Montpellier : le street art prend ses quartiers à la Parcelle 473, nouveau centre d'art à Malbosc
Belle découverte que celle de la Parcelle 473, située à Malbosc, à Montpellier. Un centre d'art très orienté street art, ouvert par le galeriste parisien Laurent Rigail sur l'ancienne propriété viticole familiale.
Reportage photo : Virginie MOREAU.
Laurent Rigail, qui est déjà à la tête de la Galerie Brugier-Rigail dans le troisième arrondissement de Paris avec son associé Eric Brugier, est à l’origine du projet, né il y a cinq ans dans son esprit. Sa famille y a adhéré, conquise par ce projet destiné à redynamiser la propriété familiale. 200 000 euros d’investissement familial et une forte volonté ont permis l’ouverture de ce centre d’art urbain et contemporain en plein milieu de la verdure, dans le quartier Malbosc, et non loin de la Paillade.
Il ne faut pas s’attendre au fameux white cube auquel sont souvent cantonnés les lieux d’exposition actuels. La Parcelle 473 est un ancien lieu viticole qui n’est plus en fonctionnement depuis 1989, et dont les espaces et les cuves intérieures ont été ouverts pour en faire un centre d’art urbain et contemporain. Le site a été réhabilité et repeint pour mettre les œuvres en valeur, mais garde un aspect brut bien adapté aux œuvres de street art qu’il abrite. Cet art né dans la rue et qui a aussi envahi certains lieux abandonnés (sites industriels délaissés, murs aveugles, etc) y trouve bien sa place.
Un extérieur aux nombreuses possibilités artistiques
L’espace extérieur, très vaste, accueille deux modules design des années soixante. Celui situé à l’entrée accueillera à terme la billetterie, celui situé près du bâtiment pouvant servir ponctuellement à certaines activités. Autre particularité, un vieux bus à impériale situé dans la cour, et peint par Speedy Graphito, sert aux ateliers d’initiation au street art et au pliage à destination des enfants. La peinture étant défraîchie, il est prévu que l’artiste intervienne de nouveau dessus.
Non loin, une sculpture de corbeau en fer, style origami, du sculpteur et photographe Loïc Casanova, accueille les visiteurs, ensuite dirigés vers une sculpture de M. Chat datant de 2019.
Les surfaces extérieures – une structure bâtie qui accueillait autrefois un chapiteau et les anciennes cuves du domaine – laissent présager de futures interventions artistiques. “Des artistes en résidence pourront réaliser des fresques sur les anciennes cuves, et la structure qui supportait le chapiteau servira de supports pour des fresques qui seront réalisées par des artistes urbains comme M. Chat et Mara, du 16 au 18 décembre, lors de l’inauguration publique de la Parcelle”, indique Apolline Montfraix, responsable de la Parcelle 473.
300 m2 d’exposition
L’espace d’exposition accueille la centaine d’œuvres qui composent la collection permanente du centre d’art. Si elles sont pour le moment toutes présentées au public, elles laisseront ensuite la place, dans la première salle, à des expositions temporaires qui se dérouleront trois fois par an à la Parcelle 473. La collection permanente a été constituée par des dons d’artistes, de galeristes et de particuliers. Des œuvres seront ensuite progressivement acquises pour l’enrichir.
On constate très nettement une dominante d’art urbain dans cette collection, même si elle accueille également quelques œuvres d’art contemporain (dont un pantalon customisé par Robert Combas…). L’artiste le plus représenté est sans doute M. Chat, ami personnel de Laurent Rigail. Ses peintures et sculptures viennent ajouter çà et là une touche facétieuse. “Le chat de M. Chat est notre mascotte”, sourit la responsable, Apolline Montfraix…
Les artistes présentés sont américains, français, voire montpelliérains. Les créations de pionniers du street art (comme Basquiat, Keith Haring…) y côtoient celles d’artistes confirmés (Crash, Quik, JonOne, Mesnager, Miss Tic, Shepard Fairey dit Obey…) et d’artistes montants (Levalet, Agrume…).
Parmi la jeune génération, dans le scratching de Vhils on reconnaît une inspiration Villeglé (dont une œuvre est présentée), dans les créations de Thirsty Bstrd on ressent l’influence de Banksy.
Banksy dont les sculptures Flower Bomber apportent d’ailleurs leur message positif non loin de là, tout près de de briques peintes par Nasty sur le salon Solid’Art 2022 et des baskets de JonOne.
On se régale à la vue de la sculpture Le Malade imaginaire de Mara. Son personnage au visage blanc marqué d’une croix, en tenue d’hôpital, tient un réverbère à la main comme s’il promenait une perche de perfusion. On remarque la signature de l’artiste, sur le bracelet d’identification du personnage. Un fait suffisamment rare pour être souligné, l’artiste ne signant en général pas ses œuvres.
Une boutique
Des coffrets rassemblant une sérigraphie et un livre ou une peinture et un livre sont vendus à la boutique attenante. On y trouve également des ouvrages monographiques sur des artistes, des sérigraphies, des sculptures et bientôt… de l’huile d’olive bio produite sur la parcelle (30 litres ont été produits cette année).
Sensibiliser le public à l’art
Un livret pédagogique est à la disposition des enseignants qui souhaitent préparer la visite pour leurs élèves. Le lieu a en effet vocation à s’ouvrir au maximum vers tous les types de public : jeunes en difficultés, personnes en situation de handicap… C’est aussi la raison pour laquelle des ateliers y sont organisés pour les enfants. Une association, appelée Parcelle 473, anime les lieux. Les événements d’entreprise sont accueillis sur place, l’espace étant privatisable, et les mécènes sont les bienvenus.
Informations pratiques
Parcelle 473 – 425, avenue des Frères Bühler – 34080 Montpellier.
Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h sur rendez-vous pris sur le site www.parcelle473.com
Entrée : 9 euros (demi-tarif pour les enfants et les étudiants). Gratuit pour les adhérents de l’association (adhésion à l’année : 50 euros), qui bénéficient aussi d’une réduction de 10 % à la boutique.