Montpellier, interview : rencontre avec les architectes du prometteur atelier AJAM
Ils sont cinq : Florent Gadois, Charles Pichon, Joël Bastide, Lucien Magne et Loïc Moine. Tous sont sortis diplômés de l’école d’architecture de Montpellier. A la sortie, ils ont décidé d’unir leur force pour créer en 2021 l’atelier AJAM, situé entre Montpellier et Paris. Remarqué lors du festival Architectures Vives à Montpellier, en juin dernier, le groupe semble avoir un avenir radieux. La rédaction a interrogé deux architectes de l’atelier AJAM.
Comment est né l’atelier AJAM ?
Florent Gadois : Nous avons tous un parcours similaire. Nous venons de la région Occitanie, de Narbonne à Nîmes en passant par Montpellier. Nous sortons tous de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Montpellier (ENSAM) dont nous sommes diplômés depuis l’été dernier.
A la fin du cursus, nous nous sommes rendus compte que nous avions des intérêts pour les mêmes domaines. Nous avons donc décidé de créer l’atelier AJAM. C’est un collectif d’architecture et, pour l’instant, cette formule est plutôt agréable puisque nous travaillons tous à côté dans une agence d’architecture. Cette formule nous permet de réaliser des projets qui nous intéressent vraiment et qui questionnent les systèmes préétablis dans l’architecture.
Vous dîtes vouloir développer une architecture inscrite dans la réalité économique…
Florent Gadois : Il est important d’être ancré dans un territoire, cela passe par la prise en compte de la culture et de l’économie. Nous promouvons une économie circulaire en recherchant à proximité les acteurs et la matière du projet. À titre d’exemple, nous allons livrer prochainement une dépendance construite en ossature bois et nous avons fait le choix de travailler avec des bois et des scieries des Cévennes. L’objectif est de faire travailler les acteurs économiques qui sont à côté de nous.
Charles Pichon : Ensuite il y a aussi l’économie du projet, c’est-à-dire maîtriser un budget. C’est un sujet peu abordé durant nos études mais qu’on a en tête dès le départ, dès la conception, pour ne pas se perdre dans quelque chose d’irréalisable et qui serait complètement hors d’échelle.
Florent Gadois : Nous pensons que l’architecture doit rester en phase avec le territoire. La pierre du Pont du Gard, par exemple, est extraite d’une carrière se trouvant juste à côté, à Vers-Pont-du-Gard. Une carrière toujours en activité, il faut pouvoir conserver ces procédés plus raisonnables, ils façonnent l’identité de notre région.
Quel est le statu quo de l’atelier AJAM ?
Florent Gadois : Pour l’instant, nous avons participé à de nombreux concours nous permettant de faire des productions d’essais qui « rassurent ». Nous étions l’année dernière au concours du Festival des Cabanes situé vers Annecy, pour présenter un projet. Nous avons expérimenté des techniques d’assemblages du bois et de traitement par bois brûlé pour pérenniser le bois vis-à-vis des aléas climatiques. Nous avons ensuite montré ce projet à une maîtrise d’ouvrage privée et la réalisation l’a mise directement en confiance, ce qui nous a permis de pouvoir réemployer ces techniques d’assemblages et de traitement.
Ces concours nous aident à nourrir notre processus créatif et nous permettent de justifier auprès de clients traditionnels l’utilisation de certains procédés. A la suite du festival des Architectures Vives à Montpellier, qui s’est déroulé en juin dernier, beaucoup de personnes nous ont contactées, car elles étaient intéressées par le béton de tuiles de réemploi mis en place pour notre projet Matière Morte.
Vous formez une équipe de cinq. L’union est-elle une force dans l’architecture ?
Charles Pichon : Dès le départ, nous voulions travailler ensemble. Durant notre formation, nous avons réalisé, lors des concours et des projets en groupe, que travailler à cinq était une force : c’est cinq fois plus d’expérience et cinq fois plus de relations avec des tierces personnes. Il y a évidemment un gros travail de synthèse et de réunion à effectuer mais cette « intelligence collective » est très bénéfique.
Florent Gadois : Il est essentiel d’être entouré dans notre métier par des collaborateurs partageant les mêmes idées. Nous sommes constamment dans la recherche et le questionnement, et une homogénéité de groupe est donc nécessaire. Concrètement, chaque membre est responsable d’un projet qu’il va présenter, sous forme de rendu, au reste de l’équipe en fin de semaine. C’est un échange très enrichissant qui pousse à nous dépasser grâce aux remarques de chacun.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune passionné d’architecture ?
Charles Pichon : Déjà, se lancer dès les études, sans forcément commencer par quelque chose de formel, de bien connaître son équipe et globalement de se faire confiance. Il faut saisir les opportunités vraiment multiples pour les apprentis en architecture. Pour les jeunes diplômés, il existe beaucoup de concours d’idées qui servent à comprendre le fonctionnement d’un projet de A à Z. Ces opportunités peuvent aboutir sur des chantiers comme celui du Festival des Cabanes.
Florent Gadois : S’il y avait un conseil à retenir, c’est de trouver des concours privilégiant la réalisation. Les architectes sont des constructeurs et il y a des éléments qui ne peuvent être appris que sur un chantier, lors de la réalisation. Un projet laissé sur le papier ne correspond qu’à 50% de sa forme finale.
Informations pratiques :
- Pour consulter leurs créations, vous pouvez vous rendre sur leur compte Instagram avec https://www.instagram.com/atelier.ajam/
- Si vous êtes intéressés par l’atelier AJAM, vous pouvez contacter les membres à l’adresse atelier.ajam@gmail.com