Montpellier Métropole : la Chambre régionale des comptes publie un rapport alarmant sur la TaM
La Chambre régionale des comptes d’Occitanie dresse un constat noir sur la gestion de la TaM, dans un rapport qui vient d'être dévoilé.
© RossHelen/Canva
Il était très attendu. La Chambre régionale des comptes d’Occitanie vient de rendre public un rapport d’observations définitives sur la société des transports de l’agglomération de Montpellier (TaM). Il concerne la période 2015-2021. Plusieurs thématiques ont été examinées comme la sécurité et la qualité des tramways ainsi que l’investissement global.
Un besoin de rénovation
Le point le plus flagrant du rapport concerne le manque d’investissement en faveur du réseau de tramway. Un audit commandé par la Métropole en 2017 a chiffré le besoin de financement à 30 millions d’euros, contre 8 millions d’euros selon le contrat de DSP transports 2018-2024. Un second audit réalisé en 2021 élève à 19 millions d’euros la nécessité de rénovation en urgence du réseau, notamment sur la ligne 1.
Le manque d’investissements se répercute sur le confort et surtout sur la sécurité des voyageurs, provoquant parfois des incidents. En décembre 2019, 2 tramways étaient entrés en collision près de l’hôpital Lapeyronie ; 44 passagers avaient été blessés. Depuis 2021, la Métropole a lancé des travaux sur les rails de la ligne 1 comme à Rives du Lez, Odysseum ou Port Marianne. Elle a annoncé l’année dernière une enveloppe de 70 millions d’euros pour l’entretien et la modernisation du réseau.
Un manque de structuration
La Chambre régionale des comptes insiste sur le manque d’indicateurs de mesure d’exploitation du réseau. La TaM ne fournit pas de chiffres sur la vitesse commerciale réelle ou la ponctualité de ses appareils. Cette problématique fait l’objet de la recommandation n°9 dans le rapport. Ce dernier préconise également que la société de transports améliore ses estimations du nombre d’usagers.
La gratuité des tramways fait l’objet de plusieurs observations. Cette politique, décidée par le président de la Métropole Michaël Delafosse, a été lancée en 2020. La gratuité de tous les transports communs à Montpellier et dans la métropole devrait s’appliquer à tous les habitants à compter du 21 décembre 2023. Néanmoins, la Chambre régionale des comptes note qu’aucune réflexion sur les impacts économiques et financiers de la gratuité n’a été effectuée. Elle estime aussi que le coût total de ce projet est de 42 millions d’euros par an, tandis que Michaël Delafosse parle de 29 millions d’euros par an.
Une situation préoccupante
Le réseau de la TaM n’est pas ressorti indemne de la crise du Covid-19. En 2020, la société était déficitaire de 7 millions d’euros, malgré un soutien financier du même montant de la part de la Métropole. Son déficit s’élevait à 1,6 million en 2021. En parallèle, la fréquentation depuis 2018 a constamment diminué. Pendant la crise sanitaire, la baisse de la fréquentation a provoqué une perte d’activité de 45 %.
Côté juridique, la Chambre régionale des comptes d’Occitanie a émis plusieurs recommandations. Elle exhorte la TaM d’instaurer des procédures destinées à détecter la commission de faits de corruption ou l’apparition de conflits d’intérêts (n°3). Une expertise dans les transports urbains afin d’obtenir une indépendance juridique, économique et opérationnelle est aussi exigée (n°4). Enfin, la Chambre souhaite qu’une stratégie d’achat à visée économique, environnementale et écologique soit menée.