Montpellier : Michaël Delafosse, "un grand plan de rénovation énergétique des logements privés"
A quelques jours du Salon des Communes et des Intercommunalités de l'Hérault, Michaël Delafosse, maire et président de la Métropole de Montpellier, revient notamment sur les actions de ces deux collectivités en matière d'écologie.
Michaël Delafosse © Virginie Moreau
Qu’attendez-vous du Salon des Communes ?
Michaël Delafosse : “Le Salon des Communes est une instance de discussion, un espace de partage qui nous permet de faire du commun. Nous sommes tous, en tant qu’élus locaux, volontaires pour intensifier les liens qui nous unissent, afin de mieux répondre aux grands enjeux qui se présentent à nous. La transition écologique, la crise énergétique et de nombreux autres sujets mettent les élus locaux en première ligne. Il nous faut les affronter ensemble, partager nos pratiques pour évoluer conjointement vers une société plus désirable. Ce salon est l’occasion de créer ces ponts, déjà partiellement existants, pour une gouvernance apaisée qui permette l’avancée de projets porteurs pour notre territoire”.
Le changement climatique fera l’objet d’une conférence au Salon. Quels sont ses effets sur votre territoire (ville et métropole) ?
Michaël Delafosse : “Notre territoire est directement exposé aux effets du changement climatique. Les périodes de fortes chaleurs se répètent chaque été avec des températures dépassant allègrement les 40 degrés. Les canicules impactent la vie de nos concitoyens, notamment celle des plus modestes, qui vivent souvent dans des logements mal isolés. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de lancer un grand plan de rénovation énergétique des logements privés avec l’objectif d’atteindre d’ici la fin du mandat 4 500 logements rénovés chaque année.
Les sécheresses touchent également le travail de nos viticulteurs, qui commencent chaque année un peu plus tôt la période des vendanges. A titre d’exemple, certaines récoltes ont commencé le 8 août quand on sait qu’elles débutaient mi-septembre il y a quelques années.
Montpellier et sa Métropole sont aussi concernées par les épisodes cévenols, ces périodes de fortes pluies qui sévissent de manière de plus en plus fréquente. Le risque inondation fait l’objet d’actions spécifiques menées par nos collectivités avec la gestion des eaux pluviales et celle des milieux aquatiques qui jouent un rôle prépondérant dans l’écrêtement des crues”.
Quels dispositifs avez-vous mis en place pour y faire face et/ou pour protéger la population ?
Michaël Delafosse : “Nous avons engagé un choc des mobilités et notamment la gratuité des transports en commun pour les habitants de la Métropole. Fin 2023, Montpellier Méditerranée Métropole sera la plus grande Métropole européenne à se doter d’un réseau de transport en commun gratuit.
Nous faisons le choix des mobilités décarbonées : tramway, bus électrique, vélo, marche. C’est un choix de rupture pour contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique et améliorer la qualité de l’air à l’échelle de notre territoire. Pour protéger nos concitoyens des phénomènes climatiques violents comme les canicules, nous avons également lancé un vaste plan de rénovation énergétique des logements privés”.
La facture énergétique s’annonce en hausse pour les collectivités. A combien est-elle estimée pour la ville et la métropole de Montpellier ? Envisagez-vous des mesures pour réduire la consommation énergétique ?
Michaël Delafosse : “Le choc énergétique a entraîné une hausse très importante de notre facture énergétique. Pour nos collectivités, nous estimons cette hausse autour de 12 millions d’euros pour l’exercice 2023. Nous élaborons un plan sobriété qui sera délibéré au cours du mois d’octobre afin de diminuer nos consommations d’énergies pour faire face à la hausse du coût de l’énergie, sensibiliser nos agents, nos concitoyens aux écogestes et continuer à développer notre production d’énergies renouvelables avec la chaufferie bois, l’installation de panneaux photovoltaïques, notre réseau de chaleur et l’élaboration de notre cadastre solaire.
Ces mesures sont nécessaires mais elles n’ont pas pour vocation d’entacher la continuité et la qualité de notre service public. A Montpellier, nous refusons de fermer notre réseau de piscines. Les fermetures pénalisent nos enfants, nos aînés, les sportifs de haut niveau et ne correspondent pas à l’idée que nous nous faisons du service public”.
En tant que maire et président de métropole, quels sont les problèmes essentiels auxquels vous êtes confronté pour la gestion de ces deux collectivités ?
Michaël Delafosse : “Les transformations que nous avons initiées à Montpellier sont fortes : elles bousculent de nombreuses habitudes. Notre territoire est plein d’énergies et nous devons accompagner cela par de grands projets fédérateurs tels que notre candidature commune pour faire de Montpellier et son territoire la capitale européenne de la culture 2028.
Mais nous nous confrontons chaque jour à la tension du rapport entre l’urgence et les procédures. Les enjeux, immenses, impliquent de réagir vite face au réchauffement climatique et face à la crise sociale. La France des projets doit remplacer la France des procédures car Kafka est en train de dévorer Victor Hugo. Nous devons agir avec détermination pour que nos projets soient mis en œuvre, que le changement soit rapidement visible, pour redonner confiance en la parole publique et revitaliser la démocratie”.
Des innovations technologiques au service des collectivités et de leurs administrés seront présentées lors du salon. Avez-vous déjà avancé sur ce point pour proposer des services toujours plus performants à vos administrés ?
Michaël Delafosse : “Nous partageons cette ambition, avec les maires de la Métropole de Montpellier, de faire de notre territoire un exemple duquel tous les territoires puissent s’inspirer. L’innovation doit être toujours présente, pour répondre à tous les défis”.