Montpellier : la CCI Hérault remet les doléances des commerçants du centre-ville à Michaël Delafosse

Cette rencontre avait pour objectif de rappeler le besoin de co-construction des acteurs du centre-ville de Montpellier. Au cours des derniers mois, ils ont pu faire part de leurs demandes et de leurs propositions auprès de la Chambre de Commerce. Des échanges qui ont donné naissance au 1^er volet du Livre blanc.

Ce jeudi, le maire de Montpellier Michaël Delafosse a reçu le 1er volet du Livre blanc consacré au commerce dans le centre-ville des mains du président de la CCI Hérault André Deljarry. Cet ouvrage, qui comprend les revendications et les demandes des professionnels de la zone, est né grâce à un long dialogue, entrepris avec les 35 associations de commerçants de l’Ecusson. 

“La CCI Hérault est pleinement mobilisée sur l’ensemble des questions qui préoccupent les commerçants du centre-ville, lance André Deljarry. 1^er centre commercial à ciel ouvert, il héberge plus de 1 000 commerçants, 1 000 établissements de service, et 5 000 salariés qui travaillent quotidiennement. Malheureusement, le secteur du commerce subit de profonds bouleversements depuis de longs mois : mobilisations sociales le samedi, crise de la Covid… Fort heureusement, nous avons pu les soutenir, aux côtés de la Ville, la Métropole, le Département et la Région. Le public a vite oublié les aides et l’accompagnement fournis, pourtant ils ont permis d’avoir moins de dépôts de bilan qu’en 2019. Passagères, ces crises ont malheureusement été doublées d’une forte inflation et d’une perte de pouvoir d’achat, une situation qui a grandement impacté l’activité commerciale”. 

Face à toutes ces problématiques, les équipes de la CCI Hérault ont mené un travail fastidieux qui leur a permis de dégager plusieurs réflexions et recommandations. “En échangeant avec les professionnels, nous avons vu que ces bouleversements touchent l’ensemble des formes de commerces, résume le président de la CCI Hérault. Le bilan est clair : il faut remettre le consommateur au centre des préoccupations. C’est lui qui fait et qui défait les activités. Les retours des commerçants du centre-ville de Montpellier sont sans appel : sécurité, propreté, animations, signalétiques, accessibilité et stationnement sont les préalables si nous voulons maintenir la bonne santé des commerces en centre-ville”.

“Depuis le début de mon mandat de maire, il y a 22 mois, la CCI Hérault et la Mairie ont des échanges de qualité qui nous permettent de travailler de manière positive et sereine, que ce soit sur des projets communs ou des incompréhensions, se réjouit Michaël Delafosse. Le centre-ville, c’est un écrin pour lequel il faut les uns et les autres travailler”. Ces discussions ont permis à la municipalité d’appuyer plusieurs grands projets de la CCI Hérault, et inversement, notamment au niveau du parking des Arceaux et du décalage des travaux sur la place de la Comédie. Un soutien qui enchante le président de la Chambre de commerce mais qui ne suffit pas à le rassurer.

“Aujourd’hui, l’accélération des projets me fait craindre que les commerçants ne puissent pas encaisser les nouveaux bouleversements liés aux travaux et plus globalement les choix portés par la municipalité, reconnaît André Deljarry. Dans tout projet, il y a des marges de manœuvre, des phases possibles. Il faut de l’échange, de la pédagogie et de la co-construction. Le fait est que tout changement, même s’il paraît minime vu de l’extérieur, peut être un tsunami pour un commerçant. Nous avons besoin de vision globale à l’échelle de Montpellier parce qu’un impact positif sur un quartier peut être négatif pour le centre-ville et inversement”.

Pour le président de la CCI Hérault, cette stratégie doit naître avec la participation de l’ensemble des acteurs : “Il est indispensable d’interroger les associations de commerçants, ce sont de véritables relais sur lesquels nous devons tous nous appuyer car ce sont ces acteurs qui vivent la situation au quotidien. Ce premier volet du Livre blanc dédié au commerce à Montpellier a pour vocation de bâtir une feuille de route partagée construite avec de nombreux échanges”. 

Interrogés par la CCI Hérault, les plus grandes associations de commerçants du centre-ville de Montpellier ont soulevé plusieurs questions et apporté des pistes de réponses.

“Depuis plusieurs mois, nous avons mis en place un véritable dispositif d’échange entre la police nationale, la police municipale et la Chambre de commerce, ce qui n’avait jamais été fait auparavant, se félicite André Deljarry. Cela nous a permis d’être très réactifs lors de plusieurs incidents. Il nous faut désormais aller plus loin, notamment sur les problématiques liées aux points de deal, aux marginaux ou les squats”. Plusieurs associations de commerçants interrogées lors de la conception du Livre blanc se plaignent du mauvais climat qui plane sur leur secteur en raison de la présence de ces individus. D’après les données recueillies, les professionnels de la rue de l’Aiguillerie, de Figuerolles, du Faubourg du Courreau et du Jeu-de-Paume seraient les plus impactés.

Face aux plaintes et aux critiques, le maire de Montpellier a tenu à rappeler les efforts et les actions menées pour lutter contre la délinquance et l’errance depuis son arrivée à la mairie : augmentation du nombre de policiers, prise en charge des mineurs isolés en errance, multiplication des camions mobiles, création du police des transports… “Dans les prochains jours, le préfet de l’Hérault va confirmer une baisse de 37 % des délits de voie publique dans l’Écusson, rarement une ville qui a obtenu de tels résultats, annonce le maire de Montpellier. En matière de sécurité, nos efforts sont volontaires. Évidemment, il reste beaucoup à faire”.

Le sujet de la propreté est une thématique essentielle pour les commerçants questionnés et la Ville de Montpellier. “Depuis mon élection, nous avons versé 500 000 euros supplémentaires à l’enveloppe dédiée à la propreté de l’espace public, rappelle Michaël Delafosse. C’est un sujet sensible et il y a du boulot, car une partie du public et des professionnels jettent n’importe où et n’importe comment. Nous allons davantage sévir sur le sujet, avec des amendes allant jusqu’à 1 500 €”.

Même bilan du côté des professionnels. “Il faut absolument associer les commerçants dans le déploiement d’une nouvelle gestion du tri des déchets, précise André Deljarry. Des actions très simples peuvent être mises en œuvre pour intégrer la problématique, tant sur la collecte que sur la propreté de l’espace public”.

Pour le maire de Montpellier, cet effort doit passer par l’augmentation de la capacité en matière de tri des déchets et la multiplication de points d’apports volontaires. Pour ne pas dénaturer le charme des rues de l’Écusson, l’élu souhaite que ces futurs aménagements soient “esthétiques“.

Autre point de consensus : l’organisation de manifestations. Pour la CCI Hérault, “il est nécessaire d’avoir des animations régulières avec des thèmes qui permettent d’animer ce centre-ville”. 

Un point de vue partagé par Michaël Delafosse : “Lors du prochain conseil municipal, nous allons voter une enveloppe de 100 000 euros pour les associations de commerçants qui souhaitent, sous forme d’appel à projets, organiser des animations telles que du théâtre de rue, la déambulation de fanfares, etc. Ce sont des choses qui mettent de la vie dans les rues et qui, dans ce contexte éprouvant, rendent les gens un peu plus heureux dans l’espace public.”

“Il est indispensable de penser la mobilité, nous ne pouvons pas rester figés dans les anciens modèles mais il est impératif que les hommes puissent rentrer dans votre stratégie, signale le président de la CCI Hérault. Nous devons travailler sur comment optimiser les accès et les espaces de stationnement, dans ce sens nous attendons votre plan de mobilité global”. 

Pour André Deljarry, la question du commerce et de la mobilité dans le centre-ville de Montpellier ne peut pas être abordé du point de vue du Montpelliérain ou du Métropolitain car ⅓ des consommateurs proviennent de l’extérieur de ces territoires. “Ce serait ridicule de se couper de ce marché, affirme-t-il. Tous les consommateurs sont à la recherche de facilité d’accès et de rapidité, il est nécessaire de penser pour l’ensemble d’entre eux, y compris les touristes.

La question de l’accessibilité et de la voiture dans le centre-ville de Montpellier sera par ailleurs abordée dans un 2^e volet du Livre blanc. Michaël Delafosse sera invité à y répondre au moment de sa sortie.

André Deljarry souhaite une meilleure lisibilité de l’offre commerciale du centre-ville de Montpellier et créer un lieu de dialogue pour l’ensemble des acteurs. Pour cela, le président de la CCI Hérault propose l’ouverture d’un guichet unique dédié au commerce. “La création d’un guichet unique permettrait d’avoir un minimum d’interlocuteurs et un maximum de réactivité sur tous les sujets qui préoccupent les commerçants, explique-t-il. Nous pourrions y organiser des permanences, avec des équipes transversales composées de représentants de la Ville, la CCI, la Serm et la Mission Grand Cœur. De cette manière, nous pourrions fonctionner comme un manager de centre-ville et obtenir les remontées d’informations nécessaires pour prendre des décisions partagées sur l’avenir de Montpellier”.

Pour le maire de Montpellier, cette proposition mérite d’être abordée très sérieusement : “L’idée d’un guichet de travail en commun est une belle approche pour assurer une forme de dialogue continue. Nous allons avancer dans cette direction au cours des prochains mois”.