Montpellier : grève des livreurs, “Il y a une révolte qui se prépare”
Depuis le 3 novembre, un mouvement de grève nationale des livreurs indépendants se tient en France. A Montpellier, un troisième rassemblement est prévu devant l’Opéra Comédie ce dimanche 5 novembre à 14 h. Jason Legrux, président du Mouvement des Coursiers Engagés à Béziers, est revenu sur les nouvelles mesures d’Uber et les autres revendications sociales du mouvement.
Il y a quelques jours, Uber a mis en place un nouveau système de rémunération de ses livreurs, basé sur le temps de course. Là où le dispositif a été testé, les coursiers rapportent cependant des baisses de rémunérations de 10 à 40 %. Jason Legrux explique en effet : “ la rémunération des 11.75 € par heure s’applique uniquement sur les courses et pas sur le temps d’attente, alors que l’attente est très longue Ce temps n’est pas pris en compte. Nous demandons à ce que ce temps d’attente soit aussi rémunéré”.
“Une requalification du statut en salariat est nécessaire”
D’un point de vue social, les autres attentes sont nombreuses. “Il y a du progrès, souligne Jason Legrux, mais c’est encore compliqué car les plateformes restent dans le mépris et n’assument pas leurs torts […]. Ce qu’on demande, c’est que les vestes, les sacs soient fournis par Uber Eats, qu’on ait une assurance qui couvre mieux les accidents du travail, car ils ne sont pas du tout pris en charge par Uber Eats ou Deliveroo. On veut plus de droits que ce qu’on a actuellement, car on agit en tant qu’auto-entrepreneurs alors que derrière c’est une entreprise qui nous dirige. Une requalification du statut en salariat est nécessaire”.
Les géants font peu et les petits beaucoup
Si Uber fait beaucoup parler de son cas, il ne fait pas figure d’exception. “Toutes les plateformes, en matière de droits sociaux, sont logées à la même enseigne, confirme Jason Legrux. C’est même pire pour Deliveroo, qui a été condamné pour travail dissimulé, tout comme Uber. Toutes les plateformes déconnent en ce moment et on voudrait vraiment leur signifier nos droits” affirme-t-il.
A l’échelle locale, des alternatives à ces géants sont possibles. “A Béziers, la plateforme Croutons embauche des livreurs en CDI. Elle fait partie de ces plateformes qui respectent les droits et les valeurs des livreurs” indique le jeune homme. A Montpellier, Les Coursiers Montpelliérains, “première coopérative Montpelliéraine de livraison à vélo”, s’inscrit aussi dans cet esprit.
La révolte en route
En attendant d’obtenir gain de cause auprès d’Uber et des autres plateformes grâce au travail de son association, Jason Legrux est formel : “Il faut boycotter Uber, il faut prendre conscience que derrière cette industrie de livraison les livreurs sont vraiment exploités”.
Un combat à mener, malgré le risque d’une précarisation supplémentaire du métier, assure-t-il : “Bien sûr, il y a le risque que des personnes se retrouvent sans emploi. Mais en Italie, Uber a quitté le pays suite à une révolte des livreurs, qui ont retrouvé un autre emploi par la suite. En parlant avec les livreurs, je constate qu’ ils sont prêts […] il y a une révolte qui se prépare et s’il faut tout arrêter pour nos droits, nous sommes prêts”.