Montpellier, Green IT Day : "En 2040, l'empreinte du numérique devrait atteindre 6,7% de l'empreinte carbone des Français"
Le cluster du numérique occitan Digital 113 s'apprête à organiser la 9e édition de Green IT Day, un événement prévu les 5 et 6 octobre à Montpellier et Toulouse, abordant l'important et difficile sujet du numérique responsable.
Fanny Colavitti, cheffe de projets “Événements et numérique responsable” chez Digital 113, partage les détails de cette nouvelle édition et des enjeux qu’elle tente d’introduire auprès des entreprises du numérique.
Quels sont les objectifs principaux du Green IT Day ?
Fanny Colavitti : Le Green IT Day vise à fédérer les acteurs économiques et les collectivités autour du numérique écoresponsable. Nous organisons des ateliers, des retours d’expérience et des conférences dédiées pour sensibiliser les entreprises aux attitudes et solutions écoresponsables. L’événement valorise également les projets numériques régionaux réduisant les impacts environnementaux, et il crée un espace pour le réseautage et les opportunités de développement.
À quoi les participants doivent-ils s’attendre ?
Parmi nos intervenants, nous avons des personnalités comme Manu Reynaud, 2e adjoint au maire délégué au numérique à la ville et à la Métropole de Montpellier, Hugues Ferreboeuf, directeur de projet à The Shift Project, Vincent Courboulay, expert numérique du Comité de Transformation Écologique pour Paris 2024 et directeur scientifique à l’INR, Chrystelle Roger, la CEO de Myceco.
Nous avons prévu des discussions, dont une table ronde qui explorera divers points de vue sur la sobriété numérique. Nous opposerons des visions de décroissance du numérique à celles en faveur d’une expansion contrôlée. L’objectif est de permettre aux participants de se forger leur propre opinion. L’atelier sur l’inclusion numérique examinera les moyens d’intégrer cette question dans les activités des entreprises. Nous discuterons des impacts sur l’utilisation des services numériques, la relation client, l’intégration des collaborateurs et l’image sociale des structures. Divers leviers seront explorés pour rendre le numérique plus accessible et équitable. On parlera également du label “Numérique Responsable”.
Quels sont les ateliers qui seront proposés lors de l’édition montpelliéraine ?
Six ateliers seront menés l’après-midi du 5 octobre, à la Cité de l’Économie et des Métiers de Demain de Montpellier. Ils seront organisés en deux créneaux :
- 14h30 : “Appliquer une démarche éthique dans un projet d’IA”, “Le Label NR, un levier de transformation” et “Impact des politiques NR pour les collectivités et entreprises d’Occitanie”
- 15h30 : “Inclusion numérique”, “Ici, on forme au présent pour un futur numérique responsable proche” et “Outils plus responsables”
Digital 113, en plus d’être l’organisateur, est un moteur de cette transformation vers le numérique responsable ?
Le label “Numérique Responsable” guide les entreprises vers des pratiques plus responsables en encourageant l’adoption de stratégies durables et la conception responsable des services numériques. Chez Digital 113, nous proposons effectivement une formation pour réduire l’empreinte écologique, économique et sociale du numérique des entreprises, en montant en compétences sur les concepts du Numérique Responsable et en structurant une démarche d’amélioration continue pour réduire les impacts du numérique de l’entreprise. La formation accompagne les entreprises désireuses d’obtenir le Label NR niveau 1.
Que doit-on retenir des données liées à l’empreinte carbone du numérique ?
De nombreuses études s’accordent sur le fait que les activités du numérique dans leur ensemble ont un impact environnemental, entre autres sur l’émission de gaz à effet de serre (GES), dont le dioxyde de carbone (CO2) fait partie, c’est ce que l’on appelle communément “empreinte carbone”, responsable notamment du réchauffement climatique.
Pour être précis, d’autres types d’impacts sont cependant à prendre en compte, comme par exemple ceux générés lors de la fabrication ou de la fin de vie des équipements numériques : l’extraction, la transformation et l’épuisement des ressources abiotiques (minerais, métaux), la pollution des sols, la consommation et la pollution des eaux, les conditions sanitaires et sociales de travail, etc. Quand on pense numérique, on pense souvent uniquement à la phase d’utilisation des périphériques numériques et trop peu souvent à la phase amont (fabrication, transport) et aux phases aval (retraitement, fin de vie). L’impact de la phase d’utilisation se résume globalement à sa consommation en énergie, certes très élevée (environ 10% de la consommation électrique française), mais relativement faible en impact dû au mix électrique nucléaire/renouvelable en France.
Et les chiffres vont évoluer. D’après une étude réalisée par le cabinet Citizing, épaulé par Hugues Ferreboeuf et le cabinet KPMG, alors que l’empreinte carbone du numérique représentait 2% de l’empreinte carbone des Français en 2019, elle devrait atteindre 2,5% en 2025 et 6,7% en 2040.
La production des terminaux est également une grande préoccupation…
Selon un rapport émis par le Sénat, les terminaux sont à l’origine d’une très grande partie des impacts environnementaux du numérique. À l’échelle nationale, ils représentent 81% des émissions de gaz à effet de serre émis par le secteur. La fabrication et la distribution de ces terminaux utilisés en France engendrent 86 % de leurs émissions totales et sont donc responsables de 70 % de l’empreinte carbone totale du numérique en France. Les terminaux sont d’autant plus émetteurs qu’ils sont très fréquemment renouvelés, rappelons-nous que la durée de vie actuelle d’un smartphone serait de seulement 23 mois.
Le déploiement de la 5G fait aussi débat…
La problématique posée par la 5G, tout comme des générations précédentes et futures, est le déploiement massif et fréquent de nouveaux matériels : antennes relais très nombreuses pour mailler le territoire, et smartphones récents pour disposer de la compatibilité. L’impact sur l’environnement est pour 3/4 sur la fabrication… C’est une pratique en contradiction avec un réseau sobre, tels que les réseaux fibre optique, qui possède une longue durée de vie.
Comment est-ce que les personnes intéressées peuvent assister à ces échanges ?
Le programme est en ligne, avec des inscriptions par demi-journée ou par atelier. L’événement est 100% gratuit sur les deux jours et accessible en présentiel ou à distance. En effet, les matinées seront diffusées en streaming sur notre chaîne YouTube, et les ateliers pourront se suivre à distance via Zoom. Des précisions complémentaires seront communiquées dans l’e-mail de confirmation d’inscription.