulle à Montpellier.
Entrée libre
Film documentaire sur l’agroécologie à Cuba
Le dimanche 9 octobre à Montpellier de 11h à 13h
TV Serrana filme le quotidien des paysans dans la Sierra Maestra depuis trente ans.
Au Cinéma Utopia, 5 Avenue du Docteur Pezet à Montpellier.
Plus d’informations : jm.gramond@orange.fr
Festival Terre et graines
Les vendredi 7 et samedi 8 octobre dans les jardins du Peyrou à Montpellier
Concerts, buvette, restauration.