Droit — Montpellier

Montpellier : le nouveau D.U. “Violences intrafamiliales” connaît déjà le succès

Lancé en septembre 2024, le nouveau diplôme universitaire de la Faculté de droit de Montpellier compte déjà 55 inscrits. Il a été créé pour “combler un manque de formation pluridisciplinaire”, selon la responsable pédagogique Anne Ponseille, à destination des intervenants dans ce domaine : avocats, psychologues, travailleurs sociaux ou encore des étudiants.

Le jeune diplôme universitaire “Violence intrafamiliale” et ses 100 heures d’enseignement a pour objectif d’armer ses participants contre cette réalité. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter une ligne à un CV, mais d’apprendre à détecter, dénoncer et surtout combattre ces violences.

“Il y avait une réelle nécessité de former les intervenants”

“Nous avons 55 inscrits et des facultés qui nous contactent déjà. Ce n’est pas rien pour un DU tout jeune”, confie Anne Ponseille, responsable pédagogique à la faculté de droit de Montpellier. Un écho de la demande exprimée par les professionnels de terrain, source de la naissance du programme. “Au printemps, lors d’une rencontre avec des magistrats au parquet, nous avons constaté un manque de formation pluridisciplinaire. Il y avait une réelle nécessité de former les intervenants, qu’ils soient juristes, médecins, ou psychologues, à la prise en charge des victimes et des auteurs”, explique-t-elle.

Depuis le 1ᵉʳ octobre, les étudiants profitent donc de 100 heures d’enseignement qui couvrent l’ensemble de la prise en charge. “L’objectif est d’offrir une vision globale, complète et actualisée de ces violences”, précise-t-elle. Et pour s’assurer que la réalité du terrain est au cœur des échanges, le D.U profite du soutien du parquet. “Nous bénéficions du soutien actif de trois magistrats et de professionnels pénitentiaires, et de la participation de représentants de l’ordre, des médecins et même un dentiste. Cet appui est un gage de sérieux et de qualité”, souligne Anne Ponseille.

Le D.U. vu par ceux qui le vivent

Lorsqu’on interroge les étudiants sur les raisons de leur inscription, c’est un auditoire profondément engagé qui livre une multitude de réponses. Parmi eux, les étudiants en droit, convaincus qu’il est urgent d’agir, sont nombreux. Ludivine, par exemple, considère que ce D.U lui permettra d’acquérir “des clés supplémentaires pour agir avec justice et humanité”, tandis qu’Iona, apprentie juriste au Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF), espère développer des “compétences concrètes, au-delà de l’approche juridique classique.”

Mais la formation accueille aussi différents parcours, à Montpellier comme en distanciel. Léa, interne en psychologie dans une clinique à Montréal, a rejoint le D.U pour “approfondir les dynamiques des violences intrafamiliales, notamment sous l’angle judiciaire.” Son objectif : “mieux comprendre la psychologie et la psychiatrie des auteurs et des victimes.” Quant à Ysaline, réserviste dans la gendarmerie, c’est son expérience au sein d’un système encore fragile qui a été le motivateur : “Je vois combien ce sujet est mal compris ou minimisé. Je veux obtenir des outils concrets pour agir et, surtout, pour faire bouger les choses au sein de l’institution judiciaire.”

Certaines, comme Charlotte, ont observé de près les failles d’un système encore insuffisamment. Étudiante en droit, elle a été marquée par le vécu de sa sœur, victime de violences psychologiques : “Cela m’a profondément affectée, et ce diplôme est pour moi un moyen d’agir là où je n’ai pas pu intervenir à temps”. Justine, elle aussi, a transformé ses souffrances personnelles en force d’action. “À 14 ans, j’ai été victime d’une infraction sexuelle. C’était une période très difficile. Ce D.U m’aide à mieux comprendre ce que j’ai traversé et à me préparer pour aider d’autres victimes. Je veux être utile.”

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