Montpellier : la police chasse les marginaux "de passage" du centre-ville
Voilà l’été et son lot de problèmes liés à la ruée vers le sud de touristes mais aussi d’une nouvelle population que le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh venu faire une démonstration de force place de la Comédie lundi 27 juin appelle les 'zadistes'.
Contrôle de police place de la Comédie © Mathieu Weisbuch
Un constat : “les statistiques de la délinquance [sont] en hausse” à Montpellier, a reconnu le préfet de l’Hérault Hugues Moutouh. De récentes agressions sur un policier et un commerçant ont allumé le voyant du plan sécuritaire que vont mener “la police municipale, la police nationale et la police aux frontières” a détaillé le directeur départemental de la sécurité publique, Yannick Blouin.
Ce lundi 27 juin, place de la Comédie, étaient présents également le procureur de la République Fabrice Bélargent et l’adjoint au maire à la sécurité Sébastien Cote. De nombreux agents en uniforme assurent la promotion des opérations du maintien de la sécurité dans les points sensibles de la ville : l’Ecusson, les halles Laissac, le square Planchon, la Comédie, la gare.
Une population insaisissable
Les associations d’aides aux personnes sans domicile et les organismes solidaires recensent et connaissent en grande partie la population qui vit en marge à Montpellier. Mais le désordre pointé ici par l’opération de sécurité est autre. “Depuis quelques semaines, nous avons eu droit à quelques agressions de la part de SDF qui ont des profils atypiques par rapport au punk à chien traditionnel qu’on a dans le sud de la France, a rappelé Hugues Moutouh. Nous avons une population de zadistes qui est arrivée et qui sème le trouble”.
Cette population semble insaisissable, si l’on en croit Sébastien Coste : “nous avons affaire à une marginalité de passage, que nous appelons dans le langage de la cohésion sociale des ‘travellers’. Ils ne sont pas connus de nos associations comme la Croix Rouge, ne demandent pas d’hébergement d’urgence, ne sont pas connus du Samu social. Ils viennent pour un temps à Montpellier. Mais ils sont nombreux, trop, et posent des problèmes de sécurité.”
“Couper du saucisson”
Si l’on se réfère aux interpellations qui se déroulent à Montpellier, la ville serait frappée par une augmentation du port d’armes blanches. “Toute personne qui a une arme blanche sur la voie publique se met en état d’en agresser une autre et d’en découdre, a prévenu le procureur de la République. A Montpellier, c’est particulier, il y a énormément de gens qui se promènent avec des couteaux sur eux pour des motifs bizarres. Ils prétendent vouloir couper du saucisson, or, on se rend compte que leurs motifs sont autres. Il y a des agressions à l’arme blanche dans les transports et la voie publique. Toute personne contrôlée avec une arme blanche ou un poing américain sera interpellée, placée en garde à vue et présentée au parquet. Celles qui ont déjà un casier judiciaire, vous les retrouverez à l’audience de comparution immédiate.”
Le message et le droit
Le préfet de l’Hérault tient avant tout à “faire passer un message” aux riverains et aux commerçants. D’où cette “démonstration de force” qui s’est déroulée lundi 27 juin sur la place de la Comédie. Mais il faut ménager la chèvre et le chou et rappeler qu’on respecte le droit. “Il y a une liberté fondamentale d’aller et venir dans notre pays et dans l’Hérault. Il n’y a pas de délit de vagabondage en France, fort heureusement. Mais nous ne voulons pas de gens qui se conduisent mal et qui troublent la tranquillité publique”, a ajouté Hugues Moutouh.
L’opération se base sur un arrêté tranquillité publique et non anti-mendicité. “Cela fait des années qu’il existe à Montpellier, a précisé Sébastien Cote. Il interdit de stationner sur la voie publique en nombre avec des chiens susceptibles de bloquer le passage, d’aboiements, de gêner les riverains et les commerçants. L’arrêté interdit la consommation d’alcool sur la voie publique à Montpellier”.
“Il ne faut pas détourner le regard”
Les effectifs qui contrôlent ces populations et gèrent leur prise en charge ne sont pas toutes l’arme au poing. Les forces en présence lors des opérations travaillent sous la houlette d’un officier de police du commissariat de la Comédie. “Mais il y a aussi des cellules à vocation médicale, psychologique, sociale, a mentionné le directeur départemental de la sécurité publique Yannick Blouin. Sans stigmatiser, il y a des gens avec des problèmes psychologiques, d’addiction à l’alcool ou aux médicaments. Nous avons eu une réunion coordonnée par le cabinet du préfet avec l’ARS (Agence régionale de santé), la Colombière et l’ordre des pharmaciens en essayant de croiser les regards pour qu’il y ait une vraie prise en charge. Il ne faut pas détourner le regard. Ce sont des hommes, moins souvent des femmes, qui ont un mal-être. La prise en charge ne peut pas être que répressive. Nous, forces de police, nous avons bougé nos lignes”, a tenu à dire Yannick Blouin.
Voilà l’été
La police de proximité, une formule à la vertu déjà éprouvée, va assurer une partie de la sécurité des riverains. A pied ou en VTT, le contact s’établit plus facilement avec la police, l’uniforme semble moins “distant” pense-t-on. C’est en tout cas le choix de la Ville pour appréhender ces zadistes. “Ils arrivent et se greffent à nos SDF et ce sont eux qui mettent le bazar”, a tranché Hugues Moutouh. L’été impose de résoudre une difficile équation de saison entre liberté et sécurité. C’est par l’anticipation et la proximité que la Ville espère y parvenir.
Plus d’un million de touristes se rendent dans l’Hérault chaque année, dont une grande majorité pendant l’été. “Il y a fort à parier que les petites voleuses qui viennent des pays de l’Est vont se positionner aux arrêts de tramway. A nous d’anticiper ce type de phénomène saisonnier et d’adapter la réponse pénale”, a déclaré le procureur de la République Fabrice Bélargent.