Montpellier, expo : Baptiste Loprieno questionne les liens entre l'Homme et la nature à Saint-Ravy
Doté d'une conscience écologique poussée, le plasticien Baptiste Loprieno présente l'exposition "Nature humaine" à l'Espace Saint-Ravy, à Montpellier. Il y délivre des messages forts.
Les interactions entre l’Homme et le vivant intéressent et préoccupent Baptiste Loprieno au point qu’il en a fait l’axe central de son exposition actuelle. L’artiste fait passer ses messages par le biais de techniques très diverses. Par la photographie, il suggère une notion d’étrangeté dans les paysages qu’il retranscrit. “Des formes étranges, surréalistes” émergent de la brume. Ses fjords de Norvège ne sont pas sans évoquer la peinture abstraite. Baptiste Loprieno invite ici à la contemplation : “Nous sommes de plus en plus nombreux à habiter en ville, dans une nature contrôlée, artificielle. Cela opère une déconnection d’avec le vivant. Alors j’offre à voir ces lieux”.
Des néons et des mots
Dans la première salle, son installation Un paysage de fantômes dénonce la destruction progressive des récifs coralliens. Des moulages de coraux en plâtre blanc gisant à même le sol, surmontés d’un néon, rappellent que “l’on parle là d’animaux morts. Le corail n’est pas un végétal mais bien un animal marin, souligne le plasticien. Quand on plonge dans un récif blanchi, on se trouve dans un cimetière marin”.
La présence des néons se retrouve un peu plus loin, dans la seconde salle, avec les inscriptions “Copier” et “Coller” placées en vis-à-vis l’une en face de l’autre. Une façon de marteler que la logique industrielle, qui consiste à reproduire la nature de façon synthétique en ville, est une aberration. Trois troncs en plastique recyclé, appelés Les Arbres, entourés de structures en bois, s’élèvent tels des immeubles. “En ville, on a bien souvent tendance à mettre la nature dans des cases, des moules ; à calibrer les végétaux que l’on replante, estime Baptiste Loprieno. C’est ce que j’ai voulu dénoncer.”
Les mots font partie de son écriture stylistique. “Je travaille de plus en plus sur les messages, les mots et la lumière”, analyse-t-il. Et c’est un mot puissant qui est à l’œuvre dans le tableau NON. Les trois lettres émergent d’une plantation d’arbres en plastique, alertant sur la déforestation en Amazonie, en Indonésie mais aussi en France, sur la sécheresse et les feux de forêt. L’artiste travaille d’ailleurs souvent à partir de matière plastique, “un matériau qui fâche mais qui a des qualités… plastiques. Et qui souligne la forte dépendance au pétrole et à cette matière polluante”.
Des créations naturelles
Parallèlement à ces œuvres, Baptiste Loprieno présente aux cimaises des tableaux en feutre colonisés par des racines, que l’on croirait collées manuellement. Or, “Il s’agit d’un processus aléatoire, totalement naturel et de longue haleine. Il a fallu attendre sept ans pour obtenir ce résultat. Il s’agit d’un processus incontrôlable”. Ces Racines montrent le prodigieux pouvoir d’expansion de la végétation, qui s’est propagée sur la matière, fusionnant avec elle ; ainsi que “la fragilité, la vulnérabilité des systèmes racinaires, dont les formes pourraient évoquer le système veineux”. Sur une colonne, deux blocs de pyrite cubique témoignent de l’incroyable beauté de la nature.
Dans cette exposition, harmonie, contemplation, création et destruction se côtoient au service d’un message écologiste appuyé, transmis via des techniques variées mais qui se complètent. On note une vraie cohérence dans le propos de l’artiste, qui dit vouloir “ramener du sensible dans la sensibilisation à l’écologie”. Le pari est réussi.
Informations pratiques
Espace Saint-Ravy – Place Saint-Ravy – Montpellier.
L’exposition Nature humaine est visible du mardi au dimanche, de 13h à 19h, jusqu’au 30 avril 2023.