Montpellier : la romancière Juliette Belfiore se penche sur le milieu de l’art
Le roman policier "Hacking à Hong Kong", écrit par la Montpelliéraine Juliette Belfiore, se déroule dans le monde de l'art du XXIe siècle. Il fait voyager le lecteur dans le cercle très restreint de l’art. Interview de la romancière…
La naissance du roman
“Depuis plusieurs années, j’avais la vision d’un homme et d’une femme séduisants qui se rencontrent dans l’avion et s’attirent inéluctablement. Le lecteur se rend compte lors de leurs présentations qu’ils mentent tous les deux. Cette scène, je l’imaginais clairement, comme un film se déroulant dans ma tête. J’ai fait un plan global, et j’ai commencé à écrire“, explique Juliette Belfiore.
L’autrice montpelliéraine se dit surprise de voir ses personnages vivre une vie indépendante de la sienne : “Ils ont leur propre logique, s’étonne-t-elle. Les hackers dérobent de la cryptomonnaie à des personnes très riches et la redistribuent. Ce sont les Robin des bois d’un milieu artistique corrompu et ils dénoncent cette infamie. Je n’avais pas réalisé à quel point mon roman véhiculait une morale… Pourtant, je l’ai écrit pendant le mouvement #MeToo, ce qui m’a fortement influencé. Mes personnages féminins sont forts, et si elles subissent des agressions, ce ne sont pas des victimes.“
“Un roman visuel”
Hacking à Hong Kong est le deuxième roman de Juliette Belfiore. Elle y aborde des thèmes récurrents. “Mon premier ouvrage, Éclipse à Tokyo, se déroule lui aussi en Asie. Mes deux manuscrits sont également des enquêtes de police, car je suis très inspirée par les séries, comme Mr Robot ou encore 24 Heures chrono. Mon livre Hacking à Hong Kong est d’ailleurs très rythmé et séquencé par heure ; il s’agit d’un roman visuel. Ma grande ambition serait que ma saga soit adaptée au format série“, confie-t-elle. L’autrice explique que son personnage principal masculin est tiré de John McClane, le héros des films Die Hard.
Son inspiration cinématographique n’est plus à prouver, mais d’autres éléments ont tissé l’écriture de ce premier opus. En premier lieu sa passion pour l’art. “Je suis confrontée à l’art depuis toujours, et mieux encore, je le comprends. J’ai exercé dans ce domaine, et si l’art me transporte, le milieu me déplaît. Cependant, un de mes grands regrets est de ne pas avoir travaillé au milieu des œuvres. Ce livre est la création de la vie que je n’ai pas vécue“, s’épanche Juliette Belfiore.
Une vie hors du commun comme source d’inspiration
Il y a dix ans, Juliette Belfiore a vécu en Chine, à Hangzhou, près de Shanghai. Son roman est une invitation dans la “Chine qu’elle a connue et qui n’existe plus”. Elle véhicule les odeurs, les expériences et les rencontres qui ont changé sa vie.
Elle utilise ce livre comme un exutoire, une porte de sortie à ses émotions. “À un moment, le héros se retrouve nez-à-nez avec un conteneur rempli de grenouilles en peluche. Cela fait écho à une période de ma vie compliquée. Je travaillais dans une maison d’édition de livres pour enfants et nous avions commandé de nombreuses grenouilles en peluche en Chine. Nous avons eu de gros problèmes avec la douane, l’acheminement… Cela a développé un véritable traumatisme que j’évacue par l’écriture”, explique l’écrivaine.
“À la suite de cette expérience professionnelle, j’ai fait un burn-out. J’ai profité des deux ans qui m’étaient accordés pour écrire le roman qui me trottait dans la tête. Seulement une semaine s’est écoulée avant que j’apprenne que j’étais enceinte. J’ai dû réduire les délais et écrire mon livre en neuf mois. C’est une grande victoire d’y être parvenue et que mon roman soit reconnu au point d’être édité par une maison d’édition. De plus, Cohen et Cohen est la maison que je visais puisqu’elle est dédiée aux polars sur l’art. C’est la voie royale“, se félicite Juliette Belfiore. Elle déplore cependant le délai avant édition. En 2020, lorsqu’elle a achevé son livre, les NFT (Tokens Non Fongibles, la propriété numérique d’un bien) n’avaient pas encore explosé, et elle aurait été précurseur en en parlant.
Résumé du roman
Martin Cassard, un ancien flic traumatisé de la police judiciaire, a rejoint l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels. Il est envoyé à Hong Kong pour assister au lancement d’Artcoins, une application d’achat d’œuvres d’art. Les transactions en ligne sont réalisées grâce à une nouvelle cryptomonnaie sécurisée. Du moins c’est ce que tout le monde pensait avant qu’un hacker ne la détourne. Martin et sa supérieure se lancent alors dans une enquête trépidante qui les mènera à Paris, Genève et Montpellier. Dans ce roman noir, entre tensions, charme, passions et voyages, le lecteur explore tout un panel d’émotions.
Un 2e tome
Juliette Belfiore évoque la suite de son roman. “Je suis déjà en train d’écrire le tome 2. Il débutera à New-York puis évoluera en Thaïlande à Koh Lanta. J’ai l’intention de demander une bourse au Centre National de Livre pour voyager et imprégner mon livre de la réalité que j’expérimenterai. J’espère l’avoir achevé à la fin de l’année 2023. Avec le temps d’édition, je pense qu’il ne paraîtra pas avant 2024“, confie-t-elle.