Montpellier : Les manifestations pour la Palestine "commencent à influer sur nos dirigeants complices"
15h , Place de la Comédie. Plusieurs centaines de manifestants étaient rassemblés pour soutenir la Palestine et dénoncer les actes commis par l'armée israélienne, et le laisser-faire des gouvernements occidentaux.
Depuis le début de la reprise du conflit israélo-palestinien, il s’agissait de la première manifestation montpelliéraine à ne pas faire l’objet d’une tentative d’interdiction préfectorale, ce dont s’est réjoui Alban Desoutter, représentant de la Libre Pensée et co-organisateur de la manifestation. Le cortège de la manifestation est parti de la place de la Comédie, puis a remonté la rue de la loge jusqu’à la préfecture, avant de se diriger vers Plan Cabanes, en passant par le Faubourg du Coureau.
“Ce n’est pas un conflit religieux et ces crimes-là ce n’est pas en notre nom”
Une manifestation forte en revendications. “Israël assassins, Macron complice”, entendait-on scander, en dénonciation d’un laisser-faire du gouvernement français. “Pourquoi, quand la Russie a violé le droit international en Ukraine, la France, l’Europe et les États-Unis sont intervenus très rapidement […] on a tout de suite appliqué le droit international. Tout de suite, on a appelé à des sanctions contre la Russie. Pourquoi la charte des droits de l’Homme n’a plus aucune valeur quand il s’agit des citoyens palestiniens ? ” s’exclame le représentant du Collectif des Musulmans de Montpellier applaudi par la foule.
Des sanctions qui pourraient se traduire au niveau local par “une suspension du jumelage avec Tibériade”, comme proposé par Boris Chenaud, représentant de la gauche éco socialiste à Montpellier.
À plus grande échelle, la représentante de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) a annoncé que le mouvement avait rejoint la plainte de Gilles Devers, avocat, “contre la Cour pénale internationale pour crime et génocide perpétrés par l’État d’Israël”, qui sera déposé le 9 novembre. La responsable de l’UJFP a surtout tenu à dissocier les actes de l’État et de l’armée israélienne du reste de la population, car elle a voulu rappeler que cette guerre était avant tout un conflit politique. “J’aimerais dire au monde que ce n’est pas un conflit religieux et que ces crimes-là ce n’est pas en notre nom”, a-t-elle déclaré en évoquant les croyants juifs.
“La solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s’exprimer”
“Si vous n’êtes pas vigilants, les médias vous feront détester les opprimés et aimer les oppresseurs”. Une citation de Malcom X, que l’on pouvait lire sur l’encart d’une manifestante. Pour beaucoup, le traitement médiatique du conflit va dans le sens de la “désinformation, de la propagande et des mensonges d’Israël” en “cachant la misère du peuple palestinien”. Un État d’Israël qui déploierait “d’énormes moyens pour occulter ou falsifier les faits. Empêcher les journalistes palestiniens et étrangers de faire leur travail d’information et d’investigation en n’hésitant pas à utiliser la violence léthale” a indiqué la représentante de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS). “Reporter sans frontière a dénombré 31 journalistes assassinés, dont 26 Palestiniens, depuis le 7 octobre”, ajoute-t-elle.
Pour la représentante de l’AFPS, la France a aussi une part de responsabilité “l’État français tente de museler l’expression des citoyens en usant et abusant des risques de troubles à l’ordre public. Combien de manifestations et de rassemblements interdits ? Combien de gardes à vue et interpellations ? Combien de représentations théâtrales déprogrammées ? Combien de projections de films et débats dans des collèges annulés sur ordre du rectorat ? Combien de militants palestiniens menacés d’expulsion ? La solidarité n’est pas un délit. La solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s’exprimer”.
Un appel à la paix
Au-delà des revendications politiques, c’est un appel à la paix qui était porté. Plus qu’un cessez-le-feu, c’est une libération totale de la bande de Gaza, l’instauration d’un État palestinien dans le respect des frontières établies par l’ONU qui est demandé. Ce serait, pour beaucoup, la justice minimale pour tous les disparus. Un lourd tribut rappelé par la représentante de l’AFPS . “Nous n’oublierons jamais le visage des enfants terrorisés, gris de poussière de cendres où la seule couleur apparente est le rouge de leur sang, mêlé à leurs larmes. Nous n’oublierons jamais les camions de crèmes glacées transformées en chambre froide pour entreposer les cadavres des enfants massacrés. Nous n’oublierons jamais ce journaliste qui sauva deux fillettes des bombes de l’occupation. Nous n’oublierons jamais cet homme qui s’effondre dans les décombres à côté de jouets d’enfant éparpillés. Nous n’oublierons jamais cette fillette de 10 ans qui supplie le cadavre de sa mère de se réveiller. Nous n’oublierons jamais. Nous continuerons à descendre dans la rue pour crier halte au massacre et à la justice pour la Palestine. C’est notre seul moyen d’agir, mais ne pensons pas qu’il ne sert à rien. Nous avons la puissance du nombre. Et les soulèvements des populations dans le monde entier commencent à influer sur nos dirigeants complices”.