Montpellier, Halle Tropisme : "Tranchétramécoupé", une expo sur le sort réservé aux arbres
À l'occasion de son troisième anniversaire, la Halle Tropisme accueille une exposition collective de trois artistes sur le triste sort réservé à certains arbres.
Photo : œuvres de Philippe Domergue © Camille Machefer-Figueras.
Hélène Jayet, Philippe Domergue et Marc Dantan occupent des ateliers à la Halle Tropisme. À l’occasion du week-end organisé pour les 3 ans de la Halle Tropisme, du 25 au 27 février, les 3 artistes ont procédé au vernissage de leur exposition collective et ont rencontré le public. Abordant chacun la thématique des arbres avec des techniques différentes, ils dénoncent “la violence” dont ceux-ci sont les victimes.
Philippe Domergue, brûlages et dessins
Philippe Domergue, engagé dans l’environnement depuis de nombreuses années, a décidé d’aborder la thématique de l’arbre dans sa pratique artistique. Les incendies de ces dernières années, qui ont décimé des forêts entières et des milliers d’hectares, l’ont profondément touché. En 2019, lors d’un rituel expiatoire, il a brûlé ses premières “tranches” d’arbres à son domicile, comme pour mettre à distance les émotions qui l’envahissaient. Travaux intitulés Warning, et visibles maintenant à l’exposition collective, ces “tranches” de bois, selon son expression, sont récupérées dans une scierie. Elles sont ensuite brûlées et entourées de grillage. Warning alerte sur les actes commis par les humains contre les arbres.
Les arbres sont pour l’artiste des êtres vivants indispensables, admirés mais pas respectés. Cette ambivalence est présente dans ses “brûlages” et ses dessins. En utilisant uniquement du noir et du blanc, Philippe Domergue recherche à laisser le public se concentrer sur l’essentiel. Véritables portraits d’arbres, ses dessins sont réalisés à la mine de plomb.
Hélène Jayet, des dessins à l’encre acrylique
Après une enfance passée à la campagne, Hélène Jayet est restée sensible au monde qui l’entoure. “Addict à la forêt”, elle se ressource à ses côtés. À l’aide d’encre acrylique, elle décompose minutieusement l’image avec des ronds. Soucieuse de l’environnement, elle utilise uniquement des feutres aux encres rechargeables, moins polluantes et moins toxiques.
“Je ne supporte pas le bruit de la tronçonneuse, ça me fait pleurer. J’ai l’impression que c’est moi que l’on découpe.”
Hélène Jayet
Avec son travail, l’artiste interpelle le public et souhaite sensibiliser à la nature. “C’est tellement beau, je ne comprends pas que l’on détruise ça. Je suis fascinée de voir comment un arbre qui meurt continue tout de même de nourrir les autres. Les arbres sont essentiels à la vie de ce qui les entoure”.
Marc Dantan, Mémoire de la Forêt
Le photographe Marc Dantan dénonce également à sa manière l’action humaine sur les arbres. Sa série intitulée “Mémoire de la Forêt” est composée de clichés de rondins d’arbres pris à Sète. L’artiste a fait le choix d’enlever le fond et de le laisser neutre afin que le public se focalise uniquement sur le rondin. On retrouve sur les clichés présentés lors de l’exposition la marque de la violence exercée contre les arbres. La tronçonneuse laisse des stigmates largement perceptibles. “Les arbres font partie de notre patrimoine que l’on détruit injustement”.
Dans cette exposition, Marc Datan tout comme Philippe Domergue et Hélène Jayet présentent par différentes techniques la destruction ou les blessures imposées par les êtres humains aux arbres. Le titre de l’exposition, symbolique, “Tranchétramécoupé”, fait référence aux bouts de bois tranchés de Philippe Domergue, à la trame de points d’Hélène Jayet, et aux rondins coupés de Marc Dantan.
Informations pratiques
Halle Tropisme – 121 rue Fontcouverte à Montpellier
Exposition visible jusqu’au 6 mars. Du lundi au vendredi de 17h00 à 20h00, le samedi de 14h00 à 18h00 et le dimanche de 11h00 à 16h00.