Sports — Montpellier

Montpellier : pollution, parité, impacts économiques, le FISE 2024 à l'étude

Depuis plus de 27 ans, le Festival International des Sports Extrêmes (FISE) attire des passionnés du monde entier. En 2024, malgré son passage au format payant, il a enregistré 300 000 entrées en cinq jours, confirmant une fois de plus le statut de Montpellier comme “capitale mondiale des sports urbains”.

Retombées économiques 

Avec un million d’euros investis par les collectivités, soit 25% du budget du FISE, il était primordial pour Hervé André-Benoit de vérifier l’efficacité des retombées économiques pour le territoire. “On avait besoin de savoir que représentait ce million d’euros dans l’économie montpelliéraine”, explique-t-il. L’étude indépendante commandée pour évaluer l’impact de l’événement montre des résultats impressionnants : “Un euro investi, c’est entre 30 à 32 euros de retombées économiques”, lance le père du FISE. Pour le fondateur, ces chiffres “extrêmement révélateurs” sont comparables aux retombées projetées pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Le bilan est donc plus que positif pour Hervé André-Benoit : “C’est une histoire qui fonctionne, gagnant-gagnant pour l’économie locale et pour les commerces”. 

En route vers l’exemplarité

Depuis cinq ans, Hervé André-Benoit et le groupe Hurricane ont pris un virage écologique en intégrant une démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) au cœur du festival. Une initiative qui a permis au festival de recevoir la certification ISO 20121, qui consacre ses efforts en faveur d’une gestion durable des événements, cette année : “Ce n’est pas juste un coup de tampon. En tant que riders, nous devons être les porte-drapeaux de cette cause.” Il l’affirme : l’obtention de ce label est le fruit d’un investissement humain et financier important. “Nous avons progressivement abandonné les sports motorisés comme le freestyle motocross et adopter des pratiques plus propres, explique-t-il. Notre étude d’impact montre que le travail est fait, même s’il reste toujours à faire. Les mentalités changent, et c’est ça qui est encourageant”. Pour Hervé André-Benoit, la démarche environnementale du FISE s’inscrit dans la durée. Et les ambitions sont claires : l’objectif est d’être “exemplaire”. 

Le chantier RSE

Le Festival International des Sports Extrêmes de Montpellier a donc franchi une étape majeure en obtenant l’ISO 20121, lors de la dernière édition. Pour Jean Gasse, responsable RSE du groupe Hurricane, cette certification est le résultat “d’un travail de fourmi, entamé depuis des années, avec l’engagement de toutes nos équipes et partenaires”. En effet, c’est par le biais d’environ 400 actions, “structurées autour de 10 grands axes”, que le chantier s’est opéré. Parmi les priorités : la réduction des déchets, la protection des espaces verts et l’évolution des modes de transports. Et les chiffres ne mentent pas : en deux ans, le FISE a réduit de 40 % les déchets liés au montage des infrastructures, et 94 % des modules sportifs sont réutilisés d’une édition à l’autre. Des preuves parmi d’autres “qui n’auraient pas pu être obtenues sans une mobilisation collective”. 

Car efforts, il y eut. Le cahier des charges pour les fournisseurs, restaurateurs et exposants par exemple s’est durci : suppression des goodies, réduction des flyers et obligation de suivre une politique d’achats responsables. Un engagement des professionnels qui fut épaulé cette année par les 15 associations présentes pour “informer les festivaliers sur les enjeux environnementaux et sociaux”. Entre 100 000 et 200 000 visites auraient été comptabilisées sur les tentes RSE.

Dans son rapport, il note également que des progrès ont été fait sur la parité et l’inclusion.“Cette année, nous avons atteint 100 % de parité dans les prize money entre hommes et femmes”, précise Jean Gasse, avant de rappeler qu’en matière d’accessibilité, de nouveaux espaces ont été aménagés pour les personnes en situation de handicap, avec des zones surveillées et une hotline dédiée. Les résultats sont prometteurs, mais le responsable RSE l’affirme haut et fort : “l’ISO 20121 n’est pas une fin en soi, ce n’est que le début !”. 

Bilan du FISE 2024 ©Louise Brahiti
Bilan du FISE 2024 ©Louise Brahiti

“Un joli potentiel”

A la demande du groupe Hurricane, Nielsen Sport, leader mondial des études et du conseil en marketing sportif, a réalisé une étude d’impact indépendante sur le FISE Montpellier 2024, destinée à “comprendre qui étaient les visiteurs, comment ils ont consommé sur place, et en tirer l’impact économique”, justifie Julien Istace, directeur de la stratégie client de la société en charge de l’audit.

Au podium, c’est Florian Tixier, responsable du développement, qui a fait parler les chiffres de la dernière édition, qui a accueilli 112 000 visiteurs uniques. Un point marquant qu’il note : la parité homme-femme, “un chiffre rare pour un événement de sports extrêmes”. De plus, son étude montre que 63 % des festivaliers ne pratiquaient pas ces sports, ce qui montre selon lui un “joli potentiel” pour attirer un public plus large. Le festival a également un fort attrait international : d’après le responsable, “12 % des festivaliers étaient en France pour la première fois et 18 % découvraient la région Occitanie. Pour 24 %, c’était leur première visite à Montpellier, soit environ 30 000 personnes qui ont découvert la ville grâce au FISE”. Concernant le comportement des festivaliers, “60 % ont payé un hébergement durant le festival, avec une moyenne de 3,7 nuits passées à Montpellier. 70 % des visiteurs sont restés plus de deux jours, un facteur clé pour l’économie locale. En termes de transport, 50 % sont venus en voiture, et 22 % à pied, augmentant les interactions avec les commerces locaux.” Sur l’impact économique, Florian Tixier ne passe pas par quatre chemins : “les festivaliers ont généré 16,6 millions d’euros de dépenses directes”. L’impact total atteint 32,5 millions d’euros. Enfin, malgré le passage en payant du festival, l’étude retient que la satisfaction des visiteurs est “remarquable”, avec une note moyenne de 8,5/10”.

Le bon élève 

L’adjoint aux sports de la ville de Montpellier et conseiller métropolitain Hervé Martin a tenu à saluer les efforts fait par l’organisation en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : “Ces thématiques correspondent vraiment aux politiques publiques que nous avons la volonté de mener dans tous les domaines, y compris dans le domaine sportif. Quand on a tout l’historique du FISE depuis tant d’années, on voit bien le travail qui a été réalisé pour rendre un site propre, pour faire en sorte que le Lez ne soit pas pollué.”

Selon lui, le curseur dévoilé sur le profil du public est aussi un formidable indicateur : “Avoir réussi à en soigner l’accessibilité de cette façon-là, c’est quelque chose qui demande beaucoup de travail. Je les remercie d’avoir lutté pour que le droit au spectacle sportif soit accessible à tout le monde”. Quant à la mesure de l’impact économique du FISE, il soutient que les “chiffres sont frappants” : “Plus de 32 millions de retombées économiques sur le territoire, c’est exceptionnel. Alors oui, il y a un coût, mais derrière, il y a des retombées évidentes”. 

Même son de cloche du côté de la Région Occitanie, représentée lors du bilan par vice-président Kamel Chibli : “L’étude d’impact va nous permettre de justifier devant l’opinion ce que nous faisons. Ce sont des informations qui renforcent notre certitude que cet événement est unique, qu’il faut le sanctuariser et qu’il faut même le développer.”Au-delà de l’aspect économique, le délégué aux politiques sportives Christian Assaf a tenu à mettre en valeur le rôle du FISE dans le développement de l’identité locale. “Il y a le surf aux Pays basques, la féria à Nîmes… et le FISE à Montpellier ! Pour un tarif que je considère comme symbolique, nous avons une manifestation qui, en l’espace d’une semaine, réunit tout le monde en plein air, et accueille des athlètes de réputation mondiale. C’est une marque forte pour le territoire, surtout quand on lit que l’étude note que 90% des gens qui sont venus au FISE se déclarent satisfaits et sont prêts à revenir.”

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