Montpellier : l'Agora des Savoirs reprend, entre droit, histoire, santé, philosophie et émotions

Photo d’illustration © Canva.

Cette 14^e édition de l’Agora des Savoirs propose 6 nouvelles conférences au public, dans une démarche d’apprentissage, de curiosité intellectuelle et collective, réaffirmant un savoir émancipateur, garant de libertés et de progrès.

L’Agora des savoirs s’ouvrira avec une conférence d’Anne Lehoërff, professeure de protohistoire européenne, vice-présidente du Conseil national de la recherche archéologique, le mercredi 8 mars à 19h. De l’homme de Néandertal à la défaite de Vercingétorix à Alésia en -52, Anne Lehoërff reconstitue dans son ouvrage Préhistoires d’Europe (Belin, 2022) un paysage européen historique qui vit les premiers apprentissages humains, les premières croyances et la construction de cités à l’effigie des divinités. Sa conférence démystifiera de fausses croyances et représentations du XIX^e siècle, de l’homme des cavernes aux mégalithes celtiques en passant par les pacifistes lacustres et “nos ancêtres les Gaulois”…

Le mercredi 22 mars à 19h, l’Agora des Savoirs fera un retour sur l’histoire du droit. De l’Antiquité à la mise en place de l’Union européenne, revue de détail des principes de fonctionnement européens avec Tamar Herzog, professeure d’histoire à l’université Harvard spécialiste de l’histoire juridique. Elle renseignera le public sur l’évolution des normes sociétales, effectuant une comparaison plus spécifique entre droit continental et common law anglaise.

Place aux sciences le mercredi 5 avril à 19h avec Pascal Pujol, généticien spécialisé en cancérologie, directeur du service d’oncogénétique du CHU de Montpellier et président de la Société française de médecine prédictive et personnalisée. Grâce aux progrès de la médecine moderne, en particulier de la génétique, les maladies génétiques, congénitales, héréditaires sont aujourd’hui diagnostiquées de manière anticipée, afin de les soigner, ou mieux, de les prévenir au plus tôt. Plus révolutionnaires encore, la précision et la personnalisation de la médecine génomique permettent même la guérison totale de certains patients auxquels on prédisait de faibles chances de rémission. Cependant, certaines maladies restent incurables. Au-delà de la solution du diagnostic prénatal, quels moyens mettre en œuvre ?

La mort provoque un questionnement existentiel sur lequel reviendra Vinciane Despret philosophe, chercheuse à l’Université de Liège, le mercredi 19 avril à 19h. La question de la mort est au centre des préoccupations des vivants. Autour de questionnements philosophiques sur la vie en société, la dégradation des rapports humains ou les tragédies inévitables, Vinciane Despret partagera avec le public cinq récits de décès qui ont mené à reconsidérer le regard porté sur la mort. Des disparitions qui ont la particularité de présenter une forme d’injustice. Dans une démarche de mémoire collective engagée, le programme des Nouveaux Commanditaires réinvente une forme de citoyenneté autour de l’art et de la culture, et redonne une forme de vie par l’art bien au-delà du simple deuil.

Pour l’avant-dernière conférence, le mercredi 17 mai à 19h, un sujet politique d’actualité sera présenté par Eva Illouz, directrice d’études à l’EHESS, qui travaille sur la marchandisation des émotions et ce qu’elle appelle le “capitalisme affectif”. A l’échelle mondiale, des mouvements nationaux-populistes divisent au sein de la démocratie et poussent à s’interroger sur les mécanismes menant à l’élection d’élites peu scrupuleuses de l’accroissement des inégalités sociales. Un mécanisme qu’Eva Illouz explique par l’émotion, qui désavoue le réel. Quatre systèmes en particulier ressortent des discours populistes et font l’objet d’instrumentalisation : la peur, la répulsion, le ressentiment et le patriotisme. Elle en fait la démonstration notamment à travers l’analyse de l’Israël de Benjamin Netanyahou.

Enfin pour clôturer l’Agora des savoirs, le mercredi 31 mai à 19h, une conférence portera sur le silence.
Le silence ne demeure pas forcément un espace inoccupé. Au contraire, Jérôme Sueur, maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, directeur du laboratoire d’éco-acoustique, et pionnier de l’étude des paysages naturels sonores, affirme que le silence est abondant et revêt de multiples expressions. Il est tantôt imposant, inquiétant, tranquille et naturel ou menaçant. La conférence bénéficiera sans doute du silence de l’audience pour mieux saisir l’essence de son propos.

Agora des Savoirs – Espace Rabelais – Boulevard Sarrail – Montpellier.
Les mercredis 8 et 22 mars, 5 et 19 avril et 17 et 31 mai à partir de 19h.