Société — Montpellier

Montpellier : l'association Noûs veut "remettre le débat au goût du jour"

Avec ce nouveau club de réflexion, l'ancien président de la CCI Hérault et chef d'entreprise Rudy Iovino ne "s'interdit aucun sujet" pour agiter les neurones de ses adhérents et bousculer la pensée collective.

“Club de pensée, think tank, agitateur d’idées”… La nouvelle association montpelliéraine affiche la couleur de ses ambitions : Noûs, en grec ancien, “signifie la pensée, l’intellect”, et la première personne du pluriel en français. Un nom qui traduit la volonté cérébrale et collective des quatre fondateurs de ce club. “On veut remettre au goût du jour le débat”, résume l’ancien président de la CCI de l’Hérault et aujourd’hui président de Noûs, Rudy Iovino, à l’origine de ce projet aux côtés de la conseillère régionale Marie-Thérèse Mercier, du communicant Frédéric Tubiana et du directeur de la communication de l’aéroport de Montpellier, Sylvain Jambon.

“Réapprendre le débat au travers de la controverse”

“Aujourd’hui , c’est un peu compliqué de débattre sur certains sujets. On voulait réapprendre le débat au travers de la controverse”, poursuit le chef d’entreprise. “Noûs a pour objectif de nourrir l’intelligence collective via la tenue de rendez-vous publics animés par des personnalités porteuses des expertises appropriées et de valeurs humanistes et universelles : enseignants, chercheurs, intellectuels, journalistes, écrivains, artistes, cinéastes, sportifs…”

Un club “indépendant des sphères et des influences économiques, politiques et associatives locales et/ou nationales”, selon ses fondateurs qui viennent de déposer les statuts de leur association après une assemblée à la Halle Tropisme de Montpellier, le 13 avril.

Différent mais pas opposable au Cercle Mozart

Noûs veut tirer son épingle du débat et imposer son style en se démarquant de ses homologues montpelliérains. “Il y a d’autres club de ce type mais on a voulu créer le nôtre avec deux piliers fondateurs : la laïcité et la parité, avec des valeurs d’humanisme et d’universalisme”, souligne Rudy Iovino. “Ainsi, femmes et hommes sont représentés paritairement dans ses instances dirigeantes et parmi ses membres, sans pour autant instaurer de quotas”, indiquent les responsables.

Certains pourraient y voir un petit tacle au Cercle Mozart – dont le caractère non mixte est régulièrement pointé du doigt – mais le président s’en défend. “Pas du tout, j’étais adhérent du Cercle Mozart depuis le début, ce sont des amis. Ils font de très belles choses, nous sommes différents, pas opposables. Eux sont liés au monde économique, nous, nous sortons de ce cadre là“, insiste le président.

“Controverse ne veut pas dire polémique”

Trois sujets agitent déjà les neurones des quelque 90 adhérents que compte l’association. Le premier sujet, qui fera l’objet d’un vaste débat public au mois de en juin, est celui de l’intelligence artificielle, avec pour intitulé “IA : vers l’homme augmenté ou l’homme diminué ?” Un autre groupe prépare un rendez-vous posant la question “Le Nucléaire au secours de la planète ?”, et une troisième thématique fait l’objet des efforts d’un autre groupe : “Le progrès nous condamne-t-il à la croissance ?”

“Controverse ne veut pas dire être polémique, le principe est de ne pas écarter un sujet au prétexte de…”, précise Rudy Iovino. Et d’ajouter : “On ne s’interdit aucun sujet, les adhérents ont voté pour des ateliers – il y en avait beaucoup plus de proposés – et ce sont c’est trois là qui sont sortis.” Le but est de restituer ensuite les conclusions de ces groupes de travail au cours de réunions publiques “mais il pourra y avoir d’autres formes de restitution”, prévient Rudy Iovino. “Cela pourra être sur internet, sur les réseaux sociaux ou sous forme de podcasts… Il y a plein de possibilités, on y réfléchit.”

“Bannir toute arrière-pensée affairiste”

Tout le monde peut adhérer à Noûs, en principe. “C’est ouvert aux jeunes , aux chômeurs, à tous ceux qui ont envie de travailler avec nous”, lance le président. Seuls critères : un strict respect des valeurs républicaines. “On s’autorise le droit d’accepter ou pas. Il y a une charte. Le but étant de faire attention à qui on recrute.” Cette charte engage ainsi ses signataires, “soucieux de sortir de l’entre-soi et de bannir toute arrière-pensée affairiste”, à faire vivre et développer la tolérance promu par l’association au-delà des barrières sociales ou générationnelles. Pour l’heure, 90 personnes ont fait le choix du collectif en rejoignant Noûs. Un chiffre appelé à grossir raisonnablement. “On veut grandir en prenant notre temps”, conclut Rudy Iovino.

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