Montpellier : problématiques de management à l’Unapei 34, un épiphénomène ?
En ce mois de février, une trentaine de salariés de l’Unapei 34 manifestaient devant les grilles du siège. Au-delà des revendications salariales, les griefs portaient sur les difficultés organisationnelles et sur le management au niveau du foyer Beaurevoir/Le Parc, qui accueille près de 115 résidents.
L’Unapei 34 est une association d’accompagnement des personnes en situation de handicap mental. Laurence Tiot y travaille. Elle est aide médico-psychologue au foyer Beaurevoir/ le Parc et déléguée syndicale UFAS. Elle nous confie : “Depuis mars 2022, on observe que les salariés sont en difficulté à cause de la quantité de travail et du glissement de tâches en termes de compétences. Il y a aussi des difficultés dans la façon dont s’adresse notre cadre aux personnels, notamment dans le refus des récupérations. Il y a eu des tentatives, et même des pressions très fortes auprès de moi, en tant que déléguée syndicale, en me répétant qu’il n’y avait pas besoin d’utiliser toutes ces heures de récupération”.
La responsable syndicale ajoute : “ les salariés sont régulièrement mis à mal et reçoivent des réflexions liées à leurs absences maladie. Ils ne sont quasiment pas remplacés. Les équipes se retrouvent en difficulté. Il en rejaillit un mal-être sur les résidents et une grande insécurité les concernant”.
“On s’est souvent retrouvés en sous-effectif”
Pour Pascal Savary, ancien employé du foyer Le Parc, qui a récemment quitté l’association : “depuis 2022, le management a changé. Il est devenu répressif, avec une multiplication des paroles vexatoires et des paroles humiliantes. Malgré plusieurs demandes de renfort, on s’est souvent retrouvés en sous-effectif. Les résidents en situation de handicap n’ont pas à subir ce manque d’effectif. Au fil du temps, le management est devenu plus autoritaire, peu respectueux, voire psychologiquement destructeur, comme ça a été mon cas. On est arrivé à un niveau de management très maltraitant, tant pour nous que pour les résidents”.
Enfin, Laurence Tiot précise : “De manière factuelle, ce que l’on peut observer sur le mois de janvier, c’est que l’on est presque à 62 % d’arrêts-maladies, accidents de travail et maladies professionnelles reconnues. Ce qui veut dire que sur le foyer le Parc, l’équipe fonctionne essentiellement avec des remplaçants”.
“C’est quand même des mots forts !”
Sur ce chiffre, Jean-Michel Roche, directeur général adjoint de l’Unapei 34, indique : “le taux me paraît exagéré. En général, on est plutôt à 10-15 %, c’est la moyenne du secteur. On n’a pas eu d’alerte, que ce soit par les services RH ou même par les syndicats directement. 62 %, on ne pourrait pas fonctionner, alors que c’est déjà compliqué quand on est à 15 % et qu’on doit faire appelle à des intérimaires, à des CDD…On le saurait, ça serait remonté au siège”.
Concernant le management “répressif et autoritaire” propre au foyer, l’adjoint explique : “C’est quand même des mots forts ! Donc on a un petit peu regardé ce qui a pu survenir. On a les éléments. Il y a deux situations qui ont été relevées. Une personne a reçu une sanction suite au non-respect d’un protocole de distribution de médicaments. Compte tenu des personnes qu’on accueille, cela peut avoir une incidence importante et on ne peut pas laisser passer […] Et il y a effectivement un autre acte qui a été relevé ces derniers mois, entre un chef de service, et un employé, où les échanges ont dépassé ce qu’ils devaient être”.
“C’est un épiphénomène”
Pour Jean-Michel Roche, c’est avant tout une question de temporalité : “Il y a eu ces faits managériaux assez récents en termes de calendrier, c’est venu se rajouter aux manifestations sur les rémunérations. Ce sont des faits ponctuels, mais comme ça peut arriver dans n’importe quelle entité ou entreprise, c’est la vie, le fonctionnement des établissements, des organismes, que vous soyez ici ou ailleurs, ce n’est pas une spécificité de l’Unapei 34”.
Il ajoute : “Il y a 70 cadres dans la société, c’est un épiphénomène et malheureusement ça ne devrait pas exister, et c’est pour ça qu’on cherche des solutions. Dans un premier temps, on écoute à chaud les deux personnes, salarié et manager. Dans un deuxième temps, on cherche des solutions, à savoir si ces deux personnes peuvent continuer à travailler ensemble, si on prévoit des perspectives d’évolution ou de mutation… On n’en est pas là aujourd’hui. On a identifié quelque chose qui est remonté, mais c’est traité. C’est traité en interne”.
Concernant la mobilisation du vendredi 9 février, pour la direction, il s’agit “de 20 à 30 personnes sur 850 salariés”, une situation qui “n’est pas significative de l’ensemble des structures”, car elle est “surtout centrée sur le foyer Beaurevoir / le Parc, qui est un très gros foyer, avec plusieurs unités, des problématiques complexes, des problèmes de recrutement. […] C’est une problématique nationale, le recrutement est en tension chez nous, et on n’arrive pas à recruter”.