Montpellier : “la diminution du niveau de vie n’est plus un bug, c’est une feature”, les employés d’Ubisoft en grève
Malgré plusieurs semaines de négociations salariales, les organisations syndicales et la direction du géant français du jeu vidéo ne sont pas parvenues à un compromis jugé acceptable. Une augmentation des rémunérations entre 2 et 3% est prévue, un chiffre “inférieur à l’année dernière, inférieur à l’inflation, inférieur à la rentabilité du groupe”, indique le Syndicat des travailleurs du jeu vidéo.
Les trois syndicats du secteur, le STJV (Syndicat des travailleurs du jeu vidéo), Solidaires informatique et la Fédération FIECI CFE-CGC, ont appelé à une grève générale les plus de 5000 travailleurs français du groupe. Rien qu’à Montpellier, les studios accueillent 470 employés. Ensemble, les grévistes réclament une augmentation salariale de 5%, pour l’ensemble de la masse salariale.
Si cette coalition est nouvelle, les griefs sont plus anciens. “Notre employeur a bénéficié de revenus monumentaux pendant les confinements successifs, nous n’avons pas à servir de variable d’ajustement corrigeant les mauvaises décisions”. En effet, au 31 mars 2021, Ubisoft enregistrait un chiffre d’affaires de 2,22 milliards d’euros, soit une augmentation de 39,4% par rapport à l’exercice 2019-2020. Plus récemment, la société ne rencontre pas le même succès. En 2022-2023, la société était déficitaire de 494,2 millions d’euros, notamment en raison du report de plusieurs sorties (Assassin’s Creed Mirage ou Avatar: Frontiers of Pandora, par exemple). Parallèlement, le groupe a lancé un plan de réduction des coûts de 200 millions d’euros, passant notamment par des fermetures de bureaux européens et des réductions d’effectifs. Pour le STJV, “l’’amélioration des conditions économiques passe par la production de jeux de meilleure qualité”.
En tout cas, le schéma semble se répéter pour les salariés d’Ubisoft. Le STJV déplore que “l’année dernière déjà, les employés ont dû faire un effort en acceptant une dégradation de leurs conditions de vie. Il faut se rendre à l’évidence : aux yeux de la direction, la diminution du niveau de vie n’est plus un bug, c’est une feature”, une métaphore liée au jeu, indiquant l’aspect systémique plutôt que transitoire de la politique salariale d’Ubisoft.