Montpellier : le musée Fabre reçoit en don un chef-d'œuvre de la peinture italienne, "Judith et Holopherne" de Filipo Vitale
Jeudi 27 janvier, un chef-d'œuvre de la peinture italienne du XVIIe siècle a rejoint les cimaises du Musée Fabre, et plus particulièrement de l'exposition temporaire "La Beauté en partage". Ce don vient enrichir la collection du musée Fabre.
Le tableau “Judith et Holopherne” par Filipo Vitale. © musée Fabre – Montpellier Méditerranée Métropole
Le don de cette œuvre datant du XVIIe siècle a été effectué au musée Fabre par Didier Malka, avocat au barreau de Paris, collectionneur, amateur de peinture italienne. Le tableau Judith et Holopherne était jusqu’à présent exposé au Palazzo Barberini, à Rome, dans le cadre d’un prêt. On pouvait l’admirer au cœur de l’exposition Caravaggio e Artemisia : la sfida di Giuditta.
Jeudi 27 janvier 2022, Boris Bellanger, adjoint au maire de Montpellier, délégué au quartier Centre et au Patrimoine historique ; Michel Hilaire, conservateur général du Patrimoine, directeur du musée Fabre ; et Pierre Stépanoff, conservateur au musée Fabre, responsable des collections XIVe – milieu du XIXe siècle, ont procédé à l’accrochage de cette œuvre majeure au sein de l’exposition temporaire La Beauté en partage, 15 ans d’acquisitions au musée Fabre. Cette exposition est d’ailleurs prolongée jusqu’au 13 mars 2022. A l’occasion de l’accrochage, il a été rappelé que la peinture italienne est au cœur de l’identité du Musée Fabre depuis sa fondation en 1825, comme en témoigne la publication de son catalogue exhaustif en 2020
L’influence du Caravage
Lors de l’accrochage, le directeur du musée Fabre a retracé la carrière du peintre Filipo Vitale en rappelant l’influence que Le Caravage a eue sur lui. Il a ensuite évoqué l’œuvre Judith et Holopherne, expliquant que Vitale compose une image spectaculaire, qui n’hésite pas à mêler une violence crue à un riche coloris séduisant. Judith et Holopherne s’inscrit dans le sillage des 2 versions exécutées par Caravage de ce sujet violent. Le peintre a sans aucun doute connu la seconde version peinte par Caravage à Naples, connue par une copie (Naples, Palazzo Zevalos) et une autre version à l’attribution particulièrement disputée. Vitale représente le même moment que celui, très original, que Caravage avait choisi : l’instant où Holopherne, prenant conscience de l’imminence de sa mort, pousse un hurlement de douleur et de terreur, avant d’expirer. L’organisation générale de l’image est la même : les personnages à mi-corps, le général philistin à gauche, l’héroïne juive au centre et sa servante à droite, avec une grande draperie rouge en toile de fonds pour de servir de décor au drame. L’artiste se plaît à confronter la carrure démesurée d’Holopherne, notamment ses énormes mains, aux gestes tempérés de Judith, dont la physionomie apaisée répond, par contraste, au visage ridé de la vieille servante qui s’apprête à recueillir dans un sac le trophée de sa maîtresse : la tête d’Holopherne.
Si la référence à Caravage est manifeste dans la structure du tableau, il révèle dans le même temps la profonde transformation stylistique qui éclot durant le second quart du XVIIe siècle napolitain, entre baroque et classicisme, à une époque où Vitale atteint sa pleine maturité. Là où Caravage avait fondé son tableau sur un intense clair-obscur, la scène de Filippo Vitale est éclairée par un violent coup de lumière qui définit brutalement la scène, les gestes et les expressions des personnages. Cette lumière vient rehausser une multitude de détails décoratifs, notamment les superbe étoffes de la robe de Judith ou encore les motifs de la grande draperie rouge.