Montpellier, Jean-Louis Cazaubon : "Nos emplettes, ce sont nos emplois"
L'événement ‘Sud de France - l’Occitanie fête la qualité’ rapproche les consommateurs et les producteurs. Sensibiliser les jeunes consommateurs et conserver les anciens, tel était l’objectif du week-end. En mettant en avant les produits locaux, Jean-Louis Cazaubon espère développer un “patriotisme régional”.
Jean-Louis Cazaubon, vous êtes un des vice-présidents de la région Occitanie délégué à la Souveraineté alimentaire, à la viticulture et à la montagne ainsi que le président de l’institut régional de la chambre alimentaire. En cette qualité, vous avez participé à la mise en place de la Fête de la qualité 2023, pouvez-vous la présenter ?
L’Institut régional de la qualité alimentaire d’Occitanie (IRQUALIM) regroupe 250 produits labellisés qui sont mis en avant lors de cet événement. Le projet existait initialement dans les Pyrénées, mais nous avons voulu le développer sur toute l’Occitanie au moment du regroupement des régions. Je voulais vraiment l’étendre, ma devise c’est : “Nos emplettes, ce sont nos emplois”. C’est comme cela que fonctionne l’économie, il nous faudrait plus de patriotisme régional, je n’achète pas sur Amazon, j’achète dans ma zone. Alors cette année, la Fête de la qualité s’est déroulée sur la place de Thessalie pour mettre en avant les produits de proximité. Tous étaient signes officiels de la qualité et la cinquantaine de producteurs présents ont exposés des produits identitaires qui incarnaient notre secteur. En fait, c’est le rendez-vous à destination des consommateurs locaux, une rencontre entre la ville et la campagne.
Qu’entendez-vous par “consommer local” ?
Quand on parle de souveraineté alimentaire, je ne suis pas sûr qu’elle soit gagnée. Quand on sait que 40 % de la viande de poulet consommée en France est importée, c’est tragique. Alors on cherche à relocaliser. Nous, dans la région, nous avons toujours privilégié la production locale. De manière générale, les produits ne sont pas trouvables aux quatre coins de la planète, c’est un savoir-faire ancestral local, mis en avant par des hommes et des femmes. Il y a aussi une notion de proximité, mais je n’en fais pas une maladie, tant que le produit ne fait pas le tour de la planète…
Que faites-vous pour mettre en avant le territoire ?
La région finance la majeure partie du projet Sud de France – l’Occitanie fête la qualité à hauteur de 125 000 €. Parmi les autres partenaires nous retrouvons : la Chambre Régionale d’Agriculture Occitanie, qui assure l’organisation ; la Ville de Montpellier et Montpellier Méditerranée Métropole, qui accueillent l’événement ; France Bleu ; ainsi que toutes les filières qui présentent des produits sous signe officiel de qualité et d’origine (SIQO) de la région.
La région Occitanie met en avant le territoire à travers le partenariat avec l’IRQUALIM et Occit’alim. On a deux objectifs, que les collectivités puissent acquérir les produits et initier les jeunes consommateurs de demain à mettre en avant tous ces savoir-faire locaux. C’est pourquoi nous travaillons avec des élèves des lycées hôteliers et viticoles pour en faire les ambassadeurs de notre production agricole.
Nous voulons garder l’élevage, contrairement à ce que prône la Cour des comptes. C’est vrai que les vaches libèrent du méthane, mais le pâturage en absorbe, l’herbe capte le carbone. S’il n’y avait pas d’animaux, il n’y aurait pas de pâturage, ni de paysage. Les herbages sont des protéines végétales produites et transformées par les animaux.
Avez-vous mis en place des dispositifs écologiques sur l’événement ?
L’Occitanie est la première région de France en termes de surface et d’exploitation convertie à l’agriculture biologique et la première région d’Europe. Le quart des exploitations françaises converties au Bio sont en Occitanie. C’est une idéologie qui est très bien représentée à Sud de France.
Que faites-vous pour pallier l’inflation sur les produits bruts ?
La région a accordé 12 millions d’euros d’aide au maintien. Il faut que les consommateurs continuent d’acheter Bio plutôt que de choisir le moins cher, afin d’aider les agriculteurs à passer ce cap difficile et à ne pas augmenter trop leurs prix. C’est une aide au maintien que l’état a supprimé et la région, sur ses reliquats de crédit européen, a décidé de les maintenir.
Le 11 juin, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, a demandé l’exclusion du nutri-score. Quelle est votre réaction ?
Carole Delga a tout à fait raison. Nous avions déjà soulevé le lièvre il y a un an et demi. Le nutri-score, c’est faux ! Ce n’est pas seulement acheter moins gras ou moins transformé. Par exemple, le nutri-score analyse l’huile d’olive sur une dose de 100 grammes. Évidemment, ce n’est pas bon pour la santé, mais qui boit un verre d’huile d’olive ? C’est pareil pour le roquefort, si vous mangez 100 grammes, il vous faut 1 kilo de pain !
Les produits transformés ressortent bien, mais les produits bruts sont très mal notés. Pour certains produits industriels, cela peut être une bonne entrée, mais pour les produits bruts, j’adhère complètement aux propos de la présidente.
Pour moi, il faut soit que cela évolue, soit l’enlever. C’est d’ailleurs ce que sont en train de faire beaucoup de pays européens.
J’ose le dire : je me demande à qui profite le crime…