Montpellier Métropole : Eric Penso, "rendre l’enseignement musical accessible à tous les enfants du territoire"
Vice-président délégué à la Culture de Montpellier Méditerranée Métropole, Eric Penso détaille pour la rédaction certains changements qui vont concerner la culture à l’échelle de la Métropole de Montpellier.
Pourquoi selon vous Michaël Delafosse vous a-t-il confié la délégation de la culture à la Métropole ?
Eric Penso : « La culture est dans mon ADN. A Clapiers, l’espace culturel porte le nom de mon père, Jean Penso, qui fut un précurseur en matière culturelle sur le Montpelliérain. Les gens se déplaçaient de Montpellier à Clapiers pour suivre sa programmation. Et pour ma part je suis un passionné de jazz… »
La musique fait-elle partie de vos axes directeurs à la Métropole ?
Eric Penso : « Michaël Delafosse et moi voulons que tous les enfants habitant la métropole de Montpellier puissent accéder à un enseignement musical sans que cela coûte trop cher à leurs parents, loin de l’entre-soi de l’ancien conservatoire, réservé aux élites. Notre ambition – énorme, je le concède – est de gommer les disparités entre les 31 communes qui composent la métropole en matière d’enseignement musical. Nous voulons que chaque élève de chaque ville, Montpellier ou une autre, soit traité de façon équitable. Pour cela, nous développons des conventions et nous avons lancé une étude autour de l’enseignement musical pour faire un état des lieux de ce qui se pratique dans chaque ville. Cette étude menée par un cabinet privé mandaté par la Métropole vise à étudier l’existant et proposer des améliorations. Par exemple, à Clapiers, la municipalité donne 20.000 euros de subventions à l’Ecole de Musique, nous lui prêtons des locaux et payons le chauffage. A Juvignac, la subvention est de 300.000 euros. Dans d’autres communes, il n’y a aucune subvention, voire aucune école de musique. Et même quand l’école de musique existe, ça reste très cher pour les parents. »
La Cité des Arts pourrait-elle être impliquée dans cette action ?
Eric Penso : « Les terribles disparités à gommer, peut-être la Cité des Arts [ex-conservatoire à rayonnement régional, NDLR] pourrait-elle nous y aider. On pourrait envisager par exemple de faire rayonner les musiciens de la Cité des Arts dans les communes. Le président de la Métropole Michaël Delafosse et moi avons à cœur d’être utiles. Au-delà de ce que nous faisons dans l’institutionnel, nous voulons chercher les acteurs culturels de terrain qu’on a pu oublier par le passé. Actuellement, le conservatoire de la Cité des arts n’utilise que 40 % de l’espace et du temps. C’est normal : les élèves y vont quand ils n’ont pas classe, donc le mercredi, le week-end, le soir… Il y a des actions à mener en direction des associations qui pourraient graviter autour de la Cité des Arts et bénéficier de ce lieu. »
On parle d’une extension du Musée Fabre…
Eric Penso : « En effet, la Métropole envisage d’agrandir le musée Fabre. Mais ce projet prendra du temps. Face au musée se trouve un Ehpad qui pourrait servir d’extension au Musée Fabre. La bâtisse est identifiée, il n’y a pas encore eu d’étude, mais ça a été budgétisé dans la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de la Métropole de Montpellier. Cet investissement est compris dans les 40 millions d’euros qui seront investis sur six ans pour moderniser les musées métropolitains ».
La Métropole mise beaucoup sur les industries culturelles et créatives (ICC)…
Eric Penso : « La Métropole de Montpellier souhaite attirer les industries culturelles et créatives les plus en pointe, nationales comme internationales, au Campus Créatif. La Métropole y a consacré 600.000 euros. C’est un thème phare de notre action. »
Au sujet du Domaine d’Ô, qu’envisagez-vous ?
Eric Penso : « Le projet est en cours de rédaction par Thierry Negrou, directeur du Domaine d’Ô. Notre ambition est d’en faire le pôle du spectacle vivant de la métropole. Il faut mener une réflexion sur l’entité juridique. Actuellement, seule la Métropole siège au conseil d’administration. Notre souhait, si les collectivités le veulent, est qu’il y ait une gouvernance partagée avec la Ville de Montpellier, le Département de l’Hérault et la Région Occitanie. Ce pôle du spectacle vivant regrouperait un pôle théâtre (Printemps des Comédiens…), un pôle cirque contemporain (sans animaux évidemment) avec un projet d’amélioration des infrastructures sur site pour la compagnie Balthazar, et un troisième pôle jazz et musiques du monde, car nous considérons que côté musiques actuelles, la salle Victoire 2 et les structures privées suffisent. Au sujet du Festival Radio France et de l’orchestre, des discussions sont en cours entre la Métropole et la Région pour des rééquilibrages budgétaires.
Je tiens à préciser que le budget consacré par la Métropole de Montpellier à la culture est sanctuarisé, il ne va pas baisser. Il représente 11 % du budget total. C’est colossal. »
Côté Mo.Co, où en est-on ?
Eric Penso : « Les chiffres de fréquentation d’octobre et novembre 2021 sont très encourageants, car ils sont similaires à ceux du Musée Fabre, notre institution de référence. Avec Numa Hambursin à la direction, un nouveau souffle est arrivé. Il a très bien réussi sa prise de direction. Tout est apaisé actuellement. Le triptyque Hôtel des collections, Panacée et Ecole des Beaux Arts fonctionne bien. Malgré toutes les prédictions des détracteurs, les étudiants sont satisfaits. Numa Hambursin a présenté ses choix artistiques, qui seront en vigueur dès que les expositions montées par son prédécesseur seront achevées. Une fondation du Mo.Co pour porter du mécénat va voir le jour en janvier 2022. Le Mo.Co a vraiment un avenir prometteur et il existe un très grand enthousiasme à son propos. »