Montpellier : le quartier des Cévennes sort de l’ombre
Plusieurs élus se sont rendus le vendredi 18 mars à l'inauguration officielle de la Maison du projet où se joue la transformation à venir du quartier des Cévennes, jusque-là grand oublié des politiques de la Ville.
© Mathieu Weisbuch
Le quartier qui va de la rue Paul Rimbaud à l’avenue du professeur Louis Ravas ne va pas subir la grande métamorphose annoncée à la Mosson. C’est un travail “de dentelle” qui est prévu aux Cévennes, a répété la déléguée à l’aménagement durable du territoire, à l’urbanisme, à la maîtrise foncière et au projet Anru, Coralie Mantion. La mise en route du projet aura tout de même “attendu onze ans”, a rappelé le maire Michaël Delafosse.
Une immense copropriété
La Ville se trouve face à une immense copropriété dont la gestion n’est plus assumée correctement. “Les collectivités sont entrées dans cette copropriété pour l’aider à se redresser et l’ouvrir au reste du quartier, explique Coralie Mantion. Elle contient 12 bâtiments, de grands espaces communs qui vont de l’espace vert au parking et à la voirie. C’était une charge trop importante pour les propriétaires, parfois des personnes avec de faibles revenus qui n’ont pas su entretenir leurs biens ou les rénover. La Ville a dû intervenir.”
Une division nécessaire
La Ville va récupérer les espaces publics, de voirie, les espaces verts, et certains parvis qui étaient privés. “Nous allons diviser la copropriété en 12 petites copropriétés avec une gestion plus facile pour les habitants, enchaîne Coralie Mantion. Ensuite nous allons faire des petites démolitions ponctuelles, de la dentelle, pour ouvrir le quartier et créer des perspectives en direction des espaces verts. Il y a aussi un volet renaturation (…) pour éviter les îlots de chaleur, la Ville va casser les dalles, le parking et créer du stationnement aérien et végétalisé. Une mutation en plusieurs étapes”.
À pied, à vélo et en bustram
Le rattachement du quartier des Cévennes au reste de la ville prendra plusieurs formes. D’ici 2025, 2 lignes de bustram, l’une avenue Henri Mares et l’autre avenue Louis Ravas, permettront de rejoindre Les Tonnelles et Saint-Eloi desservis par les tramways. Le maire s’est engagé à assurer des passages à des horaires plus fiables pour les usagers. Les piétons devraient bénéficier de la rénovation du chemin de l’aqueduc, la grande coulée piétonne qui descend jusqu’aux Arceaux et que la Ville entend aussi sécuriser. Enfin, les voies réservées au bus et aux vélos ont libéré une longue piste cyclable. Elles ont surtout permis d’éviter que le bus 15 reste “prisonnier des embouteillages. Il a gagné huit minutes sur son trajet” a précisé le maire. Un gain de temps dont bénéficie également les secours. Aux heures de pointes en fin d’après-midi, ils auraient gagné plus de dix minutes pour rejoindre le CHU.
L’avis des citoyens
Le projet de rénovation du quartier des Cévennes ne s’est pas fait sans une consultation préalable des habitants. 700 personnes se sont impliquées dans les réunions publiques. 5 au total ont rassemblé des habitants, des commerçants, des comités de quartiers et des associations. Ces échanges ont posé les premiers jalons du suivi que la Ville entend mettre en place et que la Maison du projet cristallise. Située à la place d’une ancienne banque et rachetée par la mairie, elle accueillera les habitants concernés par les transformations. Ils rencontreront des agents de la SA3M “au sujet de leur parcours résidentiel, précise Coralie Mantion. Car les habitants des bâtiments que nous allons détruire doivent être relogés. Certains souhaitent partir dans le parc social, d’autres veulent être propriétaire mais ailleurs, et d’autres encore veulent rester dans le quartier des Cévennes”. Selon la mairie, tous ont reçu la visite des agents habilités, venus évaluer le nombre de personnes concernées et leurs souhaits. “Parfois il y a les parents et les grands enfants dans le même logement. Là, c’est 2 logements qu’il faut trouver” illustre Coralie Mantion.
Lente mutation
Peu d’informations sur le calendrier des travaux. La démolition de la maison de quartier Jean-Pierre Chabrol a débuté en janvier dernier. L’aménagement de la contre-allée Louis Ravas devrait arriver l’été prochain. Mais il faudra sans doute attendre 2024 pour être au plus fort de la transformation des Cévennes. Pour ce projet, la Ville investit 24 millions d’euros et bénéficie de 23 millions d’euros d’aides de l’État. La Ville continue de consulter les habitants jusqu’à demander leur avis sur “l’amélioration des conditions de vie dans les bâtiments”, rapporte un communiqué. Peut-être la porte ouverte à une politique urbaine de proximité que pourraient franchir les habitants des Cévennes logeant pour beaucoup dans des bâtiments à l’isolation défaillante. Une hypothèse que semble confirmer la déléguée à la politique de la Ville et cohésion sociale Clara Gimenez : “On a besoin de travailler au-delà de la rénovation urbaine. Il y a un enjeu social pour plus de cohésion.”