Montpellier : le tribunal judiciaire renforce ses rangs, mais les effectifs manquent toujours à l’appel
Ce mercredi 25 septembre, la rentrée solennelle du tribunal judiciaire de Montpellier s'est tenue sous l'égide de Catherine Lelong, présidente du tribunal de grande instance.
L’audience, marquée par la présentation de 21 nouveaux arrivants au sein de l’institution, a néanmoins laissé transparaître les défis qui demeurent. Si ce renforcement des effectifs est accueilli favorablement, les propos des intervenants ont souligné que le manque de moyens continue de fragiliser le bon fonctionnement de la justice.
Des renforts bienvenus, mais insuffisants
Lors de son allocution, Catherine Lelong a salué l’arrivée de “21 nouveaux collègues”, dont dix magistrats du siège, neuf membres du parquet et deux greffiers. Elle a exprimé “sa gratitude”, tout en insistant sur la nécessité d’aller plus loin. “Le compte n’y est cependant pas. Il manque encore quatre magistrats au siège (…), soit 7 % de l’effectif général”, a-t-elle précisé. La président est claire : en dépit de cette évolution positive, le manque d’effectifs continue de peser sur l’organisation et le déroulement des affaires judiciaires. “Il impacte nos conditions de travail au quotidien en générant une surcharge d’activité pour les magistrats et greffiers, contraints de se réorganiser pour suppléer la vacance des postes.”
Malgré ces difficultés, elle a salué la capacité d’adaptation du tribunal. “L’institution judiciaire, les femmes et les hommes qui la composent, ont appris depuis bien longtemps à s’adapter au manque de moyens”, a-t-elle déclaré avant de mettre en garde : “S’ils travaillent beaucoup, l’insuffisance chronique de l’effectif, comparée à l’augmentation des contentieux et à la multiplication des réformes et logiciels à mettre en œuvre rapidement, peut finir par user et lasser mêmes les meilleures volontés.”
Appel à la prudence
Le procureur de la République de Montpellier, Fabrice Bélargent, a adopté un ton encore plus prudent quant à l’avenir. “Je ne vais pas goûter mon plaisir, parce qu’aujourd’hui, le parquet de Montpellier, c’est 19 magistrats. C’est la première concrétisation du plan quinquennal qui visera à augmenter le nombre de magistrats”, a-t-il précisé, avant d’ajouter avec scepticisme : “Je connais parfaitement la tendance de l’administration centrale à reprendre ce que le pouvoir politique a donné.”
Fabrice Bélargent a également souligné la qualité des membres de son équipe, notant que “le défaut de quantité est remplacé par la qualité des membres qui la composent”. Il a ainsi salué la capacité de son parquet à recruter des juristes de haut niveau : “C’est sans doute sa force de pouvoir recruter des techniciens du droit, capables de se concentrer sur des problématiques complexes et d’aider les magistrats dans leurs décisions.”
Malgré ce ton mesuré, il a adressé un optimiste “bienvenu” aux nouveaux venus, les invitant à profiter de leur arrivée malgré les incertitudes. “Carpe diem !”, a-t-il lancé, avant de terminer en faisant allusion à la rentrée du 2 janvier 2025, sur laquelle il reste très prudent…
Un collectif diversifié
Les 21 nouveaux arrivants se distinguent par leur diversité d’origine et leurs profils professionnels. Majoritairement des femmes, ils proviennent de régions variées, allant de Paris à la Corse, en passant par Nîmes, tandis que certains reviennent exercer dans leur région d’origine. Catherine Lelong a mis en avant leurs compétences lors de leur présentation, les qualifiant de “bons gestionnaires” et de “grands techniciens”, des profils rigoristes qui seront des atouts précieux pour une juridiction en quête d’équilibre. “Votre arrivée est une chance pour cette juridiction. Je compte sur chacun d’entre vous”, a-t-elle partagé, dans un dernier message d’encouragement.
La présidente a conclu l’audience sur une note d’espoir, en exprimant son souhait de voir une amélioration des conditions d’ici à l’année prochaine, ou au plus tard en 2026, afin de pouvoir répondre “aux besoins de justice de nos concitoyens”.