Montpellier : les nouveaux partenaires de la conquête spatiale

Philippe Augié, Claudie Haigneré, Jean-Claude Gayssot, Michel Tognini © Mathieu Weisbuch

La conquête spatiale est ouverte. Comme le prouvent les exploits réalisés par les chefs d’entreprise Jeff Bezos ou Elon Musk, le temps est dépassé où seuls les Etats dépensaient dans le domaine spatial. D’autant qu’aujourd’hui, les barrières du possible sautent une à une. Les perspectives s’agrandissent chaque jour. “Ce qui était une promesse il y a 35 ans est devenue une réalité”, constate Claudie Haigneré, marraine de la fondation Van Allen. Le partenariat entre public et privé est désormais le maître mot pour ceux qui se lancent dans un domaine où l’innovation est la règle, où l’investissement est prometteur et où les retombées ont un pouvoir de fascination que la cote hallucinante de Thomas Pesquet traduit mieux que tout.

L’université de Montpellier, “opérateur de l’Etat”, précise son président Philippe Augé, joue de ces partenariats pour faire vivre son centre spatial. Jean-Claude Gayssot ne peut s’empêcher de rapporter les mots élogieux du président du Cnes (​​Centre national d’études spatiales) Philippe Baptiste : “L’excellence du modèle montpelliérain a su concilier formation, recherche, innovation et partenariat avec les entreprises”. Avec la fondation Van Allen, les résultats ont été convaincants et le modèle montpelliérain inspire désormais d’autres villes. “L”université de Montpellier a fait sa révolution culturelle, affirme Philippe Augé, elle œuvre désormais avec des partenaires socio-économiques”. Grâce à son programme, l’université de Montpellier déploie un bouquet de formations du DUT au diplôme d’ingénieur et s’ouvre à l’international. Dans les gradins de la salle de conférence de l’institut botanique, des étudiants de Djibouti présents à Montpellier depuis quelques mois se manifestent.

Ensemble, la fondation Van Allen et le Centre spatial universitaire (CSU) travaillent sur les domaines phares : soigner, nourrir, protéger. Les étudiants et la fondation déploient des nanosatellites, ces appareils qui peuvent atteindre la taille de 10 centimètres cube, et qui volent à une altitude située entre 2 000 et 6 000 kilomètres. C’est-à-dire, loin de la zone où tournoie la majorité du trafic spatial. Ces nanosatellites permettent de faire de nombreuses expériences comme sur les déchets en mer Méditerranée, les épisodes météorologiques cévenols, etc.

Les industriels du spatial participent aux missions qui répondent aux ambitions européennes dont Claudie Haigneré donne les 3 grands axes : mettre l’espace au service du Green future (changement climatique, étude de l’atmosphère…), au service de la prévention et de la réactivité face aux crises (de l’épisode cévenol aux mouvements migratoires…), et au service de tous en considérant l’espace comme un bien commun (gestion des débris spatiaux…). Enfin, l’autre motif qui poussent les entreprises à s’allier à l’aventure spatiale est celle du tourisme et des vols habités. Les projets Blue Origin, Virgin Galactic font espérer de rapides progrès. L’installation de stations sur la Lune et les voyages sur Mars sont les prochains grands rendez-vous de l’humanité avec ses rêves. C’est dans ce sens que l’astronaute Michel Tognini, membre du conseil d’administration de la fondation Van Allen a cité Constantin Tsiolkovski : “La terre est le berceau de l’être humain, mais on est pas obligé de passer sa vie dans un berceau”.