Un si Grand Hérault — Montpellier

Montpellier : la place de l'Œuf fait la Comédie

Les archives ne mentent pas : il y a quelques décennies, le vrombissement des moteurs animait la place de la Comédie. Symbole de tous les temps, l’histoire de cette esplanade, carte postale de la ville, s’est écrite dans la pierre et dans l’eau.

Une histoire de source

Avant la construction de l’Opéra actuel, Montpellier a connu deux opéras qui ont brûlé. La ville possédait alors des fontaines en dehors de l’Écusson, mais aucune dans son centre. Pour répondre aux besoins croissants en eau potable et pour alimenter la ville, un aqueduc, appelé l’aqueduc Saint-Clément ou aqueduc des Arceaux, a été construit en 1775. Cet aqueduc transportait l’eau depuis Saint-Clément jusqu’à Montpellier sur une distance d’environ 15 kilomètres, avec un débit de 25 litres par seconde à l’époque. Trois fontaines principales ont été spécialement créées à cette occasion : les Trois Grâces, la fontaine des Licornes sur la place de la Canourgue, et la fontaine de l’Intendance place Chabaneau près de la préfecture.

Un symbole critiqué

Le parcours de la Fontaine des Trois Grâces est marqué par des controverses et des restaurations. Initialement sculptée par le Marseillais Étienne D’Antoine en 1776 à partir de marbre de Carrare, elle incarne les trois Charites de la mythologie grecque : Aglaé, Euphrosyne et Thalie, personnifiant la Beauté, la Joie et la Créativité. Bien que chargé de sa réalisation, Étienne D’Antoine n’a pas signé l’œuvre, déclenchant des débats sur l’attribution de la paternité artistique aux marbriers de Carrare plutôt qu’à lui-même. 

La livraison de l’œuvre provoqua l’émoi des édiles de la ville, critiques quant à la création elle-même, tandis qu’une partie du public fut choquée par la quasi nudité de ces trois femmes. Après des litiges avec la ville concernant la qualité du marbre et la conception, la fontaine fut finalement installée en 1793 sur la place de la Comédie, où elle se trouve toujours aujourd’hui. 

Une figure d’œuf

Si on l’appelle aujourd’hui “place de la Comédie” et qu’on se donne rendez-vous “aux Trois Grâces”, cette esplanade fut longtemps baptisée “la place de l’Œuf” en raison de la forme ovoïde de son ancien rond-point. Mais ce n’est pas tout : l’expression “faire l’œuf” signifiait autrefois “se montrer”, “se pavaner”, “draguer” !

Au fil des ans, la place de l’Œuf s’est transformée, d’abord avec l’implantation de parkings en 1970, puis en devenant complètement piétonne après les travaux réalisés entre 1984 et 1986. Durant cette période, la Fontaine des Trois Grâces a été déplacée de quelques dizaines de mètres. Puis, en 1989, face à la dégradation due à la pollution, une réplique en résine remplaça l’originale exposée depuis lors dans l’Opéra Comédie. Au pied du socle, il est encore possible de contempler l’empreinte de son ancienne vie.

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