Santé — Montpellier

Montpellier, Octobre Rose : la Ville veut faire monter les chiffres du dépistage dans les quartiers

Pour cette nouvelle édition d’Octobre Rose, l’objectif de la Ville de Montpellier est clair : faire monter les chiffres du dépistage qui sont, jusque-là, bien en deçà de la moyenne nationale. Les moyens sont mis sur les quartiers prioritaires de la Ville, où les femmes sont les moins nombreuses à faire la démarche.

“A Montpellier, seulement 49% des femmes éligibles ont participé au dépistage organisé du cancer du sein, c’est beaucoup trop peu. Surtout quand on compare aux 70% du taux européen et au 56% en France”, constate Elodie Brun-Mandon, conseillère municipale déléguée à la santé, la prévention et la lutte contre les addictions pour la Ville de Montpellier. L’objectif de cette 31e édition d’Octobre Rose dans la capitale héraultaise est donc clair : faire monter les chiffres du dépistage. Pour cela, la municipalité et le collectif Octobre Rose travaillent de concert et organisent différentes actions sur tout le territoire afin de sensibiliser les habitants, et particulièrement les plus de 25 000 femmes en âge de se faire dépister. 

Comme tous les ans, la ville se pare des ses plus beaux habits roses : les sites emblématiques de la ville comme la fontaine des Trois Grâces ou l’Arc de Triomphe seront illuminés. Et la rue de la Loge est ornée d’un ciel de parapluies, symbole de protection et de solidarité. Plus qu’un élément visuel aujourd’hui bien identifié par la population, ces parapluies sont vendus par les commerçants volontaires du centre-ville pendant tout le mois d’octobre, au profit du collectif. L’argent récolté contribue ainsi au financement des formations des associations et à la mise en place d’actions de sensibilisation de proximité.

Un accompagnement spécifique pour les femmes des quartiers populaires

La première d’entre elles, que l’on pourrait qualifier d’évènement phare de ce mois dédié, est le dispositif “Au sein des quartiers, 100% des femmes accompagnées”. “On s’est aperçu que dans les quartiers prioritaires de la ville, les femmes participaient moins à cette opération de dépistage, explique Elodie Brun-Mandon. Nous avons donc mis en place l’année dernière cette initiative “d’aller vers” pour accompagner pendant un mois 100% des femmes qui n’ont pas réalisé de mammographie depuis au moins 2 ans.” Concrètement, la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) appelle toutes les femmes entre 59 et 74 ans n’ayant pas fait de dépistage depuis 22 mois ou plus et leur propose un rendez-vous dans un centre de radiologie ou dans le Mammobile. “C’est un travail de fourmi, ajoute l’élue, il faut saluer l’engagement de la CPAM.”

Lors de la première édition, 59% des femmes ont effectué une mammographie dans le quartier Cévennes et près de 75% à Lemasson et Prés d’arènes. Fort des ces chiffres très encourageants, l’opération est renouvelée en octobre 2023, à la Mosson cette fois-ci. Les 500 femmes concernées seront invitées à faire leur mammographie de dépistage auprès du Mammobile qui sera présent deux fois dans le quartier (le 19 octobre à la Maison pour tous Georges-Brassens et le 20 octobre sur le parvis du bâtiment Gisèle Halimi) ou dans l’un des deux centres de radiologie agréés, les cliniques Beausoleil et Clémentville, qui mettent à disposition des créneaux de rendez-vous pour cette action tout le mois d’octobre.

Faire de la prévention pour éviter le curatif

Cette année, en plus du dépistage au cancer du sein, les femmes de 25 à 65 ans éligibles pourront rencontrer un gynécologue du Centre d’Examen de Santé (CES) et réaliser un frottis de dépistage du cancer du col de l’utérus et les femmes de 50 à 74 ans éligibles au dépistage du cancer colo-rectal recevront un kit d’auto-prélèvement. Ainsi, à l’occasion d’Octobre Rose, “c’est un dépistage coordonné et massif que nous mettons en place, précise Elodie Brun-Mandon, avec cette idée de prévention qui évite le curatif. Car je le rappelle, 40% des cancers sont évitables.”

Dans les quartiers prioritaires, toujours, la Ligue contre le cancer de l’Hérault, en collaboration avec la Ville de Montpellier et le Centre Régional de Coordination des Dépistages des Cancers en Occitanie (CRCDC-OC) proposent des formations aux associations des quartiers défavorisés afin de renforcer la sensibilisation aux dépistages organisés des cancers. De plus, pour les patients atteints de cancer et leur entourage, l’Assurance Maladie a mis en place le dispositif “Avec vous contre la maladie” pour faciliter les démarches administratives tout au long du parcours de soins.

Parmi les autres actions marquantes mises en place pour cette 31e édition d’Octobre Rose, on compte cette année sur une forte mobilisation du sport de haut-niveau, avec le BLMA, le MHB et le MHSC. “Les joueurs et les joueuses joueront en rose, se réjouit l’élue montpelliéraine, et la vente de maillot permettra au collectif Octobre Rose de financer les actions organisées tout au long de l’année comme les sorties du Mammobile, par exemple.”

Un Contrat Local de Santé pour plus d’efficacité

Toutes ces actions sont organisées par le collectif Octobre Rose, dont font partie, entre autres, la Ville de Montpellier, l’Assurance Maladie, le CHU, le CRCDC, l’ICM, la Ligue contre le cancer, la DDARS, etc. Le 19 octobre dernier, la Ville a signé un Contrat Local de Santé d’une durée de 5 ans. Cela “nous permet d’aller plus haut, ensemble, ajoute Elodie Brun-Mandon. C’est le premier pour la Ville de Montpellier et il était temps de le faire. Grâce à ce dispositif, nous pouvons mutualiser les pratiques entre les différents partenaires ce qui permet plus d’homogénéité dans les actions.”

“Nous avons toujours été en relation avec la Ville mais ce contrat nous permet de fédérer l’ensemble des acteurs et de leur permettre d’être complémentaires”, ajoute Noémie Bonnet-Aldigier, directrice santé au sein de l’Assurance Maladie. Ce que ça a changé, dans le cadre d’Octobre rose, c’est qu’aujourd’hui, la démarche ne se limite plus à octobre. “Avant, le collectif était très puissant en octobre et puis ça retombait. Aujourd’hui, on mène des actions toute l’année et on cible d’autres cancers, notamment le cancer du col de l’utérus et le colo-rectal. Et, alors que nos actions, avant, étaient plus généralistes, avec la municipalité actuelle on travaille beaucoup sur les quartiers prioritaires car on s’est aperçu que c’était là que les femmes avaient le moins recours au dépistage.”

Deux dispositifs itinérants de dépistage, le Mammobile et la Ma.P

Le Mammobile est un dispositif mobile médicalisé créé pour le dépistage du cancer du sein par l’Association Montpellier Hérault pour le Dépistage du Cancer du Sein (AMHDCS). A Montpellier, il représente 23% des mammographies réalisées dans le cadre du programme officiel de dépistage du cancer du sein, ce qui représente, en 2022, 9019 femmes.

L’unité mobile de prévention, ou Ma.P, a été lancée par la Ville de Montpellier en novembre 2022. Son but, comme l’explique son coordinateur Loïc Ajoulat, est “d’aller chercher les gens sortis du parcours de soin et de réduire les inégalités sociales en allant à 80% dans les quartiers prioritaires de la ville pour informer, sensibiliser, dépister et vacciner.” Ainsi, à chaque sortie du véhicule, des partenaires différents sont présents en fonction de la thématique. De janvier à juin 2023, la Ma.P c’est :

  • 32 sorties
  • 976 personnes sensibilisées et informées
  • 19 structures partenaires mobilisées 
  • 397 personnes dépistées (VIH et hépatites, diabète, cancer du sein, tuberculose)
  • 212 consultations (dentaire, tabacologie, fibroscan – examen du foie)
  • 73 personnes vaccinées
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