Montpellier : face aux mauvais rouleurs, "des contrôles de trottinettes à chaque coin de rue”
Le froid piquant de ce mercredi 15 janvier n’a pas freiné les autorités. Dans les rues animées du Jeu de Paume et de Gambetta, les policiers municipaux, épaulés par quelques nationaux, se sont postés stratégiquement ce matin pour interpeller les trottinettistes indisciplinés.
Les premiers contrôles commencent face aux Halles Laissac. Un agent fait un signe discret à son collègue, qui repère une silhouette familière : un jeune homme de 18 ans, casque sur les oreilles, en pleine course sur les rails du tramway. Les policiers l’approchent. À peine une seconde après avoir freiné, le contrevenant lance un “mais je n’ai jamais eu de problème avant”, inquiet d’avoir été stoppé dans sa course mais visiblement conscient qu’il flirte avec la légalité.
Patients, les agents prennent le temps de rappeler les règles en vigueur plutôt que d’additionner les sanctions. S’ils décident d’oublier les écouteurs, dont le port est interdit dans le code de la route, ils ne passent pas à côté de la vitesse de l’engin, débridé à 30 km/h alors que la limite française est fixée à 25 km/h. “Je l’ai acheté comme ça”, lance le jeune homme. Verdict : une amende de 95 €, qu’il reçoit avec une moue déconfite.
Des arguments qui ne tiennent plus
Plus loin dans la rue, un homme d’une cinquantaine d’années roule à contresens, loin de la piste cyclable qui lui est pourtant réservée, et à une allure rapide. C’est le contrôle.
Immédiatement, le couperet tombe. La raison ? La vitesse maximum enregistrée sur son engin est 55 km/h, soit une puissance bien supérieure à celle fixée dans la loi. Un premier motif de sanction qui en révèle un autre : la plaque signalétique a été arrachée. Néanmoins, le contrevenant se défent, argumente : “Je ne savais pas”, “Je l’ai acheté comme ça”, “Et si je règle le problème cette semaine ?”. Après une longue discussion et une série d’explications, l’amende, cette fois-ci de 135 €, tombe. “Vous n’êtes pas gentils, mais bon, je paierai”, glisse le contrevenant, vexé. Face à lui, le policier hausse le ton : “Nous le sommes ici, car on aurait pu vous confisquer l’engin dès maintenant et on choisit de vous laisser repartir. Etre gentils ne veux pas dire que nous sommes des Bisounours.”
Sévir
Après une année 2024 marquée par une explosion des accidents (+50% entre 2023 et 2024) dans l’Hérault, et une année 2025 qui débute avec un blessé grave, la préfecture a décidé de sévir. Et comme la tolérance a ses limites, toutes les stratégies ont leur place à prendre. “Nous ne pouvons plus tolérer l’irresponsabilité de ceux qui pensent que la trottinette est un moyen de transport sans danger. Il y a trop de vies en jeu”, justifie Thibaut Félix, le directeur de cabinet du préfet de l’Hérault.
Et si les problèmes posés par ces deux roues sont les mêmes partout, la préfecture note que “70 % des accidents de trottinette en agglomération ont lieu dans la métropole”. Conséquence tirée de ce problème quasi systémique : les contrôles vont continuer et se multiplier à Montpellier. “Nous voulons être visibles partout, à chaque coin de rue, pour rappeler que la sécurité est primordiale. Nous ne nous arrêtons pas seulement aux grandes artères de la ville. Même dans les quartiers moins fréquentés, les contrôles vont se succéder... pour le bien de tous.”